19/07/10

Les pays arabes ‘ont besoin d’une stratégie numérique à long terme’

Le rapport sur les TIC cite plusieurs cas de réussite remarquables dans le monde arabe Crédit image: Flickruak rock

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[ALGER] Selon un rapport de l’Union internationale des Télécommunications (UIT) basée à Genève, environ 80 pourcent des pays arabes ont adopté ce qu’il est convenu d’appeler en anglais des ‘e-strategies’, ou ‘stratégies numériques’, en vue de faciliter leur transition vers la technologie numérique.

Mais le rapport relève l’absence d’une approche réellement stratégique, notant que "les gouvernements, les sociétés et les économies bénéficieraient d’une orientation stratégique globale et de l’élaboration d’une vision à long terme".

Le rapport cite plusieurs cas de succès remarquable, notamment l’Egypte, la Jordanie, le Sultanat d’Oman et l’Arabie saoudite.

"L’Egypte a adopté une approche des TIC [technologies de l’information et de la communication] très globale et orientée vers l’avenir, permettant ainsi le développement d’un secteur des TIC compétitif mondialement qui profiterait à la société et stimulerait le développement national vers une société de l’information", poursuit le rapport.

La Jordanie est citée comme une bonne illustration de l’impact potentiel de la volonté politique sur le développement des stratégies de gouvernance électronique, même lorsque les financements sont rares. Le pays a procédé à une réforme réussie de l’éducation ou figurent les technologies d’apprentissage en ligne "pour transformer l’environnement scolaire en un lieu de découverte et de créativité, permettant aux élèves jordaniens d’imaginer la réalité dans laquelle ils pourraient grandir".

La stratégie d’Oman "permettra aux citoyens de s’impliquer dans les transactions de commerce électronique avec les organes de l’Etat et les entreprises à travers une gamme de canaux électroniques", indique le rapport.

Dans le même temps, l’Arabie saoudite "veut encourager les entreprises nationales à créer des industries locales de TIC".

En contraste avec ces bons élèves, le rapport cite l’Irak, la Libye, la Somalie et le Yémen comme ne disposant pas toujours de stratégies numériques claires.

Pour Zeena Al Borgan, analyste chez Arab Advisors Group à Amman, "la progression des pays arabes dans les technologies numériques diffère grandement d’un pays à l’autre".

Un rapport précédent publié par ce groupe en novembre 2009 évalua les progrès des pays arabes en utilisant une échelle de progression des Nations Unies qui distingue cinq étapes du développement de la gouvernance électronique, à savoir, la présence émergente, la présence accentuée, la présence interactive, la présence transactionnelle et la présence en réseau. L’étude a conclu qu’aucun des 12 pays arabes étudiés n’avait atteint l’étape ultime.

Pour Mohamed Lagab, professeur de sciences politiques à l’Université d’Alger, "ce rapport de l’IUT est bien trop optimiste dans la description de la situation actuelle et les prévisions de l’avenir de l’adoption des TIC dans le monde arabe. Au lieu de mener des enquêtes de terrain, elle s’appuie sur les statistiques officielles qui masquent souvent la réalité". 

Dans la plupart des pays arabes, il subsiste de grandes barrières culturelles et le manque de main-d’œuvre et d’infrastructures nécessaires pour le développement d’une société numérique, a-t-il fait remarquer.

Ce rapport de l’IUT intitulé "Cyberstratégies nationales au service du développement : Bilan et perspectives 2010" a été rendu public lors du récent sommet mondial sur la société de l’information tenu à Genève en Suisse.