25/04/18

Chirurgie : L’Afrique découvre le nec plus ulltra

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Une séance d'hystérectomie vaginale au Chracerh à Yaoundé Crédit image: SciDev.Net / Sandrine Gaingne

Lecture rapide

  • Il est désormais possible de faire l’ablation de l’utérus sans ouvrir le ventre de la femme
  • La chirurgie endoscopique connaît des perfectionnements que l’Afrique doit adopter
  • Il faut intensifier les recherches pour définir la meilleure prise en charge en contexte africain

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[YAOUNDE] Ce 23 avril au Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh) de Yaoundé (Cameroun) où se tient le congrès mondial sur la chirurgie endoscopique en gynécologie, les médecins ont fait une démonstration de l’hystérectomie vaginale, une des dernières avancées en matière de chirurgie en gynécologie.
 
Il s’agit de faire une ablation de l’utérus de la femme, en l’extrayant par le vagin, sans avoir à ouvrir son ventre comme c’est le cas avec la chirurgie classique.
 
Souffrant de pathologies gynécologiques, les patientes traitées ont été prises en charge par des chirurgiens venus du Gabon, du Nigéria, d’Afrique du Sud, de Belgique, d’Italie, …

“Nous voulons changer la manière de la prise en charge des pathologies gynécologiques afin que nos malades n’aillent plus à l’étranger, mais, trouvent sur place dans les pays, la technologie dont ils ont besoin pour se soigner efficacement”

Jean-Marie Kasia, directeur général du Chracerh à Yaoundé (Cameroun)

D’après les médecins, cette approche nouvelle en Afrique est réalisée grâce à un plateau technique constitué d’un appareillage moderne. Et avec du matériel chirurgical de pointe, les médecins ont progressivement extrait l’utérus de l’organisme par voie vaginale.
 
D’autres médecins, des étudiants et autres ont pu assister à ces interventions en direct sur des écrans placés dans la salle de conférence du Chracerh.
 
"Aujourd’hui, on a des techniques chirurgicales qui sont plus modernes et plus soignées et les procédures anesthésiques permettent une prompte récupération et ont peu d’effets secondaires sur le patient. Et donc, les patients se remettent vite et ont la possibilité de reprendre rapidement leurs activités", commente Clément-Norbert Oussou, gynécologue-obstétricien à la Polyclinique internationale Sainte Anne-Marie d’Abidjan en Côte d’Ivoire.
 
Pour Jean-Marie Kasia, l'administrateur-directeur général du Chracerh, "nous voulons changer la manière de la prise en charge des pathologies gynécologiques afin que nos malades n’aillent plus à l’étranger, mais, trouvent sur place dans les pays, la technologie dont ils ont besoin pour se soigner efficacement".
 
"Et il faut, à travers ce type de congrès ainsi que les recherches effectuées dans le domaine, définir à termes, la meilleure prise en charge des pathologies gynécologiques dans le contexte africain, qui peut être très différent de ce qui se passe ailleurs", poursuit l’intéressé.
 

Instruments miniaturisés

En dehors de l’hystérectomie vaginale, la chirurgie endoscopique connaît d'autres avancées dans la prise en charge des pathologies gynécologiques.
 
"Grâce à cette chirurgie, l’on assiste de moins en moins à la chirurgie classique qui consiste à ouvrir le ventre du patient. La chirurgie endoscopique se fait à travers de petits orifices de cinq millimètres. Par ces orifices, on va introduire des instruments miniaturisés et au niveau du nombril, on va faire un autre orifice qui va permettre de passer l’optique", explique Pierre Dzuaffo, médecin en service au ministère de la Santé publique du Cameroun.
 
Le gynécologue belge Bruno Van Herendael renchérit en disant que c’est une chirurgie qui a besoin de moins d’anesthésie et de moins d’antibiotique, et qui se perfectionne chaque jour.
 
Ainsi, dit-il, "on est continuellement en train de rechercher des instruments plus petits mais qui ont les mêmes performances que ce qui est actuellement utilisé. On est passé des orifices de neuf millimètres à ceux de cinq millimètres, puis à ceux de trois millimètres".
 

Pas de cicatrice

S’il apprécie ces progrès, Jean-Marie Kasia a un regret : "l’Afrique ne fait pas assez de recherche et nous devons en faire plus pour que les résultats puissent aider les politiques à prendre de meilleures décisions".
 
D’autant plus qu’à en croire ces spécialistes, la chirurgie endoscopique fait économiser jusqu’à 50% des frais de chirurgie.
 
"C’est rapide et ça donne des résultats plus satisfaisants parce qu’on ne traumatise pas beaucoup l’abdomen du patient. Et ça ne laisse pas de cicatrices", soutient Clément-Norbert Oussou
 
Parmi les autres démonstrations effectuées à Yaoundé, il y a la cure de synéchie utérine par hystéroscopie. Au cours d’une telle intervention, les spécialistes utilisent un appareil ayant une caméra incorporée pour défaire les adhérences présentes dans la cavité utérine.