03/06/19

Produire de l’électricité à partir de la coque de cacao

Cocoa Husks
Deux hommes utilisent un tamis géant pour éliminer les impuretés d'un tas de graines de fèves de cacao séchées, à Douékoué, en Côte d'Ivoire. Crédit image: Pascal Maitre/Panos Pictures

Lecture rapide

  • Un projet de recherche vise à transformer l'enveloppe de cacao en énergie
  • Le projet pourrait résoudre les problèmes d'électrification rurale au Ghana
  • Un expert estime que quoique viable, il utilise une technologie coûteuse

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Un nouveau projet de recherche visant à transformer les cosses de cacao en une matière première adaptée à un système de production d'électricité hors réseau pour les communautés rurales est en cours au Ghana.

Trois pays africains (Côte d'Ivoire, Ghana, Cameroun) font partie des cinq plus grands producteurs de cacao à l'échelle mondiale et les résultats du projet pourraient donc servir au-delà des frontières ghanéennes.
 
Intitulé IBRES (Implementation of Bio-Rural Energy Scheme for Ghana – Mise en œuvre du programme d'énergie biologique en milieu rural pour le Ghana), le projet est dirigé par une équipe de chercheurs de l'Université de Nottingham, au Royaume-Uni. Il a débuté en juillet 2018 et prendra fin en juillet 2020.
 
Il permettra également d'étudier la perception qu’ont les parties prenantes du régime de production et de distribution de l'énergie au Ghana et de se pencher sur la façon d’organiser les communautés en coopératives.
 
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 69% des citadins ghanéens recourent encore au bois pour la cuisson et le chauffage, ce qui constitue une menace pour les réserves forestières du pays et entraîne des conséquences désastreuses pour l’écosystème.
 
« Le secteur énergétique du Ghana semble manquer de capacités suffisantes pour la production et la distribution d’électricité dans la plupart des communautés rurales. L’idée d’utiliser des déchets tels que les cosses de cacao pour la production d’énergie hors réseau aiderait donc à surmonter certains de ces obstacles », explique à SciDev.Net le professeur Jo Darkwa, chercheur principal.

Selon le Centre pour l'énergie, l'environnement et le développement durable (CEESD), l'indice d'électrification actuel au Ghana, de 84%, se situe au deuxième rang en Afrique subsaharienne, après l'Afrique du Sud, mais la majeure partie est consommée dans les villes et les zones urbaines, et environ 33% des ménages ne sont pas électrifiés en milieu rural.
 
« L'une des ressources énergétiques potentielles de la biomasse disponibles en abondance mais pas encore suffisamment exploitée est l'enveloppe de cosse de cacao, avec une estimation d'environ 800.000 tonnes métriques produites par an », ajoute le professeur Jo Darkwa.
 
Le chercheur explique que la fourniture de services énergétiques viables et abordables grâce aux coques de cacao pour utilisation dans les installations de réfrigération des aliments et les infrastructures médicales, le pompage de l'eau pour l'irrigation, la purification de l'eau, la cuisson et l'éclairage général, ainsi que les technologies de l'information et de la communication, viendrait à point nommé pour améliorer la qualité de la vie et réduire la pauvreté dans les communautés rurales.
 
Selon les chercheurs, le projet, qui est à mi-parcours, devrait aider les décideurs politiques à atteindre certains des objectifs du programme de réduction de la pauvreté énoncés dans le Programme de croissance et de développement partagés du Ghana (GSGDA).
 
En cas de succès, les unités de production d'électricité seraient commercialisées.
 
« Un certain nombre d’études ont été menées pour évaluer la faisabilité de l’utilisation de coques de cacao à des fins de production d'électricité et le projet a été jugé réalisable. La technologie de gazéification proposée est une technologie éprouvée, mais qui reste assez chère », a déclaré Ishmael Agyekumhene, président du comité technique de la PURC [Public Utilities and Regulatory Commission – Commission de réglementation des services publics] du Ghana.
 
« Étant donné que la ressource est jugée abondante et que, dans la plupart des cas, elle pose des problèmes en matière d'environnement et de gestion des déchets, c'est un bon projet », déclare à SciDev.Net Ishmael Agyekumhene, également expert en énergie.
 
Et d'expliquer que, une fois testée, la technologie pourrait aider à fournir une électricité verte et fiable aux habitants des zones rurales et pourrait offrir des solutions de remplacement moins coûteuses que l’extension du réseau, si le coût du KWh d'électricité après la recherche était connu.
 
Il a en outre suggéré que l'énergie solaire photovoltaïque soit une autre solution pour relever le défi de l'électricité hors réseau, ajoutant que le potentiel de l'énergie éolienne, des petites centrales hydroélectriques et de la biomasse pourrait également être exploité où la ressource existe et pourrait être converti de manière rentable en électricité.
 
Gideon Marcel, fondateur du GYEM (Mouvement des jeunes pour l'environnement du Ghana), un groupe de plaidoyer et de campagne sur les énergies renouvelables, affirme pour sa part que le projet a le potentiel de résoudre le problème du bois de chauffage au Ghana, mais que les parties prenantes doivent être prudentes et critiques quant à la manière dont la solution est conçue.
 
Le projet de recherche IBRES est un effort de collaboration entre des chercheurs de l’Université de Nottingham, du Centre pour l’énergie, l’environnement et le développement durable (CEESD), de la Division de la santé du cacao au Ghana et de l’Université Kwame Nkrumah pour la science et la technologie (KNUST).