23/07/17

Diabète : Le coût des soins pourrait tripler d’ici à 2030 en Afrique

glucometer used to measure blood sugar
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Le diabète n'a pas reçu autant d'attention en Afrique que les maladies infectieuses
  • Les soins coûteraient US$59,3 milliards d'ici à 2030 en cas de doublement des taux
  • Selon un expert, des fonds supplémentaires sont nécessaires

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[LE CAP] Selon la Commission du diabète et de l'endocrinologie du Lancet, les coûts et complications liés au diabète pourraient affecter les systèmes de santé en Afrique subsaharienne et faire exploser les dépenses à hauteur de 59,3 milliards de dollars américains d'ici à 2030, si les taux sont doublés.

Lancée à Londres ce mois (5 juillet), la commission comprend plus de 70 experts internationaux et révèle des messages clés pour promouvoir une réponse coordonnée au diabète et atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) sur les maladies non transmissibles (MNT).

“Les maladies non transmissibles et les maladies cardiovasculaires n'ont pas été une priorité parce que les objectifs des programmes de développement ont été axés sur les maladies infectieuses et la santé des enfants.”

Margot McCumisky
King's College London

"Les maladies non transmissibles et les maladies cardiovasculaires n'ont pas été une priorité parce que les programmes de développement se sont concentrés sur les maladies infectieuses et la santé des enfants. Cependant, en arrière-plan, les maladies non transmissibles se sont révélées être des facteurs importants de morbidité et de mortalité", explique Justine Davies, co-auteur de l'étude et professeur de santé mondiale au King's College de Londres, au Royaume-Uni.

"Ce que nous recherchons, c'est l'état actuel des connaissances dans la région et ce que nous devons faire pour atteindre les nouveaux ODD", ajoute-t-elle.
Utilisant le diabète comme référence pour les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et les données de l'OMS, de l'ONU et des enquêtes, la commission vise à établir l'ampleur du fardeau actuel du diabète et les défis auxquels il expose les systèmes de soins de santé, ainsi que le coût économique de ces soins.

Les résultats révèlent des lacunes dans les soins à presque toutes les étapes du continuum des soins du diabète, ce qui fait que 50% des patients atteints de diabète ne sont pas diagnostiqués.

Les résultats révèlent également un manque critique de matériel de diagnostic et de traitement, le manque de connaissances sur la maladie chez les professionnels de la santé, l'accès limité aux établissements de santé, ainsi qu’un diagnostic et un traitement retardés, entraînant des complications et nécessitant des soins plus coûteux.

Selon la commission, le coût économique actuel du diabète en Afrique subsaharienne est de US19,5 milliards de dollars, soit 1% du produit intérieur brut (PIB) de la région. Toutefois, elle estime que ce coût pourrait s'élever à US35,3 milliards de dollars (1% du PIB) en 2030 si les taux restent les mêmes ; 47,3 milliards de dollars (1% du PIB) si les taux suivent les augmentations projetées, ou 59,3 milliards de dollars américains (2% du PIB) si les taux doublent.

L'augmentation rapide du PIB dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne rend les gens plus riches et plus sensibles au diabète, en raison de changements dans le régime alimentaire, de l'augmentation du comportement sédentaire et de l'obésité. En Afrique du Sud, l'un des pays les plus riches de la région, le diabète est la cinquième cause de décès, selon les chiffres de l'OMS datant de 2012.

Margot McCumisky, directrice nationale de Diabetes South Africa, membre de la Fédération Internationale du Diabète, affirme qu'en plus d'un manque de ressources et de connaissances, une perception négative des personnes diabétiques contribue à des soins inadéquats.

"Il existe une sorte de perception de la "honte et du blâme" chez les décideurs politiques, les chercheurs et les bailleurs de fonds, qui tend à faire penser que c'est la faute des malades s'ils souffrent du diabète et qui contribue à une disparité d'attention et de ressources", a déclaré Margot McCumisky. "J'espère que des données comme celles de la commission vont réveiller ces acteurs et aider à consacrer des fonds à la lutte contre le diabète et à soutenir la prévention et l'intervention précoce".

Cet article a été rédigé par le desk Afrique anglophone de SciDev.Net

Références

Rifat Atun et autres : Diabetes in Sub-Saharan Africa: from clinical care to health policy (The Lancet Diabetes & Endocrinology, 5 Juillet 2017)