08/11/18

La coopération pour financer la recherche en Afrique

African researchers collaboration
La collaboration entre chercheurs donnerait accès à plus de financements Crédit image: Flickr / Department of Foreign Affairs and Trade

Lecture rapide

  • Les projets de recherche mis en œuvre par plusieurs pays ont plus de chances d’être financés
  • Le secteur privé peut aussi apporter des financements, la recherche profitant aussi aux entreprises
  • Les chercheurs doivent pour cela proposer des sujets innovants et les Etats à faire preuve de volonté

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[ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE] Chercheurs, bailleurs de fonds et autres acteurs recommandent la coopération pour faire face au déficit de financement de la recherche scientifique en Afrique.
 
Ils l’ont fait savoir lors du Forum annuel des organismes de financement de la recherche africains, dont les travaux se déroulent du 5 au 9 novembre à Abidjan, à l’initiative du Programme d’appui stratégique à la recherche scientifique (PASRES) de la Côte d’Ivoire et de la National Research Fondation (NRF) d’Afrique du Sud.
 
« Ce défi du financement n’est pas insurmontable. Les chercheurs doivent surtout collaborer dans la région, en renforçant la coopération sud-sud et nord-sud afin d’obtenir de l’aide additionnelle pour mener à terme leurs travaux », soutient le chercheur éthiopien Aschalew Tigabu du Centre africain d'études technologiques (ACTS) basé à Nairobi au Kenya

La collaboration entre pays autour de projets communs donne plus d’opportunités de financement à travers les Conseils nationaux de la recherche

Aschalew Tigabu, ACTS, Nairobi

Ce dernier estime que l’Afrique ne manque pas de talents, et craint une aggravation de la fuite des cerveaux vers des centres de recherches occidentaux.
 
Aussi se convainc-t-il de ce que « la collaboration entre pays autour de projets communs donne plus d’opportunités de financement à travers les Conseils nationaux de la recherche. »
 
Le continent, faut-il le préciser, ne concentre que 2 % des résultats de la recherche et seulement 1% de capacité au niveau mondial, à en croire Bassirou Bonfoh, directeur général du Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) et directeur du Consortium Afrique One qui est un partenariat scientifique africain pour l'excellence en recherche d'intervention.
 
Anna Maria Oltorp, directrice exécutive de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), l’un des plus gros bailleurs de fonds de la recherche en Afrique, juge pour sa part encourageante la mise en place de Conseils subventionnaires de la recherche dans la plupart des pays du continent.
 
A en croire les chercheurs, l’Initiative des conseils subventionnaires de la recherche scientifique en Afrique permet des recherches collaboratives entre différents pays.
 
Ce qui contribue, selon Anna Maria Oltorp, à faciliter la mobilisation de fonds auprès de divers partenaires au profit de projets de recherche.
 

Secteur privé

Pour sa part, l’universitaire sénégalaise Soukèye Dia Tine pense que la coopération devrait également s’accentuer avec le secteur privé.
 
« Ce secteur peut être une source importante au niveau de la recherche, pour obtenir des ressources additionnelles, y compris au plan international », dit-t-elle. « Parce que les résultats de la recherche doivent bénéficier aux entreprises ».
 
Cette dernière propose même qu’un pourcentage des bénéfices des investissements directs étrangers soit consacré au financement de la recherche.
 
S’il est vrai que de nouveaux mécanismes de financement via la coopération existent – à l’instar de l’Initiative des conseils subventionnaires de la recherche scientifique, les scientifiques exhortent les chercheurs, en particulier les plus jeunes, à faire preuve d’innovation.
 
C’est la meilleure approche, selon eux, pour attirer des financements dans le cadre de la coopération.
 
« Les bailleurs de fonds sont de plus en plus intéressés à financer les idées qui ont du mérite, qui ont de la valeur ajoutée. Les chercheurs doivent donc être ambitieux, voir plus grand en développant de nouvelles idées, des sujets novateurs », martèle Aschalew Tigabu.
 

Préalable

Ils doivent constamment renforcer leurs capacités de recherche, leurs compétences analytiques, de manière à pouvoir faire des propositions de haute qualité aux bailleurs de fonds, renchérit Anna Maria Oltorp.
 
Toutefois, ces experts pensent que le préalable au succès de toutes ces pistes reste l’engagement des différents Etats africains à financer leurs chercheurs.
 
Pour Soukèye Dia Tine, cela peut se faire à travers des fonds dédiés à la recherche. Mais aussi à travers la promotion des résultats de recherche déjà existants.
 
Un appel bien accueilli par les inventeurs. Car l’un des porte-voix de ceux-ci, Coulibaly Pierre Djibril, président de l’Association des inventeurs et novateurs de Côte d’Ivoire, propose même un « guichet unique » de valorisation des inventions et résultats de la recherche dans tous les pays africains.
 
Pour lui, une telle initiative aurait le double avantage d’éviter la dispersion des fonds publics à travers divers ministères, et de favoriser une transformation des résultats de recherches en produits de marché capables d’impacter les économies africaines.