28/11/11

Une équipe égyptienne traite le diabète à partir d’un fruit amer

Le melon amer pousse bien dans les déserts Crédit image: Flickr/matsuyuki

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[LE CAIRE] La coloquinte, une plante considérée de longue date comme ayant des propriétés anti-diabétiques, sera transformée en comprimés qui, les chercheurs égyptiens l’espèrent, offriront une alternative aux injections d'insuline.

Une société pharmaceutique nationale et le Centre national de recherches (CNR) ont signé le mois dernier un contrat pour la fabrication d'un médicament à base d’un extrait de ce fruit, également connu sous le nom de melon amer (Momordica charantia).

L'accord fait suite à des recherches effectuées par le département des plantes médicinales et aromatiques du CNR.

Souad El Gengaihi, professeur de plantes médicinales et aromatiques au CNR, et chercheur principal sur le nouveau traitement, a déclaré à SciDev.Net que le melon amer est traditionnellement utilisé dans la médecine asiatique. La plante pousse en Asie et dans certaines parties d'Amérique latine dans des endroits chauds et sablonneux.

"Elle est essentiellement utilisée contre les problèmes gastro-intestinaux, mais de nombreuses études menées dans plusieurs pays ont montré qu'elle peut aider les gens qui souffrent du diabète", explique-t-elle dit.

L’extrait de melon amer a une structure chimique semblable à celle de l'insuline bovine. L'innovation faite par le CNR a consisté à concevoir une nouvelle méthode pour extraire le principe actif et le transformer en pilules, affirment les chercheurs.

" Lorsque l'insuline est prise par voie orale, elle est décomposée par les enzymes dans l'estomac, ce qui explique pourquoi les diabétiques doivent la prendre par voie d’injection", a déclaré Moushira Abd Al Salam, chercheuse à la division de la recherche médicale du CNR. "Le principe actif présent dans le melon amer a un enrobage spécial qui empêche les enzymes de l'estomac de le décomposer".

Salam souligne que, dans des études non publiées, l’extrait de melon amer a régulé les taux de sucre dans le sang des volontaires diabétiques.

Khaled Abd El-Wahab, professeur des maladies internes à l'Université de Zagazig, en Egypte, a affirmé que ces comprimés feraient qu’"une étape importante" auraient été franchie. De tels comprimés seraient en effet scientifiquement testés, contrairement aux nombreuses herbes médicinales non testées vendues sur les marchés.

"Cette plante pousse bien par temps chaud et sur des terres sablonneuses. Voilà pourquoi elle pousse bien dans les déserts en Egypte et peut être cultivée dans la majeure partie du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord", ajouté El Genhaihi.

Pourtant Yasser Abdel-Wahab, expert en médicaments naturels contre le diabète à l'Université d'Ulster au Royaume-Uni, avertit: "Sur les 800 remèdes traditionnels connus contre le diabète, aucun ne peut être utilisé comme un traitement complet sous sa forme naturelle. Les médicaments délivrés sur ordonnance sont nécessaires en plus pour faire face avec succès à cette maladie".

Il affirme qu’il est peu probable que l’extrait de melon amer non modifié soit un traitement adéquat à lui seul pour le diabète déclaré, mais que les pilules pourraient constituer un précieux ajout dans l’arsenal de traitement.

Produit l'an dernier par la Collaboration Cochrane au Royaume-Uni, un examen des études publiées sur l’extrait de melon amer a passé en revue les preuves sur lesquelles s’appuient les traitements médicaux, et a conduit à la conclusion que "les preuves actuelles ne justifient pas l'utilisation de cette plante dans le traitement de cette maladie".

Lien vers l’examen de Cochrane [380KB]