24/10/14

Mise au point d’un nouveau test de dépistage rapide du virus Ebola

Test Ebola 598
Crédit image: CEA/Marcoule

Lecture rapide

  • Le nouveau test, eZYSCREEN, a été mis au point par des chercheurs du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), en France
  • Il permet d'obtenir des résultats en quinze minutes
  • Sa commercialisation est prévue pour le début de l'année prochaine

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Le nouveau procédé, eZYSCREEN, présente l'avantage de rendre son verdict en quinze minutes et ses concepteurs espèrent le commercialiser dans quelques mois, après des tests pathologiques, prévus pour la fin de l'année.
 
Les méthodes de dépistage actuellement disponibles, basées sur la détection génétique du virus, ne peuvent être qu'utilisées en laboratoire et le diagnostic peut prendre jusqu'à deux heures et demie.
 
Mais le test mis au point par les chercheurs du CEA permet d'obtenir une réponse en quinze minutes et a été conçu pour être utilisé "sur le terrain, sans matériel spécifique, à partir d'une goutte de sang, de plasma ou d'urine".
 
Laurent Bellanger, chef de laboratoire au Commissariat à l'Energie Atomique, a expliqué à SciDev.Net que "le principe du test Ebola eZYSCREEN est le même que celui d’un test de grossesse vendu dans les pharmacies. Il permet le diagnostic en déposant une goutte de sang, de sérum ou d’urine sur le dispositif qui est de la taille d’un ticket de bus. L’échantillon va migrer sur une membrane et si une seule bande colorée apparait, le test est négatif. Si deux bandes colorées apparaissent, le test est positif."
 
Le test utilise des anticorps monoclonaux pour réagir à la présence du virus Ebola dans un échantillon.
 
Il a été "validé" par le laboratoire de haute sécurité microbiologique P4 Jean Mérieux, basé à Lyon, sur la base de la souche ouest-africaine du virus Ebola.
 
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a averti que 10.000 nouveaux cas d'Ebola pourraient être enregistrés par semaine d'ici à fin décembre, si l'épidémie n'est pas maîtrisée, ce qui rend vital un diagnostic rapide et facile.
 

Course aux tests

Plusieurs tests de dépistage du virus Ebola sont en cours de confection dans divers laboratoires du monde.
 
Mais la plupart n'offrent pas les garanties de rapidité et de simplicité d'eZYSCREEN.
 
"Par rapport aux test pratiqués en laboratoire qui prennent plusieurs heures, notre test a l’avantage de la rapidité et de la simplicité de mise en œuvre", explique encore Laurent Bellanger.
 
"Il ne nécessite aucun appareillage et la lecture est visuelle. Le résultat est obtenu en 15 minutes. Il est moins sensible qu’un test de référence et doit être pratiqué que sur des personnes qui présentent les premiers symptômes de la maladie", précise le chercheur.
 
Mais même si eZYSCREEN a été validé sur le plan analytique avec des échantillons sanguins normaux surchargés avec du virus Ebola, il lui reste encore à passer l’étape de la validation clinique.
 
Celle-ci devrait être réalisée sur une centaine d’échantillons pathologiques d'ici à la fin de l'année.
 
Actuellement, une méthode appelée réaction en chaîne par polymérase, ou PCR, est largement utilisée pour détecter le virus Ebola.
 
Elle requiert des laborantins de chauffer et de refroidir des échantillons à plusieurs reprises et peut durer plus de deux heures.
 
Le mois dernier, des chercheurs japonais de l'université de Nagasaki avaient annoncé la mise au point d'un test de dépistage rapide susceptible de rendre des résultats en une demi-heure.
 
En utilisant des techniques existantes, de l'acide ribonucléique (ARN) est extrait à partir de tous les virus présents dans un échantillon de sang.
 
Ces informations de codage permettent de créer une séquence ADN, mélangée à une amorce – terme désignant en biologie moléculaire une courte séance d'ARN ou d'ADN -, à une température variant entre 60 et 65° C.
 
Si le virus d'Ebola est présent dans l'échantillon, l'ADN spécifique au virus est amplifié en 30 minutes, sous l'effet de l'amorce et le liquide contenu dans l'éprouvette devient alors trouble, fournissant ainsi une confirmation visuelle de l'infection.
 
De son côté, la firme américaine Corgenix a annoncé qu'elle travaillait sur un test de dépistage de 10 minutes, développé à partir d'une subvention de près de 3 millions de dollars du gouvernement fédéral.
 
Mais les chercheurs de Corgenix disent ne pas s'attendre à obtenir le feu vert des autorités pour une utilisation à grande échelle de ce test, avant le premier semestre de l'année prochaine.
 
En ce qui concerne le test mis au point par le Commissariat à l'Energie Atomique, il pourrait entrer en phase de production industrielle dès sa validation clinique et être disponible au début de l’année prochaine.
 
Laurent Bellanger précise que le prix du test sera fonction de la quantité produite.
 
Il devrait toutefois être inférieur à 7000 Francs CFA.