18/05/15

Un nouvel outil pour la bonne gestion durable des forêts

Measuring circumference of a tree
Crédit image: Flickr/CIFOR

Lecture rapide

  • Cet outil repose sur la description des forêts en procédant espèce par espèce
  • Il a été testé avec succès dans une forêt expérimentale en Centrafrique
  • Reste à savoir si les mêmes résultats peuvent être obtenus ailleurs dans le monde

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Des chercheurs du Centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) viennent de mettre au point des outils pour contribuer à améliorer la gestion durable des forêts tropicales.

Selon le CIRAD, ces outils reposent sur une description des forêts espèce par espèce "pour décrire les peuplements forestiers, simuler leur dynamique et ainsi concevoir des solutions pour leur gestion durable".

“En précisant les modifications de l'environnement causées par le changement climatique ou l'exploitation forestière, on peut ainsi en déduire les conséquences sur les forêts.”

Frédéric Mortier, Chercheur au CIRAD

Frédéric Mortier, chercheur au CIRAD, ajoute que "notre modèle permet de déterminer de quelle manière et dans quelle mesure l'environnement agit sur la démographie des espèces d'arbres. En précisant les modifications de l'environnement causées par le changement climatique ou l'exploitation forestière, on peut ainsi en déduire les conséquences sur les forêts".

A en croire ce dernier, ces modèles ont été conçus pour mieux comprendre le fonctionnement des forêts tropicales et leur réaction face aux changements environnementaux dus surtout à l’action de l’homme et notamment l’exploitation forestière.

"La connaissance de la dynamique des forêts permet de déterminer les règles d'exploitation à respecter pour ne pas surexploiter la ressource. De même, cela permet de connaître la dynamique des quantités de carbone contenues dans les arbres, et ainsi de préciser le rôle que peuvent jouer les forêts tropicales dans la lutte contre le changement climatique", poursuit-il.

L’efficacité de ces modèles mathématiques mis au point au profit des aménageurs forestiers et des décideurs publics et publiés le mois dernier dans la revue Environmetrics, a été testée sur des données recueillies à M’Baïki, un site expérimental en forêt tropicale d’une surface totale de 40 hectares, en République centrafricaine.

"Notre modèle est validé par la qualité des résultats de nos simulations, qui reproduisent avec une bonne précision la dynamique des peuplements forestiers tropicaux en Afrique centrale et par des espèces qui correspondent à des groupes ayant des comportements écologiques bien identifiés", a expliqué Frédéric Mortier à SciDev.Net.

Toutefois, Gautier K. Amoussou, Ingénieur agronome forestier et coordonnateur d’Eco-Bénin (une structure qui lutte pour la sauvegarde des ressources naturelles) souligne pour sa part la nécessité d’appliquer ces outils aux écosystèmes forestiers tropicaux de l’Afrique de l’Ouest afin d’apprécier si ces modèles peuvent permettre d'améliorer l'évolution des forêts tropicales un peu partout à travers le monde et voir comment retravailler sur les outils d'aménagement forestier et leur gestion.

"L'application de ces modèles peut permettre de voir si nos manières de gérer les forêts ne sont pas obsolètes et améliorer le système ; mais il y a lieu de travailler sur leur fiabilité un peu partout afin d’apprécier l’impact des changements climatiques sur ces forêts tropicales", affirme Gauthier K. Amoussou.

Les forêts tropicales constituent des réservoirs de ressources nécessaires à la survie des populations.

Véritables sources de nourriture, de revenus et d’emplois pour des millions de personnes dans de nombreux pays, elles participent à la régulation du climat à travers le stockage du carbone, le cycle de l’eau et constituent des points chauds de biodiversité.

Or, pour Frédéric Mortier, le changement climatique et l'exploitation forestière peuvent modifier leurs conditions : l'augmentation de la température par exemple, indique le chercheur, "peut entraîner des sécheresses plus importantes tandis que l'abattage d'arbres peut accroître la quantité de lumière arrivant au sol".

Car, dit-il, les arbres sont sensibles aux modifications de leur milieu et leur croissance ou leur mortalité peut en pâtir.

Par conséquent, à terme, la composition, la structure et la dynamique des forêts peuvent changer.