26/06/14

Côte d’ivoire: La guerre, une plaie pour l’environnement

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Crédit image: Flickr/jbdodane

Lecture rapide

  • Le conflit ivoirien a eu pour conséquences la recrudescence du braconnage, le déboisement, l'occupation sauvage d'aires protégées et moult activités destructrices pour l'environnement
  • Le cas le plus préoccupant est celui du mont Péko, occupé par plus de 20.000 clandestins qui ont fui la guerre civile
  • La Banque mondiale recommande aux autorités ivoiriennes de prendre des mesures propres à restaurer la biodiversité dans les aires protégées du pays

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[ABIDJAN] Un rapport d’un groupe d’experts commis par la Banque mondiale sur l’analyse environnementale en Côte d’Ivoire a montré que la gestion et la pression des communautés riveraines ont eu des impacts négatifs sur les aires protégées que sont les Parcs Nationaux, les Réserves Naturelles et les Forêts Classées, pendant les décennies de crises militaro-politiques que le pays a traversé.

Selon l’étude, le potentiel floristique et faunique de la Côte d'Ivoire, riche en diversité biologique, s’est fortement dégradé par le déboisement, suite à un accroissement rapide des besoins des populations en espace et de l'exploitation irrationnelle du sol.  

De 1999 à 2011, la Côte d’Ivoire a été secouée par des séries de crises militaro-politiques, qui se sont soldées par plus de 3000 morts et de nombreux déplacements de populations.

"La situation politiquement difficile à contrôler, engendrée par la guerre, avec son lot d'insouciance écologique manifestée par une pression plus accrue sur la biosphère, aussi bien en zone gouvernementale qu'en zone sous contrôle des rebelles, n'a fait qu'empirer les choses", a confié à SciDev.Net, Brou Germain Alexis Edoh Komenan, chercheur en droit de l'environnement de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest, à Abidjan-Cocody.

Le chercheur explique que les aires protégées n’ont pas été épargnées pendant ces années de conflits souvent sanglant.
Le cas le plus flagrant est celui du Mont Péko dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, qui s’étend sur une superficie de 34 000 ha et culmine à plus de 1000 m.

Occupations anarchiques

Cette forêt classée renommée pour sa végétation (flore de montagnes et de forêt primaire) a été agressée par les populations riveraines et d’autres personnes venant d’autres parties du pays, qui ont créé plusieurs hectares de produits de rentes (café, cacao et hévéa). Le braconnage est monnaie courante dans le parc.

Un rapport du directeur général de l’Autorité de désarmement de démobilisation et de réinsertion mis sur pied après la fin de la guerre en Côte d’Ivoire, datant d'avril 2014, indique que la population totale vivant dans le parc du Mont Péko est de 27.045 personnes.

"Ces occupants clandestins ont été sommés de quitter les lieux. Ils ont accepté de partir à  la fin de leurs récoltes prévues pour fin décembre", a confié à SciDev.Net, le directeur général de l’Autorité de désarmement de démobilisation et de réinsertion, Fidèle Sarassoro, qui précise que "4% des occupants de ce parc sont d’origine ivoirienne et 96% d’origine étrangère".

Le ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable, Allah-Kouadio Remi explique que le rapport des experts est un "référentiel de base pour la promotion du développement durable à travers l’amélioration de la gestion de l’environnement."

Le rapport recommande également le renforcement de la gestion et la réduction de la pression des communautés riveraines dans les aires protégées, la réhabilitation et la protection durable des ressources naturelles endommagées ou menacées par des activités économiques existantes ou projetées, ainsi que la mobilisation des ressources naturelles au service du développement économique, notamment à travers la promotion touristique.

Consultant en gestion environnementale, Moussa Touré estime pour sa part que l’Analyse Environnementale Pays fournit les données de base pour l’aide au développement durable et permet la facilitation du dialogue entre le Gouvernement et ses partenaires.

Action politique

Le rapport pays de la Banque mondiale sur l’analyse environnementale de la Côte d’Ivoire, intervient quelques jours après l’adoption du projet de loi d’orientation sur le développement durable par les députés membres de la Commission Recherche, Science, Technologie et Environnement (CRSTE) de l’Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire.

Selon la CRSTE, la loi permet de planter un cadre institutionnel formel. "Elle permettra d’avoir une démarche durable dans tous les secteurs d’activité. De sorte à définir les modalités de mise en œuvre de la politique nationale en matière de développement durable", a expliqué à SciDev.Net, la présidente de la CRSTE, Kayo Clarisse.

La députée ivoirienne explique que les axes fondamentaux concernent les engagements de l’Etat à être exemplaire en matière de développement durable, l’instauration de dispositifs pour mesurer les progrès nationaux dans ce domaine, l’obligation faite aux grandes entreprises de faire connaitre les efforts consentis en matière de responsabilité sociétale et l’information régulière du parlement.