28/07/14

Lancement au Sénégal du challenge Data for Development

Senegal Challenge_598
Crédit image: Flickr/Whiteafrican

Lecture rapide

  • Plusieurs centaines de développeurs sénégalais sont invités à prendre part à un concours pour mettre au point des applications mobiles innovantes
  • L'initiative vise à s'appuyer sur le réseau mobile pour recueillir des données statistiques exploitables dans le contexte du développement et de l'éducation
  • Selon les experts, le projet est une source potentielle de création de richesses.

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Les deux entreprises, que sont le Groupe Orange et la Sonatel, envisagent de mettre à la disposition des laboratoires de recherche du monde des données anonymes extraites de leur réseau mobile au Sénégal.
 
Le concours vient d’être ouvert et s’achèvera dans un an.

La mise à disposition des données a débuté en juin et la soumission des résultats se terminera le vendredi 19 janvier 2015, ce qui va permettre aux équipes candidates de disposer d’une durée de près de sept mois pour concourir.
 
Un concours similaire avait été organisé en 2013 en Côte d’Ivoire.

Récolter des données utiles

Selon le groupe Orange, dans le cas du Sénégal, cinq domaines prioritaires ont été définis, pour lesquels les besoins ont été exprimés en collaboration avec les ministères responsables ou des institutions partenaires, à savoir la santé, l’agriculture, le transport/urbanisme, l’énergie et les statistiques nationales.
 
Le challenge souhaite également contribuer à un objectif plus technique, en récompensant les meilleures avancées sur les algorithmes d’anonymisation, de datamining, de visualisation et de croisement des données.
 
Le troisième objectif est d’impliquer les acteurs locaux et d’assurer en particulier des retombées en matière d’éducation et de développement de l’écosystème des start-ups locales.
 
Nicolas de Cordes, vice-président chargé du marketing chez Orange France, précise que "ce ne sont pas des données des clients mais des données techniques de gestion des réseaux que nous avons rendu complètement anonymes.

Elles peuvent par exemple donner des informations sur les mouvements de populations de manière statistique, sur les densités de populations ou les flux de communication d'une ville ou région à l'autre.

Cela peut être croisé avec d'autres données pour mieux connaitre une population, voir comment une société fonctionne".
 
Le responsable d'Orange met en avant l’aspect innovant de la démarche: "Parfois les opérateurs de téléphonie mettent à disposition d'une équipe de chercheurs des données du réseau pour publier des informations sur la mobilité des gens dans une ville. Mais le fait de créer un challenge ouvert à tout le monde, impliquant les chercheurs, les ministères et les institutions responsables sur des problématiques telles que  l'agriculture, la santé, les transports, les statistiques nationales, c'est unique au monde".
 
Deux universités sénégalaises (UCAD et Gaston Berger) sont associées pour promouvoir l’initiative et inviter les universités africaines à participer au challenge.
 
Le CTIC, un incubateur des TICS basé à Dakar, est également impliqué pour motiver la participation des start-up locales.
 
Enfin, la volonté des organisateurs du Challenge est d’impliquer au maximum les acteurs locaux et régionaux du monde de la recherche académique et appliquée, afin de s’assurer des retombées en matière d’éducation et de développement économique, en particulier de l’écosystème des entreprises et start-ups locales.
  
Les participants doivent être formellement affiliés à une institution de recherche publique ou privée.

Il peut s’agir d’équipes mixtes combinant les compétences d’institution de recherche et des structures entrepreneuriales.
 
Léger Djiba, développeur, chef du département technologies de la société I-DEV basée à Dakar, estime que cette initiative doit connaitre un engouement, "car grâce à ces open data, des applications supplémentaires peuvent être développées à partir de ces api ; une entreprise peut se spécialiser dans l'utilisation de ces données pour créer de la valeur ajoutée. Cela recoupe les préoccupations de notre société. C'est bon pour toute la communauté IT du Sénégal et pour les entrepreneurs individuels".
 
Les projets récompensés seront présentés au public lors de la conférence internationale NetMob ("Analysis of Mobile Phone Datasets and Networks"), prévue au MIT de Boston en avril 2015 et publiés sur Internet en accès libre.

Les données, une mine de richesses

Le mois suivant, les organisateurs vont exposer les résultats et les projets potentiels qui en découlent aux organismes pertinents au Sénégal, notamment pour que le maximum de personnes et d’institutions bénéficient de l'apport d’expérience et exploitent les résultats.
 
Ce projet met en relief l’enjeu stratégique de la maitrise et de l’exploitation des données pour créer de l’innovation et de la richesse.
 
Mais selon Léger Djiba, "les dirigeants africains tardent toujours à comprendre cette réalité."
 
Le technicien sénégalais se désole ainsi du fait qu’au-delà des discours, il n'y ait pas "une politique claire de mise en place de data centers en Afrique. Quel est l'Etat africain qui dispose d'un data center africain, qui mise sur la technologie ? Le Kenya a démarré, mais ses données sont sur le cloud. Le cloud, c'est qui ? Ce sont les Etats-Unis et le Canada. Voilà ce que les dirigeants africains doivent cultiver : la propriété intellectuelle et le stockage des données en Afrique et non à l'extérieur de l'Afrique."