07/09/15

Fabriquer des pavés à partir des déchets plastiques

Plastic Waste Recycling
Crédit image: Flickr/epSos.de

Lecture rapide

  • Il s’agit de faire fondre le plastique, puis de le consolider avec du sable
  • Les premiers tests effectués en laboratoires sont encourageants
  • L’ingestion du plastique est responsable de 30% de mort chez le bétail

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L’ancien footballeur camerounais Roger Milla, dirigeant de la Fondation Cœur d’Afrique, ambitionne de "débarrasser le Cameroun de déchets plastiques tout en réduisant le chômage des jeunes".
 
Il vient d’initier une vaste campagne de formation des jeunes désœuvrés à la fabrication artisanale de pavés à partir des déchets plastiques.
 
"Alors que le ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature s’est lancé dans la lutte contre l’utilisation des déchets plastiques dans le pays, nous avons constaté que les populations éprouvent du mal à s’arrimer. D’où l’idée du recyclage des déchets plastiques en pavés pour assainir l’environnement et améliorer les conditions de vie des populations", explique Roger Milla à SciDev.Net
 
Pierre Kamssouloum, l’ingénieur formateur, explique que la technique consiste "à faire fondre les déchets plastiques dans un récipient, ensuite de mélanger la matière obtenue avec du sable. Enfin, le produit obtenu est placé dans un moule pour façonner le pavé".
 
Ainsi, un camion de sable de 20 tonnes peut permettre la production de 300 à 400 mètres carrés de pavés, explique Pancrace Fegué, secrétaire exécutif du projet de fabrication artisanale des pavés.
 

“Le Cameroun perd chaque année 200 000 ha de son couvert végétal et 30% de son bétail meurt du fait de l’ingestion des déchets plastiques.”

Monsieur Palouma, Ministère de l’Environnement, Cameroun

Une étude du Laboratoire national de génie civil (Labogénie) de Yaoundé est actuellement en cours, pour évaluer la durabilité et la solidité de ces pavés.
 
A ce sujet, l’ingénieur en génie civil, Paul Mallo Ntone, chef de division et d’analyse au Labogénie explique :
 
"Nous sommes au début d’une aventure. Nous avons évalué les caractéristiques mécaniques et celles liées aux aléas climatiques. En ce qui concerne les caractéristiques mécaniques, pour les pavés de 5 cm d’épaisseur, la résistance de traction correspond à un tiers du résultat. Elle est inférieure à la norme qui est de 1 Megapascal (MPa). La résistance à la compression est bonne à 100% ; c’est-à-dire supérieur à 6 MPa".
 
En tout état de cause, les analyses effectuées sur les pavés de 5 et 10 cm sont encourageantes d’après les promoteurs de ce projet.
 
Toutefois, "les essais de détérioration vont se poursuivre et il va falloir qu’un contrôle régulier soit fait sur la qualité même de la formation des ouvriers, afin que les caractéristiques liées à l’épaisseur soient régulièrement respectées", précise Paul Mallo Ntone.
 
Plus tard, explique-t-on, il sera possible de produire, selon la même démarche, d’autres matériaux comme les tuiles.
 
Les techniciens qui y travaillent indiquent que le processus va se dérouler en plusieurs phases.
 


Tout d’abord, la formation gratuite des volontaires. Ici, un accent sera mis sur la collecte et le tri de la matière plastique à recycler.
 
Ensuite, il faudra passer à l’industrialisation ; lorsque la plupart des apprenants (une cinquantaine de formateurs pour un début à Yaoundé) auront maîtrisé la technique du recyclage.
 
Pour la première année, le projet compte générer 2 500 emplois dans une cinquantaine de communes.
 
Le Cameroun produit annuellement 600 000 tonnes de déchets dont 10 % (60 000 tonnes) sont des déchets plastiques d’après les statistiques du ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded).
 
Monsieur Palouma, sous-directeur de la gestion des déchets, des produits chimiques toxiques et dangereux à la direction des normes et du contrôle au Minepded précise que "le Cameroun perd chaque année 200 000 ha de son couvert végétal et 30 % de son bétail meurt du fait de l’ingestion des déchets plastiques".
 
L’initiative de Roger Milla n’est cependant pas la première en matière de transformation de déchets plastiques en pavés au Cameroun.
 
En 2012, une entreprise dénommée RED-PLAST Sarl, a vu le jour à Douala, avec pour objectif de recycler la matière plastique pour obtenir des tuiles et… des pavés.