18/02/20

Protéger le personnel sanitaire qui lutte contre les épidémies

Preparing to enter Ebola treatment unit
Préparatifs pour un traitement contre Ebola Crédit image: Athalia Christie, CDC Global/ CC BY 2.0

Lecture rapide

  • Le nouveau coronavirus (COVID-19) menace la vies des travailleurs de la santé
  • D’autres épidémies, comme Ebola, ont tué des travailleurs de la santé dans l'exercice de leurs fonctions
  • Les gouvernements et autres doivent investir dans la protection de la vie des travailleurs de la santé

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Ifeanyi M. Nsofor appelle à protéger les travailleurs de la santé pour qu’ils ne meurent pas pendant leur service.
 
L’épidémie persistante de coronavirus (COVID-19) rappelle que les travailleurs de la santé sont en ligne de mire lorsqu'ils répondent aux épidémies de maladies infectieuses et nous devons nous assurer qu'ils sont protégés.
 
Li Wenliang a tiré la sonnette d'alarme au sujet d'une infection virale semblable au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) alors qu'il travaillait à l'hôpital central de Wuhan en tant que médecin, mais les autorités ne l'ont pas cru.
 
Bien au contraire, il a été harcelé par la police qui lui demandait d’arrêter de « faire de faux commentaires » ; et maintenant il est mort du même virus qui le préoccupait (le nouveau coronavirus).
 
Au 17 février, le virus sur lequel Li Wenliang voulait si désespérément que les autorités fassent des recherches avait déjà affecté 58 182 personnes et tué 1 696 personnes, d’après l'Organisation mondiale de la santé.
 

Les travailleurs de la santé menacés

Li Wenliang n'est pas le seul travailleur de la santé qui a trouvé la mort en prenant en charge d'autres personnes infectées par des virus et d'autres germes dangereux. Déjà cette année, Usman Kalthum, un jeune médecin stagiaire, et Habiba Musa, un anesthésiste consultant, sont décédés après avoir soigné un patient atteint de fièvre de Lassa à l'hôpital universitaire Aminu Kano de Kano, dans le nord-ouest du Nigéria.

Pendant les épidémies de maladies infectieuses, les risques d'infection et de décès sont plus élevés. Nous devons protéger les travailleurs de la santé.

Ifeanyi M. Nsofor

En 2018, Lini Puthussery, une infirmière de 28 ans, est décédée après s'être occupée d'une famille de trois personnes infectées par le virus Nipah dans l'État de Kerala au sud de l’Inde.
 
Toujours en 2018, Ahmed Victor Idowu, un jeune médecin stagiaire, est décédé après avoir soigné un nourrisson qui présentait une forte fièvre au Centre médical fédéral de l'État de Kogi, dans le centre-nord du Nigéria. Il est décédé de la fièvre de Lassa.
 
En 2014, Stella Adadevoh et quatre autres agents de santé du First Consultant Medical Center de Lagos, dans le sud-ouest du Nigéria, sont décédés après avoir aidé un Libérien venu au Nigéria alors qu'il était infecté par le virus Ebola. Grâce à leur sacrifice, Ebola ne s'est pas propagé au Nigéria.
 
Il faudrait rappeler au monde que les professionnels de la santé sont généralement les premiers à rencontrer une personne infectée, à s’occuper d’elle et à lui prodiguer des soins. Pendant les épidémies de maladies infectieuses, les risques d'infection et de décès sont plus élevés. Nous devons protéger les travailleurs de la santé.
 

Comment protéger les travailleurs de la santé

Nous devons croire les travailleurs de la santé lorsqu'ils sonnent l'alarme quant à la probabilité d'une infection. Ils sont formés pour donner le signal lorsque des cas qui se présentent dans les hôpitaux révèlent un haut degré de suspicion.
 
La plupart des infections virales et des fièvres hémorragiques ont des symptômes qui ressemblent à ceux des maladies courantes. Par exemple, les symptômes du nouveau COVID-19 comprennent de la fièvre, de la toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires.
 
Dans les cas plus graves, l'infection peut provoquer une pneumonie, le SRAS, une insuffisance rénale et même la mort. Ainsi, les agents de santé sont formés pour être toujours sur leurs gardes et s'assurer qu'ils excluent de telles infections lorsqu'ils traitent des patients.

Aucun travailleur de la santé ne devrait mourir en sauvant des vies.

Ifeanyi M. Nsofor

À l'avenir, les gouvernements et les autorités de santé publique doivent enquêter sur les préoccupations soulevées par les professionnels de la santé afin de les vérifier. Si le gouvernement chinois avait répondu positivement aux préoccupations de Li Wenliang, il serait peut-être encore en vie aujourd'hui et la Chine aurait pu répondre plus efficacement au nouveau COVID-19.
 
Les gouvernements doivent également fournir des environnements de travail et des équipements propices aux travailleurs de la santé. En cas d'épidémie de maladie infectieuse, les agents de santé ont besoin d'équipements de protection individuelle tels que des masques faciaux et des gants pour prodiguer des soins aux patients. Les travailleurs de la santé ont également besoin de savon et d'eau courante dans les hôpitaux pour se laver les mains.
 
Malheureusement, 35% des établissements de santé des pays à revenu faible ou intermédiaire manquent d'eau et de savon pour se laver les mains, selon l'OMS. Cela prédispose les travailleurs de la santé à des infections et pourrait entraîner leur mort.
 
Dans une enquête menée en 2018 par Nigeria Health Watch et NOI Polls sur l'émigration des médecins nigérians, les raisons de l'émigration incluent un environnement de travail médiocre et le manque d'infrastructures appropriées.
 
Ainsi, les recommandations visant à atténuer l'émigration des médecins comprennent la fourniture d'un bon environnement de travail, la mise à niveau de tous les hôpitaux et leur équipement pour une meilleure prestation de services.
 
Les gouvernements, les donateurs et le secteur privé doivent investir dans le développement professionnel continu des travailleurs de la santé. Un moyen d'y parvenir est de veiller à ce que chaque programme de santé financé par des donateurs comprenne une formation pour les agents de santé afin de renforcer leurs capacités et de les mettre à jour sur les nouvelles informations et les nouvelles façons de fournir des soins.
 
De plus, les travailleurs de la santé doivent également se servir des plateformes de Massive Open Online Courses (MOOC) tels que Coursera pour améliorer leurs connaissances pendant leur travail. Ces MOOC sont l'avenir de l'éducation et la plupart des cours sont gratuits.
 
Enfin, l'avis de santé publique pour le nouveau COVID-19 émis par les instituts nationaux de santé publique stipule que les agents de santé doivent observer les mesures standard de prévention et de contrôle des infections et prendre des antécédents de voyage lorsqu'ils soignent des patients. L'adhésion à cet avis est désormais une question de vie ou de mort pour les patients et les professionnels de santé.
 
Li Wenliang a rejoint les rangs des travailleurs de la santé qui ont fait le sacrifice ultime pour nous garder en sécurité. Sa mort ne devrait pas être inutile.
 
Nous devons protéger tous les travailleurs de la santé pour qu’ils ne subissent pas le même sort. Aucun travailleur de la santé ne devrait mourir en sauvant des vies.
 
 
Ifeanyi M. Nsofor, est médecin, diplômé de la Liverpool School of Tropical Medicine, PDG d'EpiAFRIC et directeur des politiques et du plaidoyer au Nigeria Health Watch. Vous pouvez le suivre sur Twitter à :@ekemma.
 
Cet article a été produit par le desk anglais de SciDev.Net pour l'Afrique subsaharienne

Références

[1]  Emigration of Nigerian medical doctors: survey report (NOIPolls and Nigeria Health Watch, 2018)
[2] Coronavirus disease 2019 (COVID-19) Situation Report – 28  (WHO, 17 February, 2020)