11/02/11

Une forte augmentation des têtes de bétail nuirait à la santé humaine

L’augmentation du nombre de têtes de bétail entraînera-t-elle plus de maladies ? Crédit image: FlickrILRI

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[NEW DELHI] Selon certains délégués participant à la conférence organisée par Vision 2020 sous le thème ‘Impulser l'agriculture pour améliorer la nutrition et la santé’, l’intensification de l’élevage des animaux dans les pays en développement, en particulier en Afrique et en Asie, pourrait accroître la fréquence des épidémies frappant les humains et les animaux.

Le nombre de têtes de bétail est en forte augmentation, en raison à la fois de la croissance démographique — les petits exploitants agricoles dépendent de l’élevage pour leur subsistance — et de l'augmentation de l’affluence, conduisant à une demande accrue de lait, de viande et d’œufs.

Pour John McDermott, directeur général adjoint chargé de la recherche auprès de l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), "l'augmentation de la densité conduit à l’accroissement des contacts entre les humains et les animaux — entraînant la transmission d'agents pathogènes".

McDermott et son co-auteur, Delia Grace, une chercheuse en médecine vétérinaire et en sécurité alimentaire au même institut, affirment que chez l’homme, plus de 60 pour cent d’agents pathogènes connus et trois-quarts des nouveaux agents sont transmis par des animaux.

"Le bétail", explique McDermott, "est l'un des plus grands outils de réduction de la pauvreté, mais si le monde développé dispose de la capacité pour faire face aux maladies liées à l'élevage du bétail, le coût rend la chose impossible pour les pays pauvres".

Il note que les maladies du bétail sont un double problème de santé, puisque se pose également le risque que la nutrition humaine soit en danger en cas d’épizootie frappant le bétail.

L'urbanisation rapide pourrait aggraver la situation, poursuit-il, si les maladies se déplacent avec les humains, des zones rurales vers les villes. Les changements climatiques aussi, obligeront les agriculteurs à rechercher de nouvelles terres comme les forêts, où ils peuvent interagir avec la faune porteuse d'agents pathogènes.

L’intensification de l'agriculture dans le monde en développement est généralement axée sur l'augmentation de la production alimentaire et de la rentabilité, alors que ses effets potentiels sur la santé humaine restent largement ignorés, ont-ils déclaré lors de la conférence (10-12 février).

L'irrigation à grande échelle peut également intensifier l'effet d’une maladie. Ainsi, certaines conditions permettent au virus de la fièvre de la vallée du Rift de prendre racine dans de nouvelles régions, où des épidémies occasionnelles tuent des centaines de personnes et des milliers d'animaux. [Lien]

Pour Per Pinstrup-Anderson, professeur de politiques alimentaire, nutritionnelle et publique à l'Université Cornell, aux Etats-Unis, "les contacts entre les animaux et les êtres humains constituent l’élément clé ici. Les agriculteurs doivent apprendre à tenir les animaux éloignés de leurs lieux d’habitation".

McDermott affirme que les pays devraient investir dans la surveillance des maladies, en adoptant une approche participative intégrant les gardiens des troupeaux, en raison de leur connaissance par observation des maladies.