21/02/14

Les jeunes chercheurs négligés dans le monde en développement

Young Scientists_Flickr_IRRI Images
Crédit image: Flickr/IRRI Images

Lecture rapide

  • Un grand nombre de jeunes chercheurs dans les pays pauvres citent le manque de financement comme une contrainte majeure
  • L'étude comble une lacune de données sur le statut des jeunes scientifiques dans les pays en développement
  • Elle encourage également d'autres études sur les jeunes chercheurs à travers le monde

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[LE CAIRE] L’absence de ressources, une formation déficiente et de faibles possibilités de financement constituent les obstacles les plus souvent cités dans la panoplie des difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes chercheurs dans le monde en développement, selon une enquête réalisée par l’Académie mondiale des Jeunes (AMJ), une organisation qui soutient les jeunes chercheurs.

Le rapport sur l’état des jeunes scientifiques à l’échelle mondiale (GloSYS), publié le mois dernier (21 janvier), a évalué les besoins des jeunes chercheurs du monde entier.

Ses auteurs disent espérer que la publication d’un état des lieux "de ce qui est connu et de ce qui ne l’est pas au sujet des jeunes savants à travers le monde" aidera les décideurs à identifier les domaines dans lesquels ils peuvent concentrer leurs énergies et les meilleurs moyens d’orienter des ressources limitées pour soutenir les jeunes chercheurs et le système d'innovation dont ils font partie."

Irene Friesenhahn, chargée de projet à GloSYS et co-auteure du rapport, affirme que l’étude a permis de voir que les chercheurs dans les pays en développement manquent de ressources dans plusieurs domaines, y compris les subventions de recherche et les possibilités de formation.
 

“Ce genre d'étude encouragera le lancement d'académies nationales de jeunes scientifiques dans les pays en développement.”

Jauad El Kharraz, Association arabe mondiale des jeunes scientifiques

Par exemple, 71 % des répondants en Afrique sub-saharienne (représentée par le Nigeria et l'Afrique du Sud) et 70 % de ceux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Egypte, Tunisie et  Pakistan) ont déclaré que l’absence d’opportunités de financement constitue un problème.

L'instabilité politique a également été citée par 31% des personnes interrogées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord comme une barrière à une carrière réussie, alors que seulement 9% des chercheurs d'Afrique sub-saharienne ont estimé que c’était un facteur déterminant.

L'étude était une évaluation préliminaire que l’AMJ espère étendre à l'avenir. Elle a interrogé 650 jeunes chercheurs de 12 pays en développement.  

L'étude a également noté que la recherche pour les mots clés "jeune chercheur" et "profession académique" dans la base de données de Web of Science a révélé que l’Europe et l’Amérique du Nord contribuent à raison de plus de deux-tiers aux publications de recherche dans ces domaines.

Ceci laisse entendre, selon l'étude, que la réflexion universitaire sur les pressions sociales auxquelles font face les jeunes chercheurs, est limitée en grande partie aux pays développés.

Mais Sameh Soror, co-président de l’AMJ et biochimiste à l'Université de Helwan, au Caire, en Egypte, explique à SciDev.Net que "les données sur le statut des jeunes chercheurs des pays en développement n'existent presque pas et nous ne serons pas en mesure de planifier notre avenir si nous n'avons pas une vision claire de notre présent."

Jauad El Kharraz, secrétaire général de l'Association arabe mondiale des jeunes scientifiques, dit quant à lui espérer que l'étude donnera aux décideurs un document de référence sur l'état des jeunes chercheurs dans les pays en développement et encouragera l'adoption de mesures susceptibles d’améliorer leur situation.

Il insiste par ailleurs sur la nécessité de veiller à la liberté académique et d'encourager de nouvelles études sur les jeunes chercheurs à travers le monde, afin  que les institutions puissent apprendre les meilleures pratiques en provenance d'autres régions.

"Ce genre d'étude encouragera le lancement d'académies nationales de jeunes scientifiques dans les pays en développement. Ces organismes sont des institutions idéales pour appliquer les recommandations de l'étude de GloSYS ou moins pour en assurer le suivi", a déclaré Jauad El Kharraz à SciDev.Net.

Et d’ajouter que l’AMJ prévoit une étude plus complète sur les jeunes chercheurs à travers le monde, avec l’espoir qu'elle servira de base pour une feuille de route en vue d’offrir de meilleures perspectives aux jeunes chercheurs.

Catherine Beaudry, chef de projet à GloSYS et co-auteure de l’étude, déclare: "Il est important d’analyser en profondeur les résultats déjà en notre possession, mais il serait également très utile de prendre davantage en considération, dans chaque région, les questions d’envergure régionale et d’ordre culturel, telles que le genre et l'égalité, ainsi que les conditions de travail". 

Selon elle, la collaboration sur plusieurs études avec des partenaires régionaux "permettrait de déceler avec plus de précisions les différences d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre."