Par: Jan Piotrowski
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Ce financement doit être associé à des investissements à long terme dans la formation des professionnels de l’agriculture pour résorber le déficit de compétences dans plusieurs pays en développement, conclut le rapport publié par le groupe chargé de l’agriculture et des systèmes alimentaires du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN) .
Lancé l’an dernier par les Nations unies, le SDSN, dont la mission est d’identifier et faire la démonstration de nouvelles approches du développement durable, a publié son premier rapport en juin.
Le nouveau rapport sur l’agriculture a été publié en même temps que six autres rapports du réseau des Groupes thématiques sur les questions comme la santé, la gestion des ressources naturelles, les services écosystémiques et la biodiversité.
Ces rapports sont une contribution majeure des chercheurs à l’élaboration d’une nouvelle série d’objectifs de développement devant succéder aux objectifs du Millénaire pour le développement en 2015.
Achim Dobermann, directeur général adjoint chargé de la recherche à l’Institut international de recherche sur le riz aux, Philippines et co-président du groupe du SDSN sur l’agriculture , affirme que les augmentations récentes des investissements privés dans la recherche agricole ne sauraient remplacer le financement public.
La recherche à des fins commerciales tend à ignorer plusieurs aspects essentiels comme les conséquences environnementales et l’agronomie, poursuit-il.
« Des aspects pourtant essentiels qui manquent d’attractivité pour le secteur privé et doivent par conséquent être pris en charge par le financement public », explique-t-il à SciDev.Net.
Selon le rapport, l’un des défis que le secteur agricole doit relever consiste à accroître les rendements tout en atténuant les effets nocifs sur l’environnement, ce qui va nécessiter un système plus adapté et à forte intensité de savoir.
Pour permettre le développement de méthodes agricoles adaptées au terrain, l’étude sur le niveau et la localisation des déficits de rendement et d’efficacité, c’est-à-dire les domaines où les ressources telles que les engrais ne sont pas utilisées de façon optimale dans la production alimentaire et animale, devrait constituer l’une des grandes priorités, conclut le rapport.
Le bon usage de la technologie est essentiel pour l’atteinte de ces objectifs, poursuit le document.
Au nombre des technologies à exploiter de façon approfondie, on peut citer les méthodes de sélection précise basées sur la génomique, l’identification des gènes et la biotechnologie qui sont toutes des techniques d’amélioration des cultures particulièrement bénéfiques pour les petits exploitants, précise le rapport.
Toujours selon l’étude, les technologies numériques, notamment l’imagerie satellitaire et l’analyse de gros volumes de données, les plateformes de recherche collaborative et d’amélioration des conseils agricoles, constituent un autre important levier de développement.
Pénurie d’expertise
Il est vrai que ces nouvelles technologies sont des outils importants, mais le rapport souligne que seuls des chercheurs bien formés et les professionnels de l’agriculture peuvent apporter les innovations et le dynamisme nécessaires pour le changement espéré.
Plusieurs systèmes nationaux de recherche agricole des pays en développement ne sont pas à même d’opérer ce changement et sont trop dépendants des bailleurs de fonds étrangers, note le rapport.
Porter les dépenses publiques consacrées à la recherche nationale à un pour cent du PIB (produit intérieur brut) est essentiel si l’on veut combler les lacunes en matière de ressources humaines, tant en ce qui concerne les effectifs que les compétences, que pour les infrastructures et la gouvernance, relève le rapport.
En outre, pour éviter que la pénurie d’expertise agricole n’affecte toute une génération, les pays en développement doivent mettre l’accent sur l’exhortation des jeunes gens à embrasser les filières en question, poursuit le rapport.
Le faible nombre de jeunes inscrits dans des filières comme l’agronomie, la pédologie, la lutte contre les parasites, particulièrement en Afrique, est une source d’inquiétude réelle, affirme Dobermann.
Ce problème reflète la tendance des politiques publiques à privilégier les résultats à court terme au détriment des bourses et programmes d’appui aux jeunes professionnels dont les fruits ne sont perceptibles qu’après plusieurs années, ajoute-t-il.
Aggrey Agumya, conseiller technique principal du Forum pour la recherche agricole en Afrique au Ghana, estime que le déficit de compétences est si important dans plusieurs pays que même le doublement des dépenses publiques dans le domaine de la recherche pourrait s’avérer insuffisant.
Il explique que la gravité du problème est occultée par le fait que les hausses de dépenses publiques sont souvent affectées à la revalorisation des salaires plutôt qu’au développement de l’infrastructure et des réseaux de recherche.
Mais le manque de chercheurs ne constitue pas le plus grand problème. C’est plutôt l’incapacité des institutions à appliquer les résultats de la recherche agricole de manière à générer des avantages concrets, poursuit-il.
Pour sortir de cette situation, de gros efforts doivent être consacrés au renforcement des capacités de planification et de gouvernance des institutions agricoles, afin de tirer le meilleur parti des avantages de la recherche, conseille- t-il.