02/02/12

Les ingénieurs veulent plus de reconnaissance dans les objectifs de Rio+20

Pour Spitalnik, la technologie est le résultat de l'application par les ingénieurs des connaissances développées par la science Crédit image: Flickr/Engineering at Cambridge

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Les ingénieurs ont appelé à une plus grande reconnaissance du rôle joué par leur discipline dans la transformation des connaissances scientifiques en technologies durables et vont faire pression pour que l'ingénierie soit plus explicitement mentionnée lors de la conférence Rio+20.

L'ébauche dite 'zéro' du document de la future Conférence des nations unies sur le développement durable (Rio+20) en juin 2012, qui sert de point de départ aux négociations, ne mentionne qu'une seule fois l'ingénierie, évoquant la nécessité "d'apporter un appui aux scientifiques et ingénieurs et aux institutions scientifiques et d'ingénierie des pays en développement dans le but d'encourager leurs efforts visant à développer des technologies vertes locales et à utiliser les connaissances autochtones".

Si la communauté scientifique a accueilli favorablement les nombreuses références à la science et à la technologie, les ingénieurs jugent que leur rôle a été minimisé – au détriment du développement durable.

Selon un communiqué publié par la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs (FMOI) la semaine dernière (23 janvier), l'ébauche zéro manque de clarté quant au rôle différent joué par l'ingénierie, par rapport à la science.

 

"Cette absence de clarté vient d'un oubli survenu lors de la Conférence de Rio [une grande conférence sur l'environnement et le développement durable, organisée au Brésil], en 1992, où la science et la technologie ont été regroupées, et l'ingénierie incluse comme faisant partie de la technologie. Nous pensons que c'est trompeur," a déclaré Jorge Spitalnik, un représentant de la FMOI.

Pour Spitalnik, "la technologie est le résultat de l'application [par les ingénieurs] des connaissances mises au point par la science — l'ingénierie applique ces connaissances aux procédés de fabrication pour élaborer des produits utiles aux êtres humains". Il décrit l'ingénierie comme étant le "développement du savoir-faire".

"Nous voulons saisir cette opportunité pour préciser que l'ingénierie doit être mentionnée comme quelque chose qui précède la technologie.

"Les étudiants ne voient pas dans l'ingénierie une discipline attractive permettant de parvenir au développement durable — ils pensent que c'est la technologie [qui en est la clé]".

Le rapport de l'UNESCO de l'an dernier sur l'ingénierie affirmait déjà que la pénurie d'ingénieurs entravait le développement, un problème particulièrement aigu dans les pays en développement.

Spitalnik affirme qu'un autre rôle des ingénieurs est d'examiner ce qui est faisable dans un laps de temps donné, et de dire à la société, aux gouvernements et aux décideurs politiques ce qui peut être fait.

"C'est très beau de dire l'innovation va résoudre tous les problèmes, mais l'innovation doit conduire à des produits réalisables," a-t-il ajouté.

Pour Colin Brown, directeur de l'ingénierie à l'Institution d'ingénieurs en mécanique du Royaume-Uni, "que la valeur de l'ingénierie ne soit pas reconnue dans l'ébauche de document de Rio+20 est un oubli inquiétant. Il faut développer une plus grande reconnaissance à la fois par le public et par les gouvernements, du rôle absolument vital joué par l'ingénierie pour rendre le développement durable possible.

"Nous comptons sur les ingénieurs pour créer et perfectionner les technologies dont nous avons besoin pour résoudre les grands défis mondiaux du 21e siècle, des changements climatiques à la surpopulation. Ce besoin doit être reconnu et il faut y répondre, sinon les solutions resteront hors de portée", a-t-il affirmé à SciDev.Net.

Andrew Lamb, directeur général d'Ingénieurs Sans Frontières Royaume-Uni — un organisme œuvrant pour le développement international dont l'objectif est d'éliminer les obstacles au développement grâce à l'ingénierie – déclare que la voix des ingénieurs devrait être entendue dans les plus hautes sphères de la gouvernance mondiale, en particulier pour faire avancer des mesures concrètes nécessaires pour produire et gérer les technologies durables.

Il ajoute pourtant qu'il est douteux que la profession puisse s'organiser pour parler d'une seule voix.

Lien vers le projet de document zéro complet  [89kB]