08/12/11

La recherche sur les maladies négligées dépend de bailleurs peu nombreux

La baisse du financement de la R&D peut ralentir le développement de traitements contre les maladies négligées Crédit image: RambergMediaImages/Flcikr

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[LONDON] Le financement global de la recherche et développement (R&D) sur les maladies négligéesa subi des coupes importantes suite à la crise financière internationale, mais les conséquences ont été limitées par une hausse substantielle du financement du secteur privé, selon un important rapport annuel.

La quatrième enquête du Financement mondial de l'innovation sur les maladies négligées (G-FINDER), lancée ce jour (8 décembre), conclut que le financement en glissement annuel de la R&Dsur les maladies négligées a baissé de 3,5 pourcent (US$ 109 millions) de 2009 à 2010, la première baisse globale depuis le début de l'enquête en 2007.

Cette baisse est la conséquence de la baisse des contributions du secteur public, qui représentait encore presque deux tiers du financement mondial en 2010, ainsi que celui du secteur philanthropique.

« La situation est bien plus mauvaise que nous le redoutions » s'inquiète Javier Guzman, Directeur de la recherche chez Policy Cures, un groupe de recherche à but non lucratif basé en Australie à l'origine du rapport, dans un entretien avec SciDev.Net à l'occasion de la publication du document.

« Pas tant à cause de l'argent, mais parce que plusieurs de nos contributeurs ont diminué leur financement alors que nous ne nous y attendions pas ».

Huit des plus grands contributeurs qui financent les  maladies négligées sur les douze les plus importants ont réduit leurs investissements, souligne Guzman.

« Nous avons vécu une période faste, un très joli pic , mais cela provenait de quelques sources, peu nombreuses. Ces organismes sont maintenant en difficulté et nous en subissons clairement les conséquences », ajoute-t-il.

La recherche sur les maladies qui dépendent des investissements des partenaires du secteur public et du secteur philanthropique, comme le VIH/sida,le  paludismeet les maladies diarrhéiques, ont été les plus durement touchées, avec une baisse de cinq pour cent du financement de la recherche sur le VIH/sida.

Par contre, les maladies disposant de fonds substantiels provenant du monde industriel, notamment la tuberculose et la dengue, ont été largement épargnées par  la crise.

Guzman prévoit que l'écart entre le financement du secteur privé et celui du secteur philanthropique se réduira davantage l'an prochain, mais il prévient d'ores et déjà que le secteur privé ne sera pas en mesure de préserver à lui seul un flux constant de financements.

« La hausse des investissements du secteur privé se maintiendra [l'an prochain]. Mais il annonce très clairement que le partenariat, le cofinancement et le soutien du public sont dorénavant nécessaires », ajoute-t-il.

Guzman relève que la grande partie des financements du secteur public vient des National Institutes of Health des États-Unis, qui se concentrent sur la recherche fondamentale et la recherche en amont, plutôt que sur les produits en tests cliniques de phase II et III.

Même avec la hausse du financement du secteur privé, le virage vers la recherche fondamentale souligné dans le rapport de G-FINDER l'an dernier s'est poursuivi, tandis que les partenariats de développement des traitements ont connu une baisse de US$ 47 millions.

« Nous disposons d'une mine de connaissances et de portefeuilles de produits », déclare Joris Vandeputte de l'Initiative en faveur d'un vaccin contre la tuberculose, à l'occasion du lancement du rapport. « Mais ils doivent être financés si on veut les mettre à la disposition des pays en développement ».

Selon Vandeputte, il faut des mécanismes créatifs novateurs pour transformer les résultats de la recherche fondamentale en produits abordables.

Parmi les voies à explorer figure la collecte de fonds supplémentaires pour cette initiative auprès des économies émergentes, ou un appui supplémentaire des ministères du commerce et de l'industrie des pays occidentaux, recommande Guzman.

« Il faut une base élargie de financement, avec davantage de contributeurs, et l'intervention d'un plus grand nombre  de bailleurs de fonds », a-t-il ajouté.

Lien vers le rapport complet [19MB]

Lien vers un reportage sur le lancement [846kB]