04/07/18

Une application mobile pour suivre les épidémies

looking at pictures on his smartphone
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont développé une application mobile pour aider à signaler les épidémies
  • Les agents formés l'utilisent pour enregistrer les symptômes en vue d'une analyse ultérieure par des experts
  • Le manque de fonds pour la formation des agents de santé pourrait entraver son utilisation

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[DAR-ES-SALAAM] Des chercheurs tanzaniens ont mis au point une application numérique qui permet aux communautés d'utiliser les smartphones pour détecter et signaler l'apparition de  maladies telles que le virus Ebola et le choléra.

L'application numérique, appelée AfyaData, disponible en téléchargement sur Google Play Store, a été développée par des chercheurs de l'Université d'agriculture de Sokoine (SUA), en collaboration avec des experts en technologies de l'information et de la communication du Centre sud-africain de surveillance des maladies infectieuses (SACIDS – Southern  African Centre for Infectious Disease Surveillance).

Selon les experts, la Tanzanie présente un risque élevé de maladies infectieuses majeures telles que la fièvre de la vallée du Rift et la maladie à virus de Marburg, notamment en raison de la présence d'un grand nombre de Tanzaniens dans le secteur agricole, d'où un contact régulier avec le bétail et la volaille.

“L'application permet de cartographier toutes les menaces de santé signalées sur place et peut établir l'ampleur du problème.”

Eric Beda, SACIDS

AfyaData, qui a été lancée dans la région de Morogoro et dont l'appellation signifie "données sur la santé" en swahili, devrait améliorer la manière dont les épidémies sont signalées en Tanzanie et dans le reste de l'Afrique subsaharienne.

Selon Eric Beda, spécialiste régional des TIC au SACIDS, 470 agents de signalisation et de surveillance utilisent l'application dans cinq districts du pays.

L'application, financée par une organisation basée aux États-Unis, Ending Pandemics, permet aux personnes formées en tant que rapporteurs en santé communautaire de collecter des informations sur les signes et symptômes de maladies suspectes, de les saisir via l'application et de les envoyer à un serveur, synthétisé et analysé par des experts.

Les experts qui reçoivent les détails peuvent ensuite établir un diagnostic et fournir un retour d'information ou informer les autorités compétentes, afin de contenir une épidémie potentielle en temps réel.

"L'application permet de cartographier toutes les menaces de santé signalées sur place et peut établir l'ampleur du problème", indique Eric Beda.
 
L'idée de développer l'application est issue d'un événement collaboratif qui a eu lieu en 2014 en Tanzanie impliquant 66 experts de la santé de l'Amérique du Nord et du Sud, d'Afrique et d'Asie.

L'événement visait à identifier les défis liés à la détection précoce et au signalement rapide des épidémies virales. Un an plus tard, un projet de développement de l'application a été lancé.

Esron Karimuribo, professeur agrégé à la SUA, dont les travaux de recherche ont facilité le développement de l'application, affirme que le nouvel outil numérique complète les stratégies mises en place pour améliorer l'efficacité de la surveillance des maladies infectieuses aux niveaux national, régional et mondial.

Il explique que la République Démocratique du Congo où une épidémie d'Ebola sévit depuis deux mois, cherche à engager les chercheurs sur la façon dont l'application pourrait être utilisée pour suivre les patients.

Wilson Lugano, chercheur à l'Université Muhimbili des sciences de la santé et sciences connexes, en Tanzanie, a déclaré à SciDev.Net qu'il était opportun d'utiliser l'application pour la surveillance de la maladie, mais qu'il y avait des implications financières.

"L'application peut nécessiter la mobilisation de fonds pour former plus d'experts et rendre les programmes de surveillance durables", estime-t-il.

Mais Yunus Mgaya, le directeur général de l'Institut national de recherche médicale, en Tanzanie, affirme que l'utilisation de l'application pour détecter et signaler les maladies est moins chère que les systèmes de surveillance traditionnels.

"La surveillance traditionnelle des maladies n'est pas efficace et tend à être coûteuse", explique Yunus Mgaya à SciDev.Net.

Références