10/03/11

L’Egypte abandonne le projet de création d’un ministère réservé à la science

Pour certains chercheurs, la saga du ministère de la science est le témoin de la vision confuse de l'avenir scientifique en l'Egypte Crédit image: Flickr/Takver

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[LE CAIRE] L’Égypte a renoncé à son projet de création d’un ministère pour la recherche scientifique, à la grande déception de certains scientifiques, pour qui cette décision refroidit la perspective d’un accroissement du budget consacré à ce domaine.  

Un nouveau gouvernement, formé le mois dernier (22 février) après le soulèvement du 25 janvier, avait annoncé la création d’un ministère de la recherche scientifique, distinct du ministère de l’enseignement supérieur jusqu’ici chargé de la science.

Pourtant, après la démission du premier ministre à peine deux semaines plus tard et la formation d’un nouveau gouvernement le 7 mars, la décision a été annulée.

Pour Amr Ezzat Salama, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, "cette décision a vu le jour suite à l’examen des liens étroits entre les activités de recherche dans les centres de recherche et les universités".

Amr Ezzat Salama reconnaît que cette fusion pourrait influer sur la part du budget du ministère allouée à la recherche scientifique, mais affirme avoir reçu des promesses de l’État que le budget de la recherche scientifique serait augmenté dès que possible.

"L’augmentation du budget de la recherche scientifique est essentielle parce que l’activité de recherche dans un pays comme l’Egypte est la locomotive du développement – et non une activité de luxe", a-t-il ajouté.

Certains chercheurs égyptiens jugent néanmoins que cette décision refléte la confusion régnant dans la vision du pays quant à l’avenir de la recherche scientifique.

Maged El-Sherbiny, président de l’Académie de la recherche scientifique et de la technologie (ASRT), se dit frustré par cette annonce, mais affirme en comprendre les raisons, au vu du fait que "73 pour cent de l’activité de recherche en Egypte a lieu dans les universités".

Pour El-Sherbiny, si les liens entre chercheurs de l’enseignement supérieur et ceux des centres de recherche se doivent d’être solides, un équilibre financier approprié doit être apporté entre les deux groupes.  

Selon l’Agence centrale égyptienne pour la mobilisation publique et les statistiques, le budget de la recherche scientifique pour 2011 s’élève à environ US$ 89 millions, une somme qui n’a pas augmenté depuis 2007, et qui représente à peine 0,23 pour cent du produit intérieur brut (PIB) de l’Egypte, d’après le rapport scientifique 2010 de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture.

Pour Mohamed Al-Halawany, chercheur auprès du Réseau national d’information de l’ASRT, "la fusion signifie que le pourcentage le plus élevé du budget du ministère sera consacré aux salaires, aux traitements et aux indemnités – au lieu d’assurer un budget séparé qui encourage la recherche scientifique.

"Il est essentiel que les centres de recherche identifient des moyens pour augmenter leurs fonds propres, en mettant en place des stratégies pour la commercialisation de leur recherche et de leurs découvertes en ciblant les investisseurs", a-t-il ajouté.