09/07/12

De meilleurs vaccins pour les infections secondaires liées au VIH

[NAIROBI] D'après des chercheurs, les stratégies de mise au point de nouveaux vaccins contre le VIH et de blocage du développement de la pharmacorésistance du VIH/SIDA pourraient être entravées par Crédit image: Flickr/AMREF France

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[NAIROBI] D'après des chercheurs, les stratégies de mise au point de nouveaux vaccins contre le VIH et de blocage du développement de la pharmacorésistance du VIH/SIDA pourraient être entravées par des taux élevés d'infections secondaires lors de la réinfection d'un individu par une deuxième souche de VIH.

Une étude publiée dans le Journal des maladies infectieuses le mois dernier (5 juin) montre que le taux des infections secondaires liées au VIH/SIDA chez les personnes vivant avec la maladie en Ouganda pourrait être aussi élevé que celui des infections primaires au VIH au sein de la population en général.

Le constat que l'infection secondaire – également appelée 'surinfection' – est répandue "semble indiquer que la réponse immunitaire induite par la primo-infection [ne] confère qu'une protection limitée et soulève des préoccupations à l'idée que les stratégies de vaccins conçus pour reproduire la réponse immunitaire naturelle anti-VIH pourraient avoir une efficacité limitée" affirme l'étude.

Les vaccins destinés à bloquer de nouvelles infections au VIH doivent, par conséquent, créer une réponse du système immunitaire qui soit plus énergique ou différente de la réponse immunitaire naturelle, selon Andrew Redd, chercheur principal au National Institutes of Health, aux Etats-Unis.

L'étude a été réalisée en collaboration entre des chercheurs travaillant en Ouganda et aux Etats-Unis. L'équipe a d'abord fait subir des tests liés à une infection secondaire à 149 personnes hétérosexuelles et séropositives, au moment de leur premier diagnostic du VIH dans un premier temps, et de nouveau un an plus tard, peu de temps avant qu'elles ne débutent un traitement antirétroviral. Cette étude a pu mesurer que sept personnes avaient été réinfectées par une deuxième souche de VIH.

Redd a explique que le fait de donner des conseils aux personnes nouvellement diagnostiquées séropositives a contribuer à réduire leur comportement à haut risque, mais qu'elles ont continué à avoir un comportement plus à risque que les personnes séronégatives.

Les recherches à venir pourraient aussi travailler sur les raisons pour lesquelles certaines personnes qui sont exposées à un risque élevé d'infection secondaire liée au VIH ne deviennent pas surinfectées, a déclaré Redd.

"Il pourrait être possible de trouver une réponse immunitaire naturelle au VIH qui pourrait ensuite être recréée chez des personnes non infectées par le biais d'une stratégie de vaccin", a-t-il ajouté.

Peter Cherutich, chef de la prévention du VIH au Programme national de lutte contre le SIDA et les IST [infections sexuellement transmissibles], au Kenya, a déclaré que les taux élevés d'infections secondaires pouvaient être dus à une utilisation irrégulière du préservatif, à une faible couverture du traitement et à une relative ignorance de l'état sérologique du VIH, aggravés par une assurance excessive vis-à-vis du VIH et la multiplication des partenaires sexuels. "Le VIH/SIDA est maintenant considéré comme une maladie chronique, au meme titre que beaucoup d'autres", a-t-il laissé entendre.

Francis Nyamiobo, médecin–chercheur auprès du Projet de lutte contre le sida au Kenya, à l'Université de Nairobi, a déclaré: "Les infections multiples seront les facteurs les plus susceptibles de compliquer la recherche d'un vaccin contre le VIH. Cela s'explique par  le fait qu'un vaccin cible une souche spécifique, or lorsqu'un patient est infecté par plus d'une souche, le vaccin ne peut pas être efficace".

Références

Journal of Infectious Diseases doi: 10.1093/infdis/jis325 (2012)