19/12/16

Du “charbon vert” à base d’ordures ménagères

Crédit image: Sandrine Gaingne

Lecture rapide

  • La plupart des ménages camerounais utilisent du charbon issu du bois de chauffe
  • Le nouveau produit fournit de l'énergie verte sans polluants
  • Ses promoteurs espèrent qu'il contribuera à freiner la déforestation

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Muller Tenkeu Nandou, un jeune chercheur camerounais, vient de réussir l’exploit de produire du charbon organique non polluant à partir de déchets ménagers.
 
Encore appelé charbon vert, le produit s’obtient à partir de la transformation des ordures ménagères comme les feuilles de maïs, les épluchures de plantains et les déchets de rotins.
 
Le processus de fabrication commence par la collecte des déchets ménagers biodégradables.
 
Passée l’étape de la collecte, les déchets sont séchés pendant environ six heures pour les déchets légers et 2 jours pour les déchets lourds.
 
"Comme séchoir, nous disposons d’un four solaire de 2 mètres de hauteur et d’environ 50 cm de largeur, un angle de variation de 30° et une chambre de séchage de 4m2 séparée en sept compartiments", explique Nadou Muller, le promoteur du produit.
 
Après cette phase, survient celle dite de la carbonisation.
 
Celle-ci consiste à mettre les déchets séchés dans des fours (fûts surmontés de cheminés) et de les brûler jusqu’à ce qu’ils se transforment en poudre noire.
 
Cette opération dure 30 minutes pour les déchets légers et une heure trente minutes environ pour les déchets lourds.
 

“Pour obtenir le charbon traditionnel, on abat les arbres, ce qui accentue les changements climatiques. Or ce charbon a l’avantage de réduire au maximum la déforestation, puisqu'il ne recourt pas à l'abattage des arbres.”

Claude Bitangou
 Président de l’Association
camerounaise pour la protection de l'arbre

Par la suite, la poudre noire issue de la carbonisation des déchets est mélangée à de l’eau  dans laquelle on ajoute du Kaolin (argile blanche à la base de la fabrication de la porcelaine, utilisée dans l’industrie du papier, la médecine et de la cosmétique), puis, le mélange est passé dans un appareil appelé compacteur.
 
Le produit est ensuite séché pendant environ trois jours et prêt à l’utilisation.
 
Déjà commercialisé à Douala, le charbon organique est très apprécié par les ménagères.
 
Christine, utilisatrice régulière du charbon écologique, dit apprécier le fait que le produit "ne fume pas, ne noircit pas la marmite. Il brûle entièrement."
 
Les spécialistes des questions environnementales saluent cette innovation qui selon eux, émet deux fois moins de gaz à effet de serre que le charbon de bois. 
 
"Pour obtenir le charbon traditionnel, on abat les arbres, ce qui accentue les changements climatiques. Or ce charbon a l’avantage de réduire au maximum la déforestation, puisqu'il ne recourt pas à l'abattage des arbres. Or en produisant le charbon à partir des déchets ménagers, on ne dégrade pas l’environnement", souligne Claude Bitangou, président de l’Association camerounaise pour la protection de l'arbre.
 
De l’avis de Mathias Mondo, enseignant en management à Douala, le charbon vert "est un projet tendance qui s’inscrit d’abord dans la dynamique des ODD et ensuite dans celle de la Cop 22. Au-delà de sa notoriété, il résoud des problèmes environnementaux cruciaux. Il s’agit d’un produit innovant qui s’inscrit dans le cadre d'une innovation de rupture", explique-t-il.
 
Les bienfaits du charbon écologique pour la protection de l’environnement ont d’ailleurs valu une reconnaissance internationale à son promoteur.

Nandou Muller a en effet remporté récemment le 1er prix entrepreneur vert jeunes de moins de 35 ans lors de la Cop 22, tenu à Marrakech au Maroc.