24/01/20

Sept chefs d’Etat d’Afrique traquent les faux médicaments

Lomé Summit on Fake medicines
Les présidents Yoweri Museveni (Ouganda), Faure Gnassingbé (Togo) et Macky Sall (Sénégal), lors du sommet de Lomé. Crédit image: Emmanuel Pita

Lecture rapide

  • Sept Etats du continent s’engagent à adopter des lois pour criminaliser le trafic de faux médicaments
  • Ils vont aussi renforcer la coopération et la collaboration pour mieux traquer les acteurs de ce fléau
  • La déclaration de Lomé sera bientôt suivie d’un accord-cadre et sera ouverte à l’adhésion d’autres Etats

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[LOME] Les chefs d’Etat Faure Gnassingbé du Togo, Macky  Sall du Sénégal, Yoweri Museveni d’Ouganda et les ministres de la santé de quatre pays (Niger, Gambie, Congo-Brazzaville, Ghana), représentant leurs présidents respectifs, ont signé le samedi 18 janvier 2020 à Lomé au Togo, une déclaration pour lutter contre le trafic des produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés.
 
L’initiative prise par la Fondation Brazzaville (une organisation qui a pour objectif de répondre aux défis du continent africain), est un engagement, mais également une prise de conscience face à un phénomène de santé publique qui décime des milliers d’âmes sur le continent.
 
En signant la « déclaration de Lomé », ces dirigeants africains dénoncent un fait : la gravité de la situation née du trafic des produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Ils rappellent aussi que l'accès aux « médicaments et vaccins essentiels, sûrs, efficaces, de qualité et abordables » constitue un élément fondamental de la couverture santé universelle. 

“L’originalité de l’initiative de Lomé est double : pour la première fois, elle est portée par des États africains et elle repose sur un fondement politique fort, à savoir l’engagement que nous avons pris en signant la déclaration de Lomé”

Faure Gnassingbé, chef de l’Etat togolais

« Nous (…) avons décidé de lancer une initiative africaine pour lutter contre ce trafic et assurer à nos citoyens un accès à des médicaments de qualité », souligne la déclaration, qui sera suivie prochainement, par un accord-cadre sur la criminalisation du trafic des produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés et par une feuille de route.
 
« Les chefs d’Etat ont promis de signer l’accord-cadre et la feuille de route qui les engagent à introduire dans leurs juridictions respectives des lois et sanctions pénales pour criminaliser le trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés », explique Moustafa Mijiyaa, le ministre togolais de la Santé et de l’hygiène publique.
 
Ils s’engagent aussi « à coopérer pour assurer le respect de ces lois et leur application rigoureuse et à mettre en place les mécanismes nécessaires pour garantir la mise en œuvre de cette initiative  de Lomé », poursuit ce dernier.
 
« Nous (…) reconnaissons que l’accord-cadre devra tenir compte des initiatives déjà existantes dans les différents pays et collaborer avec l’Agence africaine des médicaments pour une mobilisation plus large afin d’améliorer l’accès à des médicaments qui ne portent pas atteinte à la santé de nos concitoyens ; nous nous engageons résolument à conjuguer nos efforts, au-delà de cet accord, par les mesures et actions nécessaires », peut-on lire dans la déclaration elle-même.
 
« L’originalité de l’initiative de Lomé est double : pour la première fois, elle est portée par des États africains et elle repose sur un fondement politique fort, à savoir l’engagement que nous avons pris en signant la déclaration de Lomé », analyse Faure Gnassingbé, le chef de l’Etat togolais.
 
Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé cités lors du sommet, 120 000 enfants sont victimes de faux médicaments chaque année et 60 % des faux médicaments circulent en Afrique.
 

Criminalité

Très lucratif, le trafic de faux médicaments représenterait 200 milliards de dollars, soit 10 à 15% du marché pharmaceutique mondial pour les trafiquants qui utilisent ensuite ces fonds dans le financement de réseaux criminels.
 
« Les faux médicaments ne soignent pas, ce sont des tueurs silencieux qui posent un sérieux problème de santé publique », rappelle le président Sénégalais Macky Sall lors de son intervention.
 
Ce dernier fait savoir que dans son pays, des mesures ont été prises ; mais, il relève que l’initiative de Lomé reste novatrice, parce qu’elle permettra de coopérer entre pays pour mettre fin à ce drame humanitaire. « Il y a urgence » renchérit le président togolais, qui salue le « caractère unique » du sommet de Lomé.
 
« Ce qui ressort de ce sommet, c’est le lien entre ce problème de santé publique et la criminalité et le terrorisme. L’aspect sécuritaire a beaucoup intéressé les chefs d’Etat, parce que sans la sécurité, nous ne pouvons pas avoir de développement. J’ai donc espoir qu’il y aura une synergie entre ces intérêts différents », analyse pour sa part Matshidiso Rebecca Natalie Moeti, directrice régionale de l’OMS pour Afrique.
 
Aussi, les chefs d’Etat ont-ils, à travers la déclaration de Lomé, demandé à la Fondation Brazzaville de continuer son accompagnement dans la mise en œuvre des structures et des outils juridiques nécessaires à la réalisation de ces différentes actions.
 
Le cercle des adhésions reste ainsi ouvert aux autres pays africains pour une intensification des efforts déployés aux niveaux national, régional et international pour lutter contre le fléau.