08/06/16

La pêche illégale coûte plus d’un milliard de dollars à l’Afrique

Illegal fishing
Crédit image: FAO

Lecture rapide

  • La surpêche réduit les stocks de poissons et détruit les communautés
  • La pollution plastique reste un problème majeur
  • Les Etats manquent de moyens pour agir

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A l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de l'Océan, Greenpeace Afrique appelle les pays du continent à mieux collaborer pour lutter contre la surpêche et surtout la pêche illégale, l’un des défis auxquels doivent faire face les acteurs de l’écosystème marin.
 
Selon l'ONG Africa Progress Panel, chaque année, l'Afrique perd US$ 1,3 milliard, à cause de la pêche illégale. La surpêche, estime l'organisation, réduit les stocks de poissons, les prises locales et nuit à l'environnement marin.
 
Diverses manifestations marquent à travers le continent la célébration, ce mercredi, de la journée mondiale de l’océan, sous le thème: "Océan sain, planète saine."
 
L’Onu estime que la gestion prudente de cette ressource mondiale qui recouvre 70% de la planète, est fondamentale pour un avenir viable.
 

“Beaucoup d'Etats ont adopté des politiques d'interdiction des plastiques, mais rien n'est appliqué. Des plastiques passent toujours par les douanes.”

Marie Suzanne Traoré
Greenpeace Afrique

Les activités des chalutiers pélagiques étrangers, l'utilisation d'engins de pêche prohibés tels que les mono-filaments, les filets dormants, la dynamite, ont aggravé une situation déjà alarmante.
 
Faute de moyens, les pays africains n'assurent pas la surveillance et les bateaux étrangers viennent piller les ressources sans être inquiétées.
 
Marie Suzanne Traoré, chargée de "campagne océans" pour Greenpeace Afrique, explique que "les pays africains doivent au moins collaborer à travers le partage d'informations en matière notamment d’accords de pêche avec les tiers. A titre d'exemple, les espèces de petits pélagiques sont une ressource partagée mais chaque pays gère ce stock à sa manière. Face à l'Union Européenne qui signe des accords de pêche, si le Sénégal a une politique de gestion et que la Mauritanie voisine n'en a pas, la politique sénégalaise ne servira à rien", estime-t-elle.
 
En Afrique de l’Ouest, les acteurs mettent l’accent sur les changements climatiques, la pression immobilière et l’action de l’homme.
 
Le Partenariat Régional pour la Conservation de la zone côtière et Marine en Afrique de l'Ouest (PRCM) qui rassemble près de 80 partenaires issus de sept pays d’Afrique de l’Ouest, se focalise ainsi sur la pollution marine, notamment la pollution due aux matières plastiques.
 
Si le papier peut mettre jusqu’à six semaines pour disparaître, les sachets plastiques prennent jusqu’à 450 ans, rappelle le PRCM.
 
"Beaucoup d'Etats ont adopté des politiques d'interdiction des plastiques, mais rien n'est appliqué. Des plastiques passent toujours par les douanes", se désole Marie Suzanne Traoré.
 
Ahmed Senhoury, directeur du PRCM, dont l’organisation compte beaucoup sur le plaidoyer, estime que "ce n'est qu'une question de temps. "
 
"Quand l'opinion sera plus sensibilisée, certainement les politiques vont suivre. Cela viendra le jour où nous serons conscients des dangers que représente l'usage non durable des ressources naturelles".
 
Mais l’écologiste Ali Haidar en doute. Cet ancien ministre sénégalais (2012-2014) dénonce à l’occasion de cette journée de l’océan le manque de volonté et le laxisme des autorités politiques : "Les exemples ne manquent pas : une loi interdit de pêcher avec du mono filament en nylon, mais les pêcheurs de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, l'utilisent; une loi interdit les sachets plastiques, mais on en utilise encore dans les boutiques", se désole-t-il.