15/11/18

Rhumatisme : la solution des plantes, comme le gingembre

Giger
Du gingembre. Crédit image: Flickr / DianesDigitals

Lecture rapide

  • Au fil du temps, les articulations s’usent ou s’enflamment et provoquent des douleurs souvent invalidantes
  • La médecine naturelle représente une solution ou un complément à la prise en charge médicale
  • Parmi les plantes qui soulagent ces maladies, il y a le gingembre, le curcuma ou encore le saule blanc

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Le corps humain est une merveilleuse mécanique composée de 206 os, assemblés par des articulations, tenus par des tendons, mobilisés par des muscles. Mais cette horlogerie de précision s’use, se grippe, s’enflamme et provoque alors des douleurs ou une gêne fonctionnelle. Torticolis, lombalgie, lumbago, sciatique, douleurs d’arthrose sont des termes connus et redoutés par nombre d’entre nous.
 
La médecine douce, avec à sa tête l’ostéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie, mais aussi l’oligothérapie, la (micro) nutrithérapie et la phytothérapie, représente pour ces problèmes mécaniques ou inflammatoires une excellente alternative ou le complément idéal à une prise en charge médicale que les patients jugent souvent trop lourde (anti-inflammatoires, infiltrations) ou inadaptée et qu’ils redoutent et tentent d’ailleurs régulièrement d’éviter[1]

“Il a été démontré que des constituants du gingembre ont des propriétés pharmacologiques imitant les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens sur des leucocytes humains”

Amel Bouzabata

Les maladies rhumatismales sont une cause importante d'invalidité dans le monde entier. Les affections rhumatismales chroniques font peser une lourde charge sociale et économique sur toutes les sociétés, pas seulement sur celles où l’espérance de vie est élevée[2].
 
Vieillissement, chocs, mouvements répétés, stress, fatigue, sédentarité et aussi mauvaise alimentation mettent nos articulations à rude épreuve. Les rhumatismes -sous forme d'inflammation ou d'usure des cartilages- visent différentes parties du corps : dos, nuque, épaules, colonne vertébrale, genoux, hanches, pieds, mains…
 
Toutes les articulations peuvent être affectées et les douleurs obligent parfois à des traitements anti-inflammatoires et antalgiques au long cours. Ces derniers soulagent, mais entraînent des effets secondaires, comme des gastrites, des ulcères, voire des hémorragies digestives[3]. En Algérie, plus de 3 millions de personnes sont touchées par le rhumatisme inflammatoire.
 
Il y a beaucoup plus d’une centaine de maladies rhumatismales et il est impossible de les envisager toutes. Cependant, les principaux rhumatismes sont : l’arthrose, le rhumatisme articulaire aigu, la polyarthrite rhumatoïde et la goutte qui sont soit d’origine inflammatoire, soit d’origine immunitaire. Mais, des facteurs génétiques et environnementaux pourraient également jouer un rôle.
 
A titre d’exemple, le taux d’acide urique est influencé par des facteurs métaboliques et environnementaux comme l’alimentation, la prise d’alcool ou les médicaments. Autre exemple, l’arthrose qui englobe une variété hétérogène d'affections articulaires et peut provoquer des douleurs et des destructions invalidantes est fortement liée à l’âge [2].
 
L’arthrose est une affection extraordinairement fréquente, principalement liée au vieillissement. Elle associe dégradation, réparation, inflammation du cartilage articulaire, de l’os et des tissus avoisinants, ce qui entraine des douleurs, des craquements, une déformation, dont se plaignent les malades [1].
 

Maladies auto-immunes

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est la plus fréquente des diverses formes de rhumatismes inflammatoires chroniques regroupées sous l’appellation d’arthrites chroniques. Elle fait partie de ce que l’on appelle les maladies auto-immunes, maladies ou l’immunité agresse le propre corps de la personne atteinte. Elle est donc d’origine immunologique (auto-immune)[4].
 
Le processus inflammatoire de la polyarthrite rhumatoïde est contrôlé par un réseau complexe de cellules et de molécules solubles organisées en chaine, dont un des maillons est constitué des cytokines pro-inflammatoires. Ces molécules induisent la production locale de médiateurs pro-inflammatoires responsables de la différentiation des lymphocytes T infiltrant l’articulation en cellules pro-inflammatoires[5].
 
Actuellement, quelques espèces médicinales sont connues pour leurs effets anti-inflammatoires, car elles inhibent la production de médiateurs pro-inflammatoires. Nous citons cinq espèces très utilisées pour le traitement naturel des rhumatismes: la griffe du diable (Harpagophytum procumbens Burch.), le curcuma (Curcuma longa L.), le gingembre (Zingiber officinale Roscoe), la reine des près (Filipendula ulmariae (L.) Maxim.), et le saule blanc (Salix alba L.).
 
La griffe du diable, connue sous le nom de l’harpagophyton, est une plante vivace rampante de la famille des pedaliaceae, dont la racine peut atteindre 2 kg. On utilise les racines secondaires tubéreuses [3]. Cette plante a été utilisée par les sorciers de Namibie pour soulager les douleurs rhumatismales [1].
 
Elle renferme, dans ses racines, des molécules de la famille des iridoïdes. Actuellement, on reconnait ces molécules comme des molécules anti-inflammatoires, puisqu’elles inhibent la production de monoxyde d’azote (NO) et de médiateurs pro-inflammatoires.
 
Une étude plus récente a montré que cet effet anti-inflammatoire serait dû à leur métabolite produit dans un mécanisme enzymatique par la béta-glucosidase. De plus, l’harpagophyton module aussi la migration des leucocytes sur le site inflammatoire et produit un effet antalgique périphérique[6]

“En Afrique, notre réservoir naturel regorge de substances naturelles anti-inflammatoires qui sont encore inconnues à ce jour. Des recherches devraient être menées pour encourager la découverte de nouvelles thérapeutiques anti-rhumatismales”

Amel Bouzabata

Le saule blanc est utilisé empiriquement depuis l’antiquité pour soulager les douleurs rhumatismales et combattre la fièvre. Sa richesse en acide salicylique d’où a été tirée par synthèse l’aspirine à la fin du XIXe siècle, permet de comprendre son efficacité.
 
Ces deux premières plantes peuvent être préparées et conditionnées par le pharmacien, seules ou associées sous forme de gélules, de poudre, d’extraits secs, etc.
 
Le curcuma est une plante herbacée vivace et rhizomateuse de la famille des zingibéracées qui atteint 60 à 100 cm de hauteur. Le curcuma possède une tige souterraine charnue appelée « rhizome » qui donne naissance à des rhizomes secondaires. Les rhizomes secs du Curcuma longa L. contiennent 3 à 5 % de curcumine, et l’oléorésine des rhizomes en contient 40 %. La synthèse des prostaglandines responsables des phénomènes inflammatoires est inhibée par le curcuma. L’effet de la curcumine sur l’arthrose a été validé, réduisant la destruction cartilagineuse dans cette maladie[7].
 
Le gingembre est une plante vivace rhizomateuse herbacée de la famille des zingibéracées, atteignant 90 cm de hauteur. Ses rhizomes sont aromatiques, lobés épais, jaunâtres pâles. Au début des années 1980, il a été signalé pour la première fois que le gingembre avait une action anti-inflammatoire, en prouvant son action inhibitrice sur la synthèse des prostaglandines.
 
Par la suite, il a été démontré que les gingérols, ainsi que les shogaols tous constituants du gingembre, ont des propriétés pharmacologiques imitant les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens sur des leucocytes humains. Plus récemment, il a été démontré que les composés actifs du gingembre agiraient contre les cytokines qui sont des hormones synthétisées et sécrétées au niveau des sites de l’inflammation[8].
 
Le saule blanc et la reine-des-prés sont les deux plantes qui ont permis la mise en évidence de l’acide salicylique ou aspirine et ses propriétés anti-inflammatoires, antalgiques, fébrifuges ainsi que sa qualité d’antiagrégant plaquettaire. Leurs principes actifs ne sont pas identiques mais elles ont en commun les dérivés salicyliques.
 

Propriétés anti-oxydantes

Toutes deux sont riches en flavonoïdes qui ont des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires. Les anthocyanines, ces colorants naturels, ont quant à elles des propriétés anti-radicalaires, donc indirectement anti-inflammatoires. Les dérivés salicylés comme le salicylate de méthyle et l’alcool salicylique seront biotransformés en acide salicylique [6]. Ces plantes sont préparées par le pharmacien et indiquées dans le traitement de l’arthrose, seules ou associées sous forme de teinture mère, de gélules, de poudre ou encore d’extraits secs, etc. [1].
 
En Afrique du Nord, d’autres espèces sont connues pour leurs effets anti-inflammatoires. Par exemple, le Peganum harmala L. de la famille des zygophyllacées, plus connu sous le nom de harmel, est utilisé pour ses graines riches en alcaloïdes : harmane, harmine, harmaline, harmalol. Quant au Lepidium sativum L. de la famille des brassicacées, connu sous le nom de cresson alénois, il est utilisé pour ses feuilles riches en flavonoïdes[9].
 
Il y a également le Retama raetam Webb, de la famille des fabacées, appelé également retam, qui est un arbuste saharien utilisé pour ses parties aériennes. Il est riche en flavonoïdes, en alcaloïdes, et en polysaccharides[10]. Enfin, nous citons également une plante connue en Afrique du Nord sous le nom d’inule visqueuse, Dittrichia viscosa L. Elle est utilisée pour ses parties aériennes préparées en infusion[11].
 
Par ailleurs, l’aromathérapie joue également un rôle efficace pour nous soulager des douleurs de ce mal connu sous le nom «des adorateurs de fromage», des maux qui se résolvent avec un ensemble de techniques de médecine naturelle et en premier lieu en transformant l’alimentation quotidienne. Au Japon, à l’apparition des yaourts et des produits laitiers, les rhumatismes, l’arthrose, la goutte sont devenus courants, alors qu’ils n’existaient pas auparavant[12].
 
L’application par friction ou massage de l’huile essentielle de genièvre et lavande, ou avec le mélange suivant : huile essentielle gaulthérie, huile essentielle de genièvre, huile essentielle de pin sylvestre, huile essentielle de romarin, HE de térébenthine, à part égale soulage des douleurs rhumatismales. [12].
 
En Afrique, notre réservoir naturel regorge de substances naturelles anti-inflammatoires, qui sont encore inconnues à ce jour. Des recherches devraient être menées pour encourager la découverte de nouvelles thérapeutiques anti-rhumatismales, une thérapeutique qui reste complexe par sa diversité d’origine et d’étiologie. 
 
Amel Bouzabata est maître de conférences en Pharmacognosie à la Faculté de Médecine, Rue Zaafrania, BP 205, Annaba, 23000. Algérie

Références


[1] Rafal S. Mon guide des médecines douces pour une santé au quotidien. Marabout Référence, 2014.
[2] OMS. Maladies rhumatismales. Série de rapport technique 816, Genève, 1992.
[3] Bartczak S. 5 plantes contre l'arthrose et les douleurs rhumatismales, publié le 07/01/2014 (http://www.lepoint.fr/sante/5-plantes-contre-l-arthrose-et-les-douleurs-rhumatismales-07-01-2014-1777662_40.php#xtatc=INT-500).
[4] Finckh A. Facteurs de risque pour le développement d’une polyarthrite rhumatoïde, Revue Médicale Suisse N° 421, 2014, p581.
[6] Cazau- Beyret N. Prise en charge des douleurs articulaires par aromathérapie et phytothérapie. Thèse pour le diplôme de doctorat en pharmacie, Université Toulouse III Paul-Sabatier, 2013.
[7] Goetz P. phytothérapie de l’inflammation (partie I). France, 2011.
[8] Perotto C. L’utilisation des plantes et de leurs principes actifs dans le traitement de la douleur à travers le monde. Thèse pour diplôme de doctorat en pharmacie, Université de Limoges, 2013.
[9] Falana H.N., Nakhleh W.H. A Review Article Lepidium sativum (Garden cress), 2014.
[10] Hadj Moussa A. Contribution à l'étude in vitro de l'effet des extraits de feuilles de Retama raetam sur l'activité de l'α-amylase. Mémoire pour diplôme d’étude supérieur en biologie, option : biochimie, Université Abou Bekr Belkaid, Tlemcen, 2012.
[11] Fadli S.S., Zidane M.L., Douira A. Etudes floristique et ethnobotanique des plantes médicinales de la ville de Kénitra (Maroc). Lazaroa 31: 133-146, 2010.
[12] GrosJean N. Le grand livre de l’aromathérapie Eyrolles, 2013