15/12/15

La Chine veut vulgariser les vertus du bambou en Afrique

Bamboo 1
Crédit image: Flickr/Wu Zhiyi/World Bank

Lecture rapide

  • Un réseau va diffuser les connaissances sur les nouveaux produits dérivés du bambou
  • La croissance rapide du bambou en fait une plante idéale pour stocker le carbone
  • Les ressources viendront du Fonds chinois de lutte contre les changements climatiques

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[PARIS] A l’occasion de la COP 21, la Chine a dévoilé son ambition de renforcer le savoir-faire des Africains dans le domaine des nouveaux produits dérivés du bambou en établissant un nouveau réseau d’échange de connaissances.
 
La Chine va collaborer avec les pays africains pour bâtir un partenariat grâce auquel certaines connaissances sur la culture et les produits du bambou, comme les agrocarburants ou les briquettes de charbon à base de bambou, seront diffusées pour que d’autres pays producteurs de bambou puissent en profiter.
 
Lancé au cours d’un événement organisé le 9 décembre dernier à Paris (en France) en marge de la COP 21, le partenariat sera placé sous la supervision de l’INBAR, une organisation intergouvernementale basée en Chine dont la mission consiste à réduire la pauvreté et prévenir la destruction de l‘environnement, grâce au bambou et au rotin.
 
La Chine a lancé en septembre dernier un fonds doté de 20 milliards de renminbi (environ 3,1 milliards de dollars) pour renforcer la coopération Sud-Sud sur les changements climatiques ; une partie de cette somme sera consacrée à cette nouvelle initiative.
 
Les partisans du projet estiment que sa croissance rapide, associée à sa facilité d’entretien, font du bambou une plante idéale à la fois pour l’absorption du carbone atmosphérique et pour la production d’une matière première pour les agrocarburants et les biens de consommation.
 
“Sur la base du savoir-faire chinois dans ce domaine, le bambou doit aujourd’hui faire l’objet d’une dynamique Sud-Sud-Nord pour les initiatives de lutte contre les changements climatiques”, prône Hans Friederich, directeur général de l’INBAR.

“Sur la base du savoir-faire chinois dans ce domaine, le bambou doit aujourd’hui faire l’objet d’une dynamique Sud-Sud-Nord pour les initiatives de lutte contre les changements climatiques”

Hans Friederich, Directeur général, INBAR

 
Les responsables du projet ont annoncé lors de la cérémonie de lancement qu’ils comptaient également  associer ultérieurement d’autres pays asiatiques et latino-américains producteurs de bambou, à ce projet.
 
L’on a aussi appris que grâce aux innovations chinoises dans les domaines de la culture et des produits du bambou, le secteur s’est mué en une véritable industrie pesant 30 milliards de dollars, employant sept millions de personnes et permettant de reboiser plus de trois millions d’hectares de terres dégradées.
 
Parallèlement, la Chine a mis au point des technologies comme les briquettes de charbon et les matériaux de construction à base de bambou.
 
Sur le continent africain, la culture commerciale du bambou a connu un grand essor au Ghana, au Rwanda et en Afrique du Sud.
 
Lors du lancement du projet, certains représentants de pays africains ont pourtant mis en garde contre les risques de futures interventions de la Chine dans les entreprises locales.
 
Ainsi, Yaw Kwakye, responsable de l’unité pour les changements climatiques à la Commission ghanéenne des forêts, a évoqué des problèmes avec certaines entreprises chinoises dans son pays, où les briquettes de charbon à base de bambou sont désormais couramment utilisées.
 
“Nous rencontrons quelques difficultés avec les entreprises chinoises à cause de la déforestation due aux activités minières et au trafic du bois de rose auquel ces entreprises se livrent dans les régions du nord,” a-t-il affirmé.
 
D’autres chercheurs ont toutefois estimé que cette initiative pourrait permettre aux pays africains de renforcer leurs compétences en botanique et mieux comprendre comment tirer parti de leurs ressources naturelles.
 
C’est le cas de Maria Vorontsova, taxinomiste végétale auprès du Kew Gardens au Royaume-Uni, qui collabore avec l’INBAR pour répertorier les espèces de bambou.

“À Madagascar, il existe des espèces de bambou auxquelles je ne sais même pas quel nom scientifique donner,” révèle-t-elle.
 
Elle encourage les pays africains à établir des inventaires recensant leur diversité végétale afin de mieux la conserver dans le contexte des changements climatiques.