08/05/19

L’Afrique risque de perdre un vaccin vital contre la pneumonie

Guinea children take their measles shot
Une jeune fille se faisant vacciner. Crédit image: ALIMA/ECHO, CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont évalué l'effet d'un vaccin sur l'infection à pneumocoque
  • Ils ont constaté qu'il réduisait l'incidence de la maladie de 92%
  • Les experts appellent les pays à poursuivre le programme en 2022, à la fin du programme d’aide

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Le Kenya et les autres pays bénéficiant d'un financement pour la mise en œuvre de leurs programmes de vaccination infantile – y compris le vaccin salvateur contre la pneumonie – ont besoin de planifier leur maintien avant que l'aide ne soit réduite à partir de 2022, a déclaré un expert.
 
La plupart des pays d'Afrique subsaharienne ont intégré à leur calendrier de vaccination systématique un vaccin appelé vaccin conjugué antipneumococcique (PCV10), grâce au soutien financier de Gavi, the Vaccine Alliance, a déclaré John Ojal, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, basée au Royaume-Uni.
 
Le soutien devrait commencer à ralentir au Kenya en 2022 et prendre fin en 2027.
 
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ un million d'enfants meurent chaque année de la maladie à pneumocoque, les plus touchés étant les jeunes enfants et les personnes âgées du monde en développement.

“Les responsables des politiques de santé doivent réfléchir à la manière de dépenser judicieusement le budget national de la santé, lorsque le coût de la vaccination augmente chaque année.”

John Ojal, école d'hygiène et de médecine tropicale de Londres

Une étude dont l'expert est coauteur, publiée dans la revue The Lancet Global Health le mois dernier (15 avril) a établi que le VCP10 est très rentable au Kenya et que, par conséquent, le maintien du programme à son coût complet après 2022 pourrait permettre de sauver des milliers de vies d'enfants.
 
« Les responsables des politiques de santé doivent rester engagés dans la recherche afin de trouver des moyens de réaliser le programme PCV10 à moindre coût », a déclaré John Ojal, qui participe au programme de recherche KEMRI-Wellcome Trust à Kilifi, au Kenya.
 
« Le défi que doivent relever les gouvernements consiste à prendre des décisions avisées concernant les domaines dans lesquels il convient d'investir pour obtenir les meilleurs résultats possibles pour leurs citoyens. Ces décisions doivent reposer sur des données fiables relatives à la rentabilité, non seulement en matière de santé, mais également dans d'autres domaines de la fonction publique », explique John Ojal.
 
Les chercheurs ont utilisé une surveillance de la santé intégrée existante pour évaluer de nouveaux cas d'infection invasive à pneumocoque de 1999 à 2010, avant l'introduction du vaccin, et de 2012 à 2016, lorsque les enfants recevaient le vaccin.
 
Selon l'étude, le programme de vaccination a permis de réduire de 92% les cas d'infection à pneumocoque chez les enfants de moins de cinq ans et, par conséquent, ne pas le maintenir constituerait un revers pour la santé infantile.
 
« Les responsables des politiques de santé doivent réfléchir à la manière de dépenser judicieusement le budget national de la santé lorsque le coût de la vaccination augmente chaque année en fonction de la croissance de l’économie des pays et de la diminution de la subvention Gavi pour un certain nombre de vaccins », explique encore John Ojal.
 
Selon lui,  les projections montrent qu'entre 2022 et 2032, le programme national de vaccination coûtera au gouvernement kényan US $ 18,7 millions (près de 11 milliards de CFA), mais le gouvernement ne consacre actuellement que 6,9 millions US $ (un peu plus de 4 milliards de CFA) à tous les vaccins, le reste étant financé par les donateurs.
 
Anne-Marie Macharia, pédiatre consultante et spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Nairobi au Kenya, a déclaré que « l’introduction du vaccin conjugué contre le pneumocoque a réduit les hospitalisations et la mortalité ».
 
« Les responsables des politiques de santé doivent planifier des besoins de vaccination soutenus avant 2022 pour éviter toute inversion des acquis », a-t-elle ajouté.