20/10/20

L’Afrique veut être au cœur de la stratégie du Fonds mondial

HIV-infected cell
Une cellule infectée par le VIH. Crédit image: NIAID (CC BY 2.0)

Lecture rapide

  • Le continent voudrait que davantage d’attention soit accordée aux systèmes de santé, entre autres
  • La bonne gouvernance des subventions allouées est aussi indispensable pour limiter les détournements
  • Le fait que les fonds transitent par un intermédiaire limiterait l’action des bénéficiaires

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[DAKAR] Le nouveau plan stratégique du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est en cours d’élaboration et sa mise en œuvre effective est prévue pour après 2022.
 
Recevant à elle seule 72 % des subventions de cette organisation, le l’Afrique subsaharienne se mobilise pour que ses priorités soient entendues et prises en compte dans le cadre de l’adoption de cette nouvelle stratégie.
 
C’est dans cette optique que depuis le mois d’août 2020, les circonscriptions africaines du Fonds mondial se concertent pour identifier ces priorités sur lesquelles l’organisation devrait se focaliser dans le cadre de la stratégie post 2022. 

“Il y a un plaidoyer pour que le Fonds mondial alloue plus de ressources à l’Afrique. Notamment sur les questions du renforcement du système de santé, de la disponibilité des données désagrégées et de la gouvernance”

Abdoulaye Ciré Anne, bureau africain des circonscriptions du Fonds mondial

Pour Abdoulaye Ciré Anne, membre du bureau africain des circonscriptions du Fonds mondial, il est capital que l’Afrique parle d’une même voix afin que ses préoccupations soient prises en considération dans ce prochain plan stratégique.
 
« Il est vrai que chaque pays a ses problèmes et son plan stratégique. Mais au niveau de l’Afrique, il y a une convergence. Quand on est 46 pays à faire un plaidoyer, c’est bien plus pesant que quand on est 24 d’un côté et 22 de l’autre », confie ce dernier, interrogé par SciDev.Net à l’occasion d’un point de presse organisé le 10 octobre à Dakar au Sénégal.
 
Parmi les axes principaux de la stratégie que le bureau Afrique veut défendre devant le Fonds mondial, il y a la question des ressources humaines pour la santé et celle du renforcement du système communautaire.
 
Il y a également, la gestion du système d'information sanitaire, la prévention du VIH chez les adolescentes, les jeunes femmes et les populations vulnérables
 
« Il y a un plaidoyer pour que le Fonds mondial alloue plus de ressources à l’Afrique. Notamment sur les questions du renforcement du système de santé, de la disponibilité des données désagrégées et de la gouvernance », martèle Abdoulaye Ciré Anne.
 

Financements

Par ailleurs, les ultimes bénéficiaires des fonds ne sont pas toujours satisfaits à la hauteur de leurs attentes. Le fait que les financements ne leur parviennent pas directement limite, disent-ils, leur marge de manœuvre et ralentit leurs actions sur le terrain.
 
« Nous n’avons pas toujours les coudées franches pour mener au moment opportun les actions que nous jugeons utiles, car nous n’avons pas le pouvoir financier. Nous sommes obligés d’attendre l’appui du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) qui est le bénéficiaire direct du Fonds mondial », déplore Mohamed Coulibaly, responsable du bureau de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida, de la division de lutte contre le SIDA du ministère de la santé du Sénégal.
 
« Parfois, il arrive que le financement demandé ne nous parvienne pas ou qu’il ne soit pas à la hauteur de ce que nous souhaitons. Parce que le CNLS aurait jugé que l’activité que nous proposons n’est pas utile ou que ce n’est pas à nous de la mener », poursuit cette même source.
 
« Personnellement, je trouve dommage qu’une institution aussi importante que la division de lutte contre le SIDA ait un statut de sous bénéficiaire du financement du Fonds mondial », conclut Mohamed Coulibaly.
 
Pour sa part, Mouhamed Guélaye Sall, président de l’Instance nationale de coordination du Fonds mondial au Sénégal, assure que cette institution prend de plus en plus de mesures pour limiter les scandales de détournements des financements destinés à la lutte contre les trois maladies.
 
« La gouvernance est une question centrale. On peut relever, comme résultat de l’action du Fonds mondial, une meilleure sécurisation de la gouvernance des fonds attribués. Il y a eu beaucoup de scandales autour de ces fonds. Mais depuis quelques années, on en entend parler de moins en moins, car le dispositif est en train d’être verrouillé de mieux en mieux », affirme ce dernier.