09/06/15

Exploiter les ressources locales pour avoir de l’énergie

Lampe solaire smart vilages
Crédit image: SciDev.Net/Julien Chongwang

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L’une des sessions de la première journée de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques (WCSJ) qui se tient à Séoul en Corée du Sud depuis ce lundi, 8 juin, 2015, a permis de découvrir le projet baptisé "Smart Villages".

Il s’agit d’une initiative qui s’emploie à trouver des solutions locales au problème d’accès à l’énergie électrique dans les localités de la planète qui en sont dépourvues.

Au sortir de sa conférence à Séoul, le Britannique Bernie Jones, expert en informatique et co-promoteur du projet, a déclaré à SciDev.Net que les localités auxquelles s’adresse cette solution sont celles qui ne sont pas connectées au réseau de distribution de l’électricité dans leurs pays respectifs.

"Dans notre projet, nous trouvons des solutions qui permettent aux gens d’avoir de l’électricité, notamment en partageant l’expérience entre les différentes régions du monde", dit-il.

Parmi ces solutions énergétiques qui peuvent être proposées au niveau local, l’intéressé évoque l’exemple de ces lampes solaires portatives dont il a présenté un échantillon au cours de la conférence.

"Avec cette lampe, les enfants peuvent réviser leurs leçons la nuit et vous-mêmes pouvez lire des livres", ajoute-t-il ; en soulignant que cette lampe a une autonomie de quatre heures ou de douze heure selon que la lampe, bien chargée, fonctionne à plein ou à moyen régime.

Le modèle présenté à la WCSJ se vend à 8 dollars (plus de 4 000 FCFA) en Inde ; mais, Bernie Jones est convaincu que si l’on met en place un "business model", on pourrait considérablement réduire ce prix.

C'est vrai que des unités locales de production d'énergie, ce serait très petit; mais, à mon avis ce serait suffisant pour fournir de l'énergie à un village entier.

Bernie Jones, co promoteur de Smart Villages

A l’heure actuelle, l’Afrique de l’est concentre à elle seule plus de 80% des utilisateurs de ce système de lampe solaire portative sur le continent.

Mais, à côté de cette solution individuelle, "Smart Villages" voit aussi la possibilité de mettre de petites unités de production d’électricité au niveau local, comme de petits moulins à vent, des panneaux solaires, ou une petite unité hydroélectrique sur une rivière du village, etc.

"C’est vrai que ce serait très petit ; mais, à mon avis ce serait suffisant pour fournir de l’énergie à un village entier", dit-il.

A ce jour, le projet a déjà été expérimenté dans un certain nombre de localités en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

En Bolivie par exemple, c’est une micro-centrale hydroélectrique de 60 kilowatts qui fournit à toute une communauté de l'éclairage, du chauffage, de la réfrigération, et favorise l'éducation et le divertissement.

En Tanzanie, l’on cite l’exemple de ces panneaux solaires domestiques d’une puissance de 200 watts, avec un contrat de maintenance et de remboursement sur le long terme.

Selon les promoteurs de "Smart Villages", ce dernier cas a généré des marges bénéficiaires significatives de plus de 4 000% pour l’économie villageoise.

Dans le livre intitulé "Smart Villages : new thinking for off-grid communities worldwide", Andrew Mnzava, chercheur à la Commission pour la science et la technologie (COSTECH) en Tanzanie, indique que ce pays est un très bon exemple en la matière.

"L’une des clés du succès de l’électrification rurale et en particulier de l’électrification hors réseau aura été la création d’une agence de l’énergie rurale (REA)".

"Aujourd’hui, ajoute-t-il, un Conseil de l’énergie rurale composé du gouvernement, du secteur privé, des associations de consommateurs et des partenaires au développement, supervise les actions de la REA et du fonds de l’énergie rurale (REF) qui est alimenté par des taxes prélevées sur les produits pétroliers et l’électricité et par les partenaires au développement, en l’occurrence la Banque mondiale, la coopération suédoise, les Etats-Unis et l’agence norvégienne de coopération internationale."

Au-delà de la fourniture de l’éclairage, la finalité du programme "Smart villages" est d’arriver entre autres à réduire l’usage des feux de bois dans les villages, afin de lutter en même temps contre la pollution atmosphérique qui, d’après les promoteurs du concept, fait plus de morts que la tuberculose et même que le sida.

Au final, là où il existe, le programme se montre déterminant dans le développement de l’économie villageoise et dans l’amélioration des services communautaires tels que l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, etc.

C’est ce qu’indique dans le même livre Christiana A. Thorpe, ancienne ministre de l’éducation de la Sierra Leone. Evoquant l’exemple de ce pays, elle écrit :

"Les femmes formées à l’utilisation de l’énergie solaire sont devenues des entrepreneurs qui commercialisent les panneaux solaires, formant maintenant un réseau de 16 micro-entreprises."

Les promoteurs de "Smart Villages" sont convaincus que ces solutions à l’échelle locale sont efficaces en attendant l’extension des réseaux nationaux d’électricité.

Ils invitent dès lors les bailleurs de fonds, les donateurs et les décideurs à y accorder une attention particulière ; car, disent-il, 1,3 milliard de personnes, soit 17% de la population mondiale, n’ont pas accès à l’électricité.

Ce programme arrive à un moment où certains pays du continent africain font face à un déficit sévère d’énergie caractérisé par de fréquentes coupures d’électricité dans les ménages comme dans les entreprises.