30/04/15

Inquiétudes sur la vulnérabilité des singes face à l’Ebola

Ebola ape population vaccines
Crédit image: Frederic Courbet / Panos

Lecture rapide

  • Les précédentes épidémies d'Ebola ont tué des milliers de gorilles et de chimpanzés
  • Les grands singes sont essentiels pour la santé des forêts locales et le tourisme
  • Des recherches sur l’Ebola chez les grands singes aideraient à protéger les hommes.

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

La recherche sur des vaccins potentiels contre Ebola devrait viser la protection des grands singes ainsi que des humains, selon certains experts, afin d’empêcher la maladie de décimer les populations de gorilles et de chimpanzés.

Des essais de vaccins potentiels contre l’Ebola sont en cours, alors même que le nombre de nouveaux cas dans le foyer qui a vu le jour en Afrique de l'Ouest tend à la baisse.

Des épidémies non-corrélées pourraient néanmoins survenir à tout moment chez des populations de grands singes d'Afrique centrale, selon un rapport de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

L'étude estime que l’Ebola a décimé des milliers de gorilles et de chimpanzés depuis le début des années 2000, avec une baisse de 90 pour cent de la population de grands singes dans certaines forêts tropicales.

La dernière épidémie d'Ebola en Afrique centrale qui a affecté les grands singes a eu lieu en 2005 ; depuis lors, aucun nouveau cas d'Ebola chez les grands singes n’a été recensé.

Doug Cress, qui coordonne le programme du Partenariat pour la survie des grands singes de l'ONU, estime pourtant que la situation est "en attente".

Si aucun vaccin n’est imminent, la prochaine épidémie pourrait anéantir certaines populations de grands singes déjà décimées par le braconnage, la maladie et la destruction de leur habitat, s’inquiète-t-il.

Great-Apes Ebola graphic.jpg 

"[L’Afrique centrale] est la région qui abrite les plus grandes populations de gorilles et de chimpanzés, mais également celle où la croissance démographique est la plus rapide", explique-t-il.

"Traditionnellement, c’est là que certaines des maladies les plus meurtrières ont éclaté, et il y règne une instabilité politique et civique. C’est là une ‘parfaite tempête’ qui doit être maîtrisée".

Rédigé l'année dernière mais seulement annoncé ce mois d’avril, le rapport de l’UICN propose des stratégies de conservation jusqu’en 2025.

Selon les conclusions des auteurs, l’élan suscité par l'épidémie en Afrique de l'Ouest pour développer un vaccin humain contre l’Ebola représente l'occasion de développer un vaccin pour le chimpanzé d'Afrique centrale et le gorille de plaine occidentale, espèces sérieusement menacées.

Ils reconnaissent néanmoins qu’il pourrait s’avérer techniquement difficile, même en disposant d’un vaccin efficace, de vacciner ces animaux sauvages en liberté.

Certaines institutions dont l'Université de Plymouth, au Royaume-Uni, poursuivent des recherches sur les vaccins pour prévenir la prochaine épidémie d'Ebola chez les primates ; mais les programmes généralisés de vaccination en sont encore au stade de la recherche.

La survie des animaux est considérée comme étant vitale pour la santé de la forêt locale et le développement économique.

"Les grands singes sont essentiels pour les forêts de la région. Ils sont responsables de la dispersion des graines et créent des trouées de lumière dans les forêts", souligne Doug Cress.

"Ils sont également bénéfiques sur le plan économique pour l’industrie touristique au Rwanda et en Ouganda", ajoute-t-il.

Le rapport appelle au financement durable d’une recherche sur la propagation et la prévalence d’Ebola chez les grands singes.

Cela pourrait permettre de prédire les épidémies humaines, selon les conclusions de David Pigott, un épidémiologiste de l'Université d'Oxford au Royaume-Uni, qui a étudié les conditions qui ont conduit à des cas d'Ebola chez les humains avant l’actuelle épidémie.

David Pigott a constaté que dans les zones où la végétation et les forêts denses prévalaient le plus, les épidémies d'Ebola deviennent plus probables.

Il est encore difficile de savoir si les peuplements deviennent vulnérables à l’Ebola en raison de l'empiètement humain sur la forêt et de la déforestation qui en résulte, ou si la maladie est transmise par le fait de chasser des singes porteurs du virus, tempère-t-il.

Pourtant, un vaccin pour les singes pourrait réduire le risque de propagation de l’Ebola des populations de grands singes à l'homme, selon les conclusions du rapport.