20/05/19

Au Togo, les villages connectés prennent forme

BBOXX Article
Des ouvriers installant des panneaux solaires sur les sites des villages retenus pour l'initiative Tomorrow’s Connected Community. Crédit image: BBOXX.

Lecture rapide

  • Un projet permettra aux populations d’avoir accès à l’électricité et à Internet
  • Les populations vont débourser 0,27 dollar par jour pour bénéficier de ses services
  • Les experts plaident pour une inclusion du milieu de la recherche dans l’initiative

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Le Togo vient de lancer un projet dénommé « Communauté connectée de demain », dont l’objectif est d’assurer la connectivité des communautés rurales grâce à l’énergie solaire.

Selon les chiffres officiels, le taux d’électrification rurale au Togo est estimé à 7%, tandis que celui de la pénétration du téléphone portable en milieu rural est de 50%.

L’initiative consiste en l’installation d’une mini centrale solaire de 30 Kilovoltampère (kVA) pour alimenter l’antenne-relais de téléphonie mobile des communautés cibles, en même temps que les ménages, les écoles et le Petites et Moyennes Entreprises.

Géré par l’entreprise britannique BBOXX , spécialisée dans la fourniture de services solaires, le projet a été lancé le 25 avril à Sikpé-Afidégnon, un village situé à 97km au Nord-est de Lomé.

La localité compte environ 4.000 habitants qui en plus de l’électricité pourront désormais avoir accès à d’autres services comme la connexion internet ou encore les systèmes de production de gaz pour la cuisson à partir de la biomasse. En contrepartie, les 350 ménages que compte la localité doivent débourser 160 F CFA par jour (environ 0,27 dollar US) pour bénéficier de ces services et pour la maintenance des équipements.

Innovations

A terme, ce sont 315 localités du Togo qui bénéficieront de ces installations à l’issue du projet, précise Diog-Bath Santiegou, le directeur général de BBOXX-Togo.

Pour sa part, Cina Lawson, la ministre togolaise des Postes, de l’Economie Numérique et des Innovations Technologiques, souligne que le projet répond à la volonté de l’Etat togolais de miser sur les innovations technologiques pour renforcer l’inclusion économique dans les zones reculées.

« Grâce à l’internet des objets, la centrale solaire, qui est connectée à une plateforme numérique sera gérée à distance de manière automatique afin d’offrir un service de qualité aux populations », indique Cina Lawson, dans un entretien avec SciDev.Net.

Et de rappeler que le projet « communauté connectée de demain » vient compléter d’autres initiatives comme le « chèque solaire CIZO », qui consiste en une subvention mensuelle des ménages ruraux disposant d’un kit solaire.

Le but, précise-t-elle, c’est de soutenir la transition énergétique dans les communautés rurales au Togo.

« Le Togo veut faire de l’accès à l’électricité pour tous d’ici à 2030, une priorité, tout en veillant au respect de l’environnement. Le gouvernement ambitionne de faire passer le taux d’électrification du pays à 50% en 2020, 75% en 2025 et 100% d’ici à 2030 », souligne Cina Lawson. 
 

Déficit énergétique

Ouro-Djobo Sanoussi, président du Réseau sous régional de la Recherche sur les Energies Renouvelables (RESER), estime que ces initiatives sont un début de solution au déficit énergétique que connaît le Togo.

Car, explique le chercheur, la difficulté d’accès aux zones rurales est l’un des obstacles auxquels font face les sociétés distributrices d’énergie pour desservir ces milieux. Pour lui, l’énergie solaire se présente comme une alternative durable pour ces communautés.

« Ce qui décourage nos États pour le moment, c’est le coût élevé des équipements à déployer pour fournir le solaire aux populations. C’est en cela que les partenariats privé-publics peuvent jouer un rôle important », ajoute Ouro-Djobo Sanoussi.

Mais à long terme, préconise-t-il, il serait bénéfique de trouver des mécanismes qui facilitent l’accès aux prêts aux populations afin qu’elles puissent acquérir directement les équipements solaires sans passer par un fournisseur.

L’enseignant-chercheur a, par ailleurs, regretté le fait que le milieu de la recherche n’ait pas été associé à ces différentes initiatives de l’Etat togolais.