31/12/16

Les films polyéthylènes, facteur de rentabilité de l’ananas

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Crédit image: Nitsuki

Lecture rapide

  • Recouvrir les champs d’ananas de minces couches plastiques augmente les rendements
  • La technique est utilisée au Bénin, avec un financement de la Banque Mondiale
  • Mais son utilisation pose de sérieux problèmes environnementaux

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Une technique agricole expérimentée par les producteurs d’ananas au Bénin montre les bienfaits de l’utilisation de films polyéthylènes pour accroître la rentabilité de la production.

Le polyéthylène est le polymère utilisé pour fabriquer les sacs en plastique des supermarchés, ainsi que les bouteilles de shampooing.

La technique, qui consiste à recouvrir les champs d’ananas de film polyéthylène, est déjà utilisée par les producteurs d’ananas dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Ghana. 

Elle a été introduite auprès des producteurs d’ananas du Bénin, sur financement de la Banque mondiale et vise à les aider à réduire les coûts de production et améliorer leurs rendements.

Selon Athanase Akpoé, président de la Fédération nationale des coopératives villageoises d’ananas du Bénin (FENACOPAB), “la production d’ananas à partir de film polyéthylène aide les agriculteurs à maintenir l’humidité du sol et à réduire les besoins en eau nécessaire à l’irrigation des champs pendant la saison sèche, de même que les frais pour l’entretien des plantations.”

Pour sa part, Enoch Achigan, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), au Bénin, estime que la technique “permet la réduction du nombre de sarclages, le maintien de l’humidité du sol permettant aux plants de disposer d’eau pour les fonctions métaboliques.”

Le Bénin produit plusieurs variétés d’ananas (Cayenne lisse et Pain de sucre) vendues sur les marchés locaux et sous-régionaux et exportées vers l’Europe, principalement.

La production se situe actuellement entre 40 et 54 tonnes par hectare.

“Le problème majeur que ce procédé vient résoudre est le nombre élevé de sarclages au cours du cycle de développement des plants d’ananas.”

Enoch Achigan
Université d'Abomey-Calavi

Mais dans les zones de production d’ananas, dans le sud du pays, les producteurs font face à beaucoup de difficultés pour trouver une main-d’œuvre abordable.

Selon les chercheurs, l’ananas est une culture dont le cycle varie entre 15 et 18 mois et les producteurs sarclent au moins douze fois, à raison d’un sarclage par mois en moyenne.

“Le problème majeur que ce procédé vient résoudre est le nombre élevé de sarclages au cours du cycle de développement des plants d’ananas”, estime Enoch Achigan.
 

Rendements améliorés

De plus, selon Athanase Akpoé, la production d’ananas sous couverture de film polyéthylène permet d’obtenir des rendements qui avoisinent 70 tonnes à l’hectare et même jusqu’à 80 tonnes, si l’on tient compte des rejets d’ananas de qualité, contre environ 40 tonnes sans l’utilisation de cette technologie.

“Sans l’utilisation de film polyéthylène, un investissement d’environ 1,8 million de francs CFA sur un hectare, donne un gain d’au moins 4 millions de francs CFA. Mais avec le film polyéthylène, si le producteur dépense environ 3 millions de francs CFA par hectare, il peut obtenir un chiffre d’affaires de 8 millions de francs CFA, voire 12 millions, s’il vend en plus les rejets d’ananas”, souligne Athanase Akpoé.
 

Risques de pollution

Toutefois, l’utilisation de films polyéthylènes ne va pas sans problème.

Selon Athanase Akpoé, pour un champ d’un hectare, les producteurs utilisent trois rouleaux et demi de film polyéthylène utilisable pendant trois ans, soit deux cycles de production d’ananas de 18 mois chacun.

“Un producteur qui fait 1 hectare d’ananas par an a besoin d’un peu plus de 10000 m2 de films de polyéthylène. Sur dix ans, il aurait utilisé 100000 m2 de films de polyéthylène. Et si 100 producteurs dans le même temps faisaient la même chose, on se retrouverait à plus de 10.000.000 m2 de films à gérer. Les problèmes environnementaux seront énormes. Donc l’idéal serait d’avoir des films biodégradables”,  renchérit Enoch Achigan.
 
“Cette technique, si elle respecte les normes environnementales, pourrait hautement contribuer à améliorer les rendements et revenus des producteurs”, ajoute pour sa part Nicodème Fassinou, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’UAC.
 
Le rendement peut être amélioré à cause de la disponibilité en eau dans le sol, conséquence du maintien de l’humidité par les films et de la suppression des herbes indésirables, ce qui réduit la compétition entre ces herbes et les plants d’ananas.