12/09/17

Les parasites dormants, une menace pour le traitement de la leishmaniose

Man suffering from Kala Azar
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Environ 50 000 à 90 000 nouveaux cas de kala-azar sont enregistrés chaque année
  • Les parasites de la leishmaniose hibernent chez leur hôte pendant environ sept jours
  • Selon les experts, ce phénomène pourrait menacer l'efficacité des traitements

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[NAIROBI] Selon une étude, les parasites à l'origine de la leishmaniose – une maladie tropicale négligée transmise par les mouches des sables – pourraient connaître une phase dormante susceptible de les rendre "invisibles" aux médicaments et au système immunitaire de l'hôte.
 
Selon l'OMS, environ 50.000 à 90.000 nouveaux cas de la forme la plus grave de la maladie, appelée leishmaniose viscérale (ou kala-azar ou fièvre noire), sont enregistrés chaque année.
 
Parmi les nouveaux cas de kala-azar enregistrés en 2015, 90% provenaient de sept pays : le Brésil, l'Éthiopie, l'Inde, le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan.

“Il est nécessaire de reconnaître l'existence de la maladie et de l'intégrer dans les plans stratégiques des ministères de la santé.”

Bashir Mwambi, Université internationale des sciences de la santé – Kampala

 
L'étude, publiée dans le magazine PLOS One du 25 juillet par des chercheurs belges, péruviens et américains, montre que les parasites causant la leishmaniose sont capables de survivre dans un état dormant jusqu'à sept jours, voire plus.
 
Jean-Claude Dujardin, biologiste, responsable du département des sciences biomédicales de l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, en Belgique et co-auteur de l'étude, a déclaré que les chercheurs ont comparé le parasite Leishmania braziliensis sous la forme proliférante appelée amastigote, rencontrée dans la mouche des sables avec une autre variante rencontrée chez un hôte mammifère : la souris.
 
Ils ont ensuite caractérisé certains processus biologiques clés et ont découvert que l'ensemble de la technologie de synthèse des protéines était fermé et que le parasite vivait dans un mode économique de consommation d'énergie.
 
Peu de médicaments sont disponibles pour traiter cette maladie mortelle et mutilante et plusieurs d'entre eux ont perdu ou perdent leur efficacité, affirme Jean-Claude Dujardin, ajoutant que les personnes touchées sont souvent des pauvres. "Cela explique que le développement de nouveaux médicaments soit considéré comme une activité non rentable pour les entreprises pharmaceutiques", explique-t-il.
 
Marlene Jara, co-auteur et doctorante à l'université Cayetano Heredia de Lima, au Pérou et à l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, explique pour sa part à SciDev.Net que le parasite reste dormant pour assurer sa survie pendant de longues périodes. "Cela peut être dû à la résistance aux médicaments, ce qui signifie que le parasite a acquis une mutation qui lui permet, par exemple, d'absorber le médicament, mais nous observons de nombreux cas où le traitement ne fonctionne pas en l'absence de résistance aux médicaments", explique-t-elle.
 
"Mais les conditions environnementales et le mécanisme moléculaire qui déclenchent ce processus ne sont pas encore complètement connus".
 
Selon Bashir Mwambi, microbiologiste et professeur à l'Université internationale des sciences de la santé, en Ouganda, le parasite restant inactif, pose une menace à son traitement. Et d'ajouter que l'étude suggère que même les zones initialement reconnues exemptes de leishmaniose ne le sont probablement pas entièrement et que cette transmission continue est possible.
 
Bashir Mwambi appelle à mettre l'accent sur les méthodes préventives, y compris l'éducation de masse, le besoin de dépistage du sang avant toute transfusion et l'augmentation du financement de la recherche, en particulier dans les tests de sensibilité aux médicaments.
 
Il existe également un besoin de développer des médicaments qui ciblent les espèces en hibernation.
 
Les résultats de l'étude, selon Bashir Mwambi, pourraient bénéficier aux zones à risque, en particulier en Afrique de l'Est, en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
 
"Il est nécessaire de reconnaître l'existence de la maladie et de l'intégrer dans les plans stratégiques des ministères de la santé", ajoute-t-il.
  
Cet article a été rédigé par le desk Afrique anglophone de SciDev.Net.