19/04/11

Les anciens spécialistes libyens en armement ‘ne constituent plus une menace’

D'après les experts, l'ancien programme nucléaire libyen manquait d'expertise pour fabriquer des armes. Crédit image: Flickr/B.R.Q

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[LE CAIRE] Les inquiétudes des États-Unis sur le fait que les scientifiques libyens ayant précédemment été employés par les programmes d’armement nucléaire et chimique puissent vendre leurs savoirs à d’autres pays, ont été rejetées par de nombreux experts nucléaires de la région.

De nombreux spécialistes libyens du nucléaire ont été ‘démobilisés’ après le démantèlement du programme nucléaire du pays en 2003 ; ils ont donc pu travailler dans d’autres secteurs, grâce à l’aide de 2 millions de dollars américains (1,53 millions d’euros) annuels reçue du Cooperative Threat Reduction Plan des États-Unis.

Il semble toutefois que le plan ait été mis en attente depuis le début du conflit en Libye, en février, faisant naître des inquiétudes à Washington, sur le fait que les spécialistes libyens du nucléaire puissent participer à des programmes d’armement.

Le mois dernier (9 mars), Robert Joseph, ambassadeur des États-Unis et principal négociateur des pourparlers visant à mettre un terme au programme d’armement nucléaire, a déclaré à l’Associated Press (AP) : "je suis sûr qu’un certain nombre de libyens dotés d’importantes connaissances était impliqué dans le programme, et c’est précisément de ces connaissances qu’il faut s’inquiéter lorsqu’il est question de lancer des programmes d’armement nucléaire".

"Et croyez-moi, ces experts pourraient avoir été très utiles aux Syriens ou à d’autres qui pourraient emprunter le chemin du nucléaire", a-t-il déclaré.

David Albright, Président de l’Institute for Science and International Security, a indiqué à l’AP qu’il est probable que les autorités libyennes aient caché du matériel nucléaire ou conservé des copies des projets lorsque les programmes d’armement se sont terminés.

Plusieurs experts de haut-niveau de la région ont toutefois déclaré à SciDev.Net que les anciens membres du programme nucléaire libyens ne constituaient plus une menace.

Ce programme n’employait "pas plus de 20 scientifiques, et leurs connaissances dans ce domaine ne sont pas à craindre", a déclaré Tareq el-Nimr, Directeur des Laboratoires d’analyse radioactive affiliés à lʹAgence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Selon Mahmoud Barakat, ancien Président de l’Arab Atomic Energy Agency (AAEA), mis à part ceux qui disposent d’une "expérience solide" qui sont actuellement aux États-Unis, les spécialistes libyens du nucléaire travaillent dans "d’autres domaines de recherche tels que la médecine ou la technologie environnementale".

Selon un ancien représentant de l’AIEA, Yousri Abu Shadi et ancien spécialiste du nucléaire en Libye, les principaux spécialistes libyens du nucléaire ont désormais rejoint des organisations telles que l’AIEA.

D’après lui, ceux "dont les connaissances ne sont pas à craindre" font de la recherche sur l’environnement en Libye, et les experts non Libyens ont intégré le programme nucléaire pacifique des Émirats Arabes Unis.

Selon l’ancien Directeur de l’AIEA, Robert Kelley, et membre de l’International Peace Research Institute de Stockholm, qui a visité tous les sites libyens qui étaient suspectés d’être utilisés pour le développement du nucléaire, le programme manquait des résultats et du but nécessaires pour créer des armes nucléaires. Il a déclaré que ce programmé était "très désorganisé et décousu".

"Ils travaillaient dans un seul domaine technologique : la mécanique et l’ingénierie des centrifugeuses [nucléaires]", a-t-il déclaré en ajoutant que, sans l’expertise en explosifs lourds et en hydrodynamique, cela n’est pas suffisant pour fabriquer des armes.

Le dirigeant de l’opposition libyenne, Shoukry Sanky, a indiqué à SciDev.Net que le programme nucléaire libyen était à ses toutes premières étapes, donc "nous ne pouvons pas dire que nous en avions vraiment un".

Lien vers l’article complet publié par l’Associated Press (en anglais)

Reportage supplémentaire réalisé par Yojana Sharma.