24/06/13

Aider les femmes africaines à réussir dans la création d’entreprises

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Crédit image: Flickr/TREEAID

Lecture rapide

  • Dans les écoles africaines, les filles ont besoin de modèles ‘ordinaires’ auxquels elles peuvent s’identifier
  • Une femme d’affaires relate, en guise d’avertissement, les préjugés du système bancaire
  • Mais les Africains commencent à comprendre que les femmes entrepreneuses peuvent participer au développement du continent

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[LONDRES] Selon une éminente spécialiste des sciences de l’espace, le potentiel entrepreneurial et technologique des femmes africaines reste largement inexploité.

Maggie Aderin-Pocock, chercheuse à la University College de Londres, a pris la parole lors d’Africa Gathering, une plateforme mondiale rassemblant de grandes personnalités africaines du monde des affaires et de l’innovation, pour un échange d’idées en vue d’opérer un changement positif sur le continent.

Cette plateforme a célébré son cinquième anniversaire en organisant la semaine dernière à la BBC (les 21 et 22 juin) une conférence pour présenter les progrès réalisés par les femmes africaines dans le secteur de la technologie sur le continent.

A son avis, malgré « le long chemin parcouru », la femme et la jeune fille africaines ont encore besoin d’être inspirées pour nourrir des rêves et des aspirations.

Elle ajoute qu’il ne s’agit pas simplement d’une question d’égalité hommes-femmes, en faisant remarquer que la plupart des gens ne pensent pas à l’Afrique quand ils parlent de la science.

Quand on lui demande ce qui peut être fait pour encourager les femmes africaines à embrasser les carrières scientifiques, elle évoque les figures « pâles, masculines et surannées » vénérées actuellement à l’école et recommande qu’elles soient remplacées par des modèles ordinaires et de tous les jours auxquels les jeunes filles peuvent s’identifier.

Prenant la parole en compagnie d’Aderin-Pocock au sein d’un groupe de discussion intitulé « Relever le défi: les femmes dans l’entreprenariat et la technologie – Viser les plus hauts sommets », Hannah Pool, journaliste et écrivaine, a déclaré que de nombreuses femmes africaines sont « invisibles » dans le monde des affaires et de la technologie.

Toutefois, il existe quelques exceptions notoires à cette règle. 

“Nous devons trouver un autre moyen d’ouvrir les portes, par exemple en les défonçant littéralement et inciter davantage de jeunes femmes impliquées dans la technologie à créer des entreprises.”

Rebecca Enonchong, fondatrice et directrice générale d’Appstech

 

Rebecca Enonchong, fondatrice et directrice générale d’Appstech, entreprise qui fournit des solutions applicatives – et mentor d’affaires basée au Cameroun – estime que l’objectif n’est pas juste d’inciter les femmes africaines à s’engager dans la technologie, mais aussi de les pousser à fonder leurs propres entreprises.

Elle évoque les préjugés dont elle a souffert quand elle a essayé de fonder sa propre entreprise. « On ne m’avait même pas laissée entrer dans la banque », dit-elle.

« Quand je me suis présentée à l’agence de la Citibank à Douala au Cameroun pour ouvrir un compte – juste ouvrir un compte, je ne demandais pas de prêt…on n’a m’a pas laissée franchir la porte ».

« J’ai bousculé pour me retrouver à l’intérieur… mais pour m’entendre dire que cette agence n’était pas celle indiquée pour mon problème. Personne n’a posé de question sur mon entreprise. On ne m’a jamais demandé quel type d’activités je mène ».

Elle ajoute qu’il ne s’agit là que d’un exemple des défis auxquels les femmes entrepreneuses font face en Afrique. « Ces banques ne nous voient pas comme une chance de conclure des affaires [alors que] nous leur rapportons de l’argent ».

« Nous devons trouver d’autres solutions pour ouvrir ces portes, par exemple en les défonçant littéralement. Nous devons inciter davantage de jeunes femmes non seulement à s’intéresser au développement des logiciels ou à s’engager dans la technologie, mais aussi créer des entreprises ».

« A la Silicon Valley, seulement trois pour cent des start-ups [ont été fondées par des] femmes. Et j’ai essayé de savoir combien parmi ces femmes sont de race noire – personne ne le sait. Il n’existe pas de statistiques. Nous devons changer la donne, en commençant [par l’Afrique]. Nous en sommes capables, nous pouvons y arriver ».

L’une des femmes qui ont pu surmonter ces écueils, c’est la Kényane Jamila Abass.

En 2010, elle a participé à la création de MFarm Ltd, une société agroindustrielle – « l’équivalent de eBay et d’Amazon pour les produits agricoles », explique-t-elle à la conférence. Son principal service est une application mobile qui permet aux agriculteurs kényans défavorisés d’accéder aux marchés grâce à des SMS.

Normalement, ces agriculteurs sont coupés du reste du monde quand ils essayent de savoir comment écouler leurs produits sur le marché.

Cette application leur fournit des informations à jour sur les prix des différents produits agricoles sur certains marchés à travers le Kenya, les dotant ainsi de moyens pour négocier avec les intermédiaires et les acheteurs des prix équitables pour leurs produits.

Même si elle partage les points de vue des autres intervenants, Abass, qui est la directrice générale de la société, se dit confiante que l’Afrique commence à voir le bout du tunnel, en ce qui concerne la nécessité de donner aux femmes les mêmes chances d’accéder aux opportunités d’affaires et à la technologie qu’aux hommes.

«Déjà, l’Afrique comprend que sans les femmes, la situation ne va pas changer aussi rapidement que nous le souhaitons parce qu’elles font partie du système… Je suis heureuse qu’on commence à s’en rendre compte ».

Références

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