21/04/10

Un vaccin destiné aux porcs pour stopper une maladie du système nerveux

Le ténia du porc peut vivre chez l'être humain sans causer de graves dégâts, mais l'ingestion de ses oeufs peut causer des complications potentiellement mortelles. Crédit image: Flickr/kat m research

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[YAOUNDÉ]Des chercheurs au Cameroun ont annoncé le succès d'un vaccin qui débarrasse les porcs d'un parasite capable de causer, chez les êtres humains, une maladie potentiellement mortelle du système nerveux.

Le parasite Taenia solium, plus connu comme le ténia du porc, est la principale cause de l'épilepsie évitable dans le monde en développement (voir Le lien entre le ténia et l'épilepsie est beaucoup plus important qu'on ne le pense).

Ce ver est transmis des animaux aux êtres humains avec la consommation de la viande de porc trop peu cuite et peut également se répandre d'individu à individu suite à l'exposition au T. solium contenu dans les excréments humains. Le parasite est répandu dans les régions où la salubrité est insuffisante, et où les porcs et les êtres humains cohabitent, entraînant une constante réinfection malgré les mesures de contrôle.

Le ténia du porc peut vivre chez l'être humain sans causer de graves dégâts. Mais si la nourriture humaine est contaminée par les œufs du parasite, ils éclosent dans l'intestin et migrent vers le cerveau, entraînant la neurocysticercose, une maladie potentiellement mortelle du système nerveux dont les symptômes sont, entre autres, des kystes et des convulsions.  

Au Cameroun, les chercheurs ont procédé aux essais d'un vaccin – développé à l'Université de Melbourne en Australie – contre ce parasite, sur plus de 200 porcelets âgés de trois mois. Tous les porcelets ont reçu un traitement pour tuer les parasites présents avant la vaccination, tandis que la moitié d'entre eux a également reçu trois doses du vaccin.

Les porcelets ont ensuite été répartis dans les porcheries du nord du pays, en paires composées chacune d'un animal vacciné et d'un animal non vacciné, explique Emmanuel Assana, chercheur camerounais à l'Institut de Médecine tropicale en Belgique qui a dirigé ces essais dont les résultats sont publiés ce mois (avril) dans l'International Journal for Parasitology.

 Environ un an plus tard, à l'âge auquel les porcelets sont égorgés pour de la viande et où ils peuvent donc transmettre le parasite aux humains, l'équipe a examiné les animaux, et a trouvé des parasites vivants chez 20 des porcs non vaccinés, mais chez aucun des animaux vaccinés.

Assana estime avoir "démontré que ce vaccin est hautement protecteur chez les porcs de villageLa vaccin a été non seulement en mesure de réduire la transmission du parasite, mais il a pu totalement éliminer toute transmission aux porcs impliqués dans les essais".

Pour Assana, la combinaison de la vaccination et d'un médicament de déparasitage est une procédure simple, capable de stopper la transmission du T. solium dans les zones endémiques.

Les chercheurs n'ont à ce jour pas déterminé quel serait le coût du vaccin en cas de production à grande échelle. Ils espèrent l'améliorer, en le modifiant pour qu'il soit administré en dose unique, au lieu des trois injections utilisées dans les essais réalisés au Cameroun, et entendent le transformer en un vaccin comestible plutôt qu'injectable.

Pour Marshall Lightowlers, chercheur à l'Université de Melbourne, qui a dirigé les travaux de recherche sur le vaccin, "si d'autres essais de terrain et la production à grande échelle du vaccin sont concluants, nous pouvons espérer qu'il sera prêt à l'utilisation dans trois à cinq ans"..

Références

International Journal for Parasitology doi:10.1016/j.ijpara.2010.01.006 (2010)