01/09/15

Madagascar sous la menace de la peste pulmonaire

Hospital in Madagascar
Crédit image: Rivonala Razafison

Lecture rapide

  • Depuis dimanche, la peste pulmonaire a tué 8 personnes dans le pays
  • Des rassemblements traditionnels sont susceptibles d’avoir favorisé la contamination
  • Des experts sont dépêchés sur le terrain pour déterminer les facteurs de risque

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[ANTANANARIVO] Une équipe d’experts du ministère malgache de la Santé publique et de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) est dépêchée d’urgence dans le district de Moramanga.

Depuis dimanche, la peste pulmonaire a tué huit personnes dans cette partie orientale des Hautes Terres malgaches.

"Quatre des victimes ont perdu la vie à Tsiazompody, village situé à environ 125 km de la capitale ; et les quatre autres sont décédés ici", a dit à SciDev.Net Rosa Liva Randriantahina, médecin-chef du centre hospitalier de district de Moramanga.

Selon la même source, quatre autres individus sont sous traitement en ce moment.

"Ils sont tous hors de danger pour avoir reçu à temps les soins nécessaires, contrairement à leurs proches", rassure Damoela Randriantsimaniry, secrétaire général du ministère de la santé publique.

Toutes les victimes appartiennent justement à une même famille d’une localité assez reculée.

"C’est prouvé que c’est de la peste pulmonaire qui, en l’absence d’un traitement opportun, est susceptible de tuer rapidement toute personne affectée ", renchérit Damoela Randriantsimaniry, chargé par le gouvernement de s’enquérir de la situation.

"Il est primordial, ajoute-t-il, de maîtriser la situation afin de prévenir de nouvelles contaminations".

“La contamination de la peste pulmonaire se fait d’homme à homme et une personne saine en contact avec une autre affectée peut facilement la contracter.”

Damoela Randriantsimaniry, secrétaire général du ministère de la santé publique, Madagascar

Les responsables ont affirmé que les mesures destinées à rompre la chaine de contamination sur le terrain ont déjà été prises.

Maherisoa Ratsitorahina, directeur de la Veille sanitaire et surveillance épidémiologique, dit que l’actuelle recrudescence de la peste est arrivée plus tôt que d’habitude.

La mission des experts envoyés sur le terrain est de déterminer tous les facteurs de risque, de s’occuper de la prise en charge et d’entreprendre une recherche active d’éventuels cas signalés.

Même si les capacités locales pour faire face à la maladie sont déclarées suffisantes, sa soudaine recrudescence a pris les communautés locales au dépourvu.

Une panique générale s’est emparée des habitants qui se sont efforcés à trouver des comprimés de Cotrim, produit fortement conseillé en cas d’épidémie de peste.

Par ailleurs, des mesures administratives temporaires sont édictées au niveau local pour renforcer la protection de la population.

"Nous avons suspendu et annulé les autorisations destinées aux familles qui ont programmé des rassemblements festifs comme le famadihana", annonce un responsable local.

Le famadihana (retournement des morts, en français) est l’une des traditions ancestrales les plus populaires se célébrant annuellement sur les Hautes Terres malgaches notamment.

Il consiste à déterrer les morts pour les envelopper dans de nouveaux linceuls avant de les replacer dans leurs demeures éternelles.

Un tel événement, qui se déroule généralement en août et septembre, rassemble constamment une foule immense, et constitue de fait un facteur de contamination pour les maladies contagieuses comme la peste.

"La contamination de la peste pulmonaire se fait d’homme à homme et une personne saine en contact avec une autre affectée peut facilement la contracter", avertit Damoela Randriantsimaniry.

La peste fait partie des maladies tropicales négligées, objet d’un programme de lutte quadriennal (2014-2018) mené en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Madagascar.

Le pays a enregistré en 2014, au moins, 210 cas suspects non confirmés de peste avec plus de 59 décès confirmés.

Dans une interview à SciDev.Net, le chef du service de lutte contre la peste, Mamy Gabriel, souligne que l’application des mesures prophylactiques – éducation de la population et extermination des rats pour briser la triade homme-rat-puce – et curatives dans les 44 districts foyers de la maladie est renforcée.

Mais le problème réside dans l’attitude des gens qui viennent se faire soigner tardivement. "Il s’agit pourtant d’une maladie facile à traiter", tient à rappeler le médecin.