11/11/14

Bénin: Trois innovations primées lors du concours “Posters scientifiques”

Benin_Innovtion
Crédit image: SciDev.Net/Hugues Christian

Lecture rapide

  • Le jury de l'édition 2014 du concours de posters scientifiques a primé des travaux en agronomie et en sciences de la conservation
  • Parmi les travaux primés se trouve la modernisation de la production de la pâte gowé, prisée en Afrique de l'Ouest
  • Le troisième prix a récompensé les travaux de caractérisation des colorants utilisés dans la confection d’objets du patrimoine culturel du pays.

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L'édition 2014 du concours national de posters scientifiques a primé des travaux en agronomie et en sciences de la conservation.

Dans le secteur de l'agronomie, grâce aux fruits des travaux du chercheur béninois Laurent Adinsi, le procédé de production du gowé, pâte cuite de sorgho ou de maïs malté et fermenté, prisé des consommateurs en Afrique de l'Ouest, est désormais standardisé.

Malgré sa popularité dans la sous-région, le gowé est produit à petite échelle : les étapes de maltage, de fermentation, ainsi que la forme de présentation (humide) constituent des contraintes majeures pour une production semi-industrielle, d’où la pertinence des résultats des travaux  de Laurent  Adinsi.

"La maitrise des conditions du maltage et de la fermentation assure des produits de qualité sanitaire et sensorielle reproductibles", explique le chercheur.

Les résultats des recherches du doctorant révèlent que le lavage des grains de sorgho à l’eau salée réduit de façon significative les charges de moisissures au cours du maltage.

"La saccharification partielle de la pâte, combinée à l’utilisation des souches pures de micro-organismes réduit la durée de production et améliore la qualité sanitaire et sensorielle du gowé (goût sucré naturel). La farine obtenue après séchage se reconstitue aisément en boisson dérivée."

Les étapes du maltage (lavage au sel NaCL, durées et températures), de la fermentation (saccharification, utilisation de souches lyophilisées de lactobacillus casés et de Kluréromyces thermoteleraus) et du séchage ont été optimisés afin d’obtenir du malt puis du gowé de qualité sanitaire et sensorielle répondant aux critères de qualité recherchés par le consommateur.

Malgré cette importante avancée, il reste à évaluer l’effet du décorticage des grains sur la qualité nutritionnelle et sensorielle du gowé.

Sur la deuxième marche du podium se trouve Juste Vital Vodounnou, doctorant à la faculté des sciences et techniques de l'université d'Abomey-Calavi, au Bénin.
 
Ses travaux ont eu le mérite d’évaluer l’effet de la substitution de la farine de poisson par la farine de vers de terre dans l’alimentation des alevins de Parachannobscura élevés en captivité.
 
Sur le plan écologique, la production des vers de terre participe à une bonne gestion des déchets organiques et à la réduction de l’utilisation des engrais chimiques.
 
Selon Juste Vital Vodounnou, le lombricompostage permet d’avoir du compost de très haute qualité nutritive en agriculture.
 
Les enjeux ici sont très grands face au défi de l’alimentation de la population. Selon les études, le développement de la pisciculture est une solution fiable face aux défis de l’autosuffisance alimentaire.
 
Pendant ce temps, la farine de poisson, ingrédient indispensable dans la formulation des aliments aquacoles, de par sa cherté et son indisponibilité, entrave le développement de cette pisciculture.
 
Il est donc urgent d’explorer d’autres sources de protéines peu ou pas utilisées dans la consommation humaine.
 
Or, les vers de terre ont une composition en acides aminés comparable à celle de la plupart des protéines d’origines animales, et sont riches tout comme les poissons, en acides gras de type oméga 3.
 
Pour obtenir ces résultats, le chercheur a eu pour cadres d’expérimentation, l’Unité de Recherche sur les Zones humides de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) et le Laboratoire des Recherches Zootechnique, Vétérinaire et Halieutique de l’Institut  National de Recherches Agronomiques du Bénin (INRAB).
 
Le matériel utilisé est composé d’un dispositif de production de vers, de bassins d’élevage des poissons, d’une balance, d’une moulinette et d’un pHmètre multifonction.
 
L’expérimentation a consisté à produire les vers de terre, puis à évaluer l’efficacité des aliments à base de la farine de vers de terre à différents taux d’incorporation sur les alevins de P. obscura.
 
Mais selon le chercheur, pour une bonne rentabilité de la pisciculture béninoise et une indépendance vis-à-vis de la farine de poisson, la lombriculture et l’exploration d’autres sources de protéine pouvant remplacer la farine de poissons sont  à promouvoir.
 

L’art au cœur de la recherche

 
La dernière marche du podium est revenue à Louis Fagbohoun, de la Faculté des sciences et techniques de l’Université d’Abomey-Calavi (Fast-UAC).
 
Il s’est appesanti sur la caractérisation des colorants utilisés dans la confection d’objets du patrimoine culturel béninois. 
 
Les enjeux dans  le choix de ce thème résident dans le fait que les objets ethniques prennent de la valeur en circulant entre collectionneurs, galeristes, maisons de vente et musées occidentaux, alors qu’en Afrique depuis l’époque coloniale, ils disparaissent petit à petit.
 
Pourtant, ces objets revêtent un caractère d’originalité culturelle dans leur confection, ainsi que leur usage.
 
D’où la nécessité pour le chercheur de sauvegarder et de valoriser les objets du patrimoine béninois dans ce marché de l’art florissant.
 
L’intérêt ici, c’est que la connaissance des matériaux utilisés dans la confection d’un objet d’art favorise sa conservation et sa restauration.
 
Ce travail renforce donc la conservation in situ des objets du patrimoine béninois.
 
Les travaux de M. Fagbohoun lui ont permis d’identifier les colorants utilisés dans la confection des objets du patrimoine béninois et leur origine végétale ou minérale, dans le but d’établir la carte d’identité complète de ces objets, en vue d’une restauration éventuelle.
 
Pour y arriver, d’importants dispositifs ont été mis au point. 
 
Les  principes  colorants  des  plantes  tinctoriales  les  plus  employées dans le Sud-Bénin, à l’issue d’une enquête ethnobotanique, ont été caractérisés par chromatographie HPLC-PDA et par spectroscopie IR-TF et RMN1H, 13C.
 
Ensuite, des prélèvements ont été réalisés sur divers objets du patrimoine culturel béninois collectés avant 1900 et conservés dans le musée du Services Missions Africaines (SMA) et le musée Guimet (MG) de Lyon, puis caractérisés dans les mêmes conditions analytiques que les plantes sélectionnées.
 
Une analyse stratigraphique sous loupe binoculaire (LB), ainsi que des tests microchimiques (TM) ont été requis.
 
Il ressort des résultats présentés que les colorants employés dans le domaine traditionnel sont d’origine organique, minérale et même synthétique (bleu outre-mer et bleu cyané).
 
Ils sont souvent utilisés sous forme de formulation en mélange ou en couches. Leur application à des endroits précis de l’objet dénote un savoir-faire codé et leur rôle dépasse la seule fonction décorative.
 
L’identification des pigments synthétiques au niveau des objets montre que leur confection est postérieure à 1700.
 
Ainsi, pour une restauration en vue, ce travail permettra une consolidation qui va rendre à ces objets leur intégrité visuelle et fonctionnelle.
 
A la suite de ces travaux, il reste à dater typiquement les colorants organiques utilisés puis faire des investigations sur leurs propriétés pharmacologiques et leur toxicité.
 
Organisé par l''Institut Français du Bénin (IFB ) et la Direction Nationale de la Recherche Scientifique et Technologique (DNRST) en partenariat avec l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD ), le concours de posters vise à illustrer la diversité des recherches pour le développement menées au Bénin par des chercheurs, enseignants, doctorants et étudiants en Master 2, dans le cadre de partenariats scientifiques avec des laboratoires, des équipes de recherche, des chercheurs ou des enseignants-chercheurs d’autres pays francophones.