08/05/15

La gestion des crises sanitaires après la fièvre Ebola: les principales ressources

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Crédit image: Flickr/U.S. Mission Geneva/ Eric Bridiers

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Rachel Thomas revient sur les différentes institutions qui prennent part à la riposte et passe en revue les difficultés de communication.

L'épidémie d’Ebola en Afrique de l'Ouest est la plus grande et la plus longue depuis la découverte de ce virus il y a quatre décennies.

De nombreux organismes luttent contre cette épidémie et sont aux prises avec des facteurs sociaux, culturels et politiques.

La nécessité des sciences sociales et de communications efficaces dans la riposte aux épidémies est plus claire que jamais, tout comme la nécessité de chercher d’un œil critique des leçons susceptibles de guider les efforts futurs.

Les ressources ci-dessous résument les diverses institutions qui aident à lutter contre l'épidémie et soulignent les efforts en matière de communication.
 

L'ONU, l'OMS et les gouvernements


Le nombre d'individus et d'institutions qui combattant l'épidémie serait trop important pour les énumérer. Toutefois, on peut identifier quelques acteurs principaux.

A l’échelle internationale, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est principalement responsable de la coordination de la réponse globale.

Son site web spécialisé publie des données relatives à la situation de l’épidémie et d’autres informations telles que les conseils et des messages officiels relatifs à la santé.

Ses ‘rapports de situation’ résument la façon dont l'épidémie progresse et les difficultés que rencontrent actuellement ceux qui y font face.

Le rôle de l'organisation est détaillé dans sa Feuille de route pour la riposte au virus Ebola, conçue pour aider les intervenants à élaborer et à mettre en œuvre des plans opérationnels.

Un rapport du directeur général de l’OMS publié début janvier expose les difficultés pour la riposte internationale et aborde les critiques formulées par l’ ONG médicale Médecins Sans Frontières (MSF), selon laquelle la réaction à cette épidémie a été irresponsable et trop lente.

Le rôle de l'ONU est plus large que celui de l'OMS. Son implication comprend l’appui technique et logistique.

Le secrétaire général de l'ONU a créé la Coalition mondiale contre l'Ebola, avec des représentants issus de zones touchées, d’ONGs, de donateurs et d'autres organismes, qui tient des réunions hebdomadaires pour aider à maintenir une certaine cohérence opérationnelle.

Le secrétaire général a également nommé un envoyé spécial  pour diriger les  politiques  et les stratégies de riposte, et renforcer l’appui aux zones affectées.

Pour cette crise, l'ONU a mis en place sa première mission de  santé d'urgence, la Mission des Nations unies pour l’action d'urgence contre Ebola (MINUAUCE), qui aide avec des activités telles que la gestion des cas d'infection, la localisation des contacts des personnes infectées et l'organisation d’enterrements sûrs et dignes.

D'autres organismes des Nations unies, tels que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Unicef, soutiennent la riposte avec des activités telles que la distribution des aliments, les fournitures de santé et les infrastructures.
 
Les gouvernements de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone sont activement engagés dans la lutte contre Ebola.

Conjointement avec l'OMS, ils ont conçu un plan pour coordonner la réponse à différents niveaux, sensibiliser le public  sur les comportements à risque et les comportements sûrs, prévenir et combattre la propagation du virus, et mettre en place des interventions cliniques.

Le Nigéria et le Sénégal ont également recensé des cas de la maladie, mais s’y sont attaqués rapidement, grâce à une réponse comprenant des tests rapides de tous les cas suspects au Sénégal et la  mise en place rapide d’un Centre d’opérations d'urgence au Nigeria.

Plusieurs pays développés ont également contribué à la réponse, en particulier les gouvernements d'anciennes puissances coloniales.

En Guinée, la France a aidé  à la formation des personnels de santé, à la création des centres de traitement, mais aussi en appuyant les efforts de recherche et en renforçant les systèmes de santé.

Dans toute la région, mais surtout en Sierra Leone, le Royaume-Uni a fourni des fonds, des experts médicaux, une formation pour le personnel de santé, des fournitures d'urgence et un appui scientifique.

Il a également apporté un appui logistique par le biais de son armée.

Les Etats-Unis également sont acifs dans de nombreux aspects de la réaction, envoyant notamment du personnel médical et des fournitures, construisant des centres de traitement, et formant du personnel de santé. Le site Web des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des Etats-Unis, une agence fédérale de santé publique, fournit des informations sur la maladie et des mises à jour régulières sur la riposte.
 

Les ONG internationales, les bénévoles et les chercheurs


MSF, qui fournit des soins médicaux en première ligne dans les zones affectées par la crise, a sonné l’alarme à propos de l'épidémie d'Ebola avant qu’elle n’atteigne le niveau mondial, et son personnel est resté sur le terrain tout au long de l’épidémie.

Les pages web de cette organisme caritatif consacrées à l’urgence concernant la fièvre Ebola fournissent des informations sur la maladie, les activités de MSF et des mises à jour du terrain, y compris un blog écrit par le personnel travaillant dans les pays touchés.

Un récent rapport publié un an après le début de l'épidémie examine en détail la réponse, critique l'inaction mondiale et prévient que l'épidémie n'est pas encore terminée.

Plusieurs autres ONG internationales jouent un rôle dans la réponse – le Centre d’information en cas de catastrophe à l’étranger (CIDI)  de l'USAID fournit des noms et des coordonnées.

Les ONGs ont des rôles variés. Par exemple, l’organisme de secours à l'enfance Save the Children construit et gère des unités de traitement clinique, mène des campagnes de sensibilisation et forme des agents de santé au niveau communautaire.

D'autres ONG jouent un rôle bien plus actif, notamment  Oxfam, le Comité international de secours  et Plan International, qui fournissent un appui dans des domaines tels que la coordination, les systèmes d'alerte précoce, l'eau et les infrastructures de santé, et l'aide alimentaire.
 
Les bénévoles et les chercheurs jouent également un rôle. De nombreux personnels médicaux se sont rendus en Afrique de l'Ouest, avec le soutien d'organismes tels que l’USAID, UK-Med et l’International Medical Corps.                                                     
Les scientifiques et les experts en santé publique tels que Peter Piot, un des chercheurs qui ont découvert le virus Ebola au milieu des années 1970, conseillent les gouvernements et les organismes ou entreprennent des projets de recherche, tels que ceux financés par le Programme de subventions de rechreche pour la santé en période de crise humanitaire (R2HC).

En plus des experts médicaux et en santé publique normalement actifs dans les crises sanitaires, l'épidémie a vu intervenir des anthropologues, dont certains, avant même cette épidémie, avaient relevé la valeur des connaissances locales et l'importance de la remise en question des perceptions de l’'altérité' en Afrique.

L'anthropologie peut offrir un aperçu de la façon dont les interactions humaines et les pratiques sociales influencent l'épidémie et les mesures pour y faire face.

La Plate-forme anthropologique de réponse au virus Ebola est un réseau de chercheurs en sciences sociales qui fournit des conseils sur les dimensions sociales, culturelles et politiques de l'épidémie.
 

La mauvaise coordination et les messages contradictoires  


Un document d’information publié par MSF a souligné la mauvaise coordination entre les principaux acteurs au début de l'épidémie.

Et un rapport du CDC décrit la communication comme étant un défi permanent, en particulier lorsque les gens s’opposent à des interventions et lorsque des infrastructures minimales dans les zones rurales entravent les efforts d'intervention, tels que la localisation des contacts des personnes infectées et le signalement d’enterrements dangereux.

Des rapports et des séances d’information organisées par des chercheurs en sciences sociales offrent un aperçu du contexte de la résistance des gens aux messages de santé publique, y compris des exemples de bonne communication et des conseils quant à la façon d’adapter avec succès des interventions médicales .

L'épidémie a reçu beaucoup d'attention dans les médias grand public et la documentation spécialisée.

Diverses institutions, ainsi que les organismes, les gouvernements et les ONG mentionnés plus haut, contribuent à diffuser des informations exactes sur l'épidémie à travers des rapports et des blogs sur leurs sites Web.

Il s'agit notamment de la revue médicale The Lancet, de Science magazine et de l'Institute of  Development Studies du Royaume-Uni.

Mais la communication a également été critiquée et acusée d'alarmisme et de sensationalisme, de diffusion de messages contradictoires et de fausses informations à l'échelle  locale, qui, dans certains cas, ont conduit à des restrictions imposées à des journalistes par les gouvernements.
 
Les canaux des médias sociaux ont au départ alimenté la désinformation à propos de l’épidémie et des traitements, mais ils diffusent également des informations exactes et proposent une réflexion utile sur la façon dont les gens comprennent l’épidémie.

Le ministère Sierra Léonais de la santé a utilisé ses pages Facebook pour remonter le moral du public en signalant des cas de malades guéris et renvoyés chez eux.

Les technologies numériques telles que l’U-report system de l’Unicef offrent un accès à des  informations et à des services via un téléphone portable.

Des artistes ont mis en musique des messages sur la fièvre Ebola, et un feuilleton radiophonique  élaboré par BBC Media Action, constitue un exemple du rôle puissant que joue la radio en matière d’information du public.
 

Les réponses futures 


L'épidémie s’atténue,et les intervenants se demandent quelles améliorations on pourra apporter  dans les urgences sanitaires futures. L'OMS a souligné la nécessité d'infrastructures sanitaires de base, d’actions coordonnées et de leçons tirées d’expériences réussies.

MSF a cité  l’incapacité de plusieurs institutions à ntervenir efficacement, y compris les lacunes de l'OMS dans son rôle de coordination.

La recherche concernant cette épidémie et les précédentes a également trouvé qu'il est essentiel de faire participer  activement les populations affectées, et en pas se borner à corrige rla désinformation, pour que les épidémies soient contenues.

Mais le processus de réflexion et d'apprentissage est loin d'être terminé.
 
Rachel Thomas est médecin et écrivain. Elle peut être contactée@ à : [email protected]
 
Cet article fait partie de notre Dossier intitulé ‘La gestion des crises sanitaites après la fièvre Ebola’.

Cet article provient du Dossier: La gestion des crises sanitaires après Ebola.