03/08/15

Deux universités francophones dans le viseur des autorités nigérianes

Students graduation
Crédit image: Babcock University

Lecture rapide

  • Pour fuir l’instabilité, de nombreux étudiants nigérians vont étudier au Bénin et au Niger
  • Mais les autorités nigérianes mettent en cause la qualité de leur formation
  • Elles exigent des universités de ces deux pays de se conformer aux normes nigérianes

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[LAGOS] La Commission nationale des universités (NUC) du Nigeria a averti que les diplômes obtenus à l’université américaine Maryam Abacha de Maradi, au Niger (MAAUN) et ceux des annexes nigérianes de l’Université Nord Américaine Houdégbé, au Bénin, ne seront pas reconnus au Nigeria.

Dans une interview à SciDev.Net, Gidado Kumo, le directeur des normes académiques à la NUC, a justifié la décision des autorités nigérianes par le non-respect par ces établissements des normes en vigueur dans le pays.
 
"L'exclusion de l’université américaine Mariam Abacha s’explique par le fait qu'au Nigeria, il faut trois ans pour obtenir la licence pour des études à temps plein et six ans pour des études à temps partiel. Or la MAAUN propose des programmes de licences en deux ans. Ceci est contraire aux normes en vigeur au Nigeria", a-t-il fait valoir.
 
La licence en deux ans
 
En outre, a-t-il poursuivi, "cette université offre des études scientifiques à temps partiel ou à distance. Il s’agit, par exemple, de la formation des infirmiers et infirmières, des techniciens de laboratoires, etc. Ceci est inacceptable ici. De telles études se font à temps plein, compte tenu de leur caractère scientifique."
 
Pour sa part, le directeur de l'Information de la NUC, Malam Ibrahim Yakasai, a déclaré à la presse que l’organisme a récemment été inondé de demandes de renseignements de la part de certains étudiants nigérians qui ont reçu une offre d’admission à temps partiel à la MAAUN, avec un temps de fin d'études de quatre semestres.
 
Le responsable nigérian a notamment précisé que l'établissement avait admis des étudiants qui, dans des circonstances normales, n’auraient pas obtenu l'admission dans un établissement d'enseignement supérieur nigérian.
 
Il a regretté qu’au lieu d'aborder les questions soulevées par la NUC, l’université américaine Maryam Abacha recoure à "une campagne de calomnies contre la commission."
 
Selon un correspondant de SciDev.Net au Niger, la rentrée universitaire à la MAAUN, à Maradi, aura lieu le 5 août prochain et les responsables de l’établissement n’étaient pas disponibles pour fournir des explications au sujet de la décision des autorités nigérianes.
 
La NUC conseille par ailleurs aux parents de toujours se référer à la Commission avant d'envoyer leurs enfants étudier dans des établissements d’enseignement à l'étranger.
 
Parallèlement, la NUC a également émis des réserves sur la qualité des enseignements délivrés par l’Université Nord-américaine Houdégbé, basée à Cotonou.
 
Université controversée
 
Selon Gidado Kumo, l’université Houdégbé est "l'une des universités controversées" qui ont eu des problèmes avec la NUC au cours des quatre dernières années.
 
Les annexes de l'Université Nord-Américaine Houdegbé au Nigeria – notamment à Badagry, Kano, Jos et dans l'Etat de Gombe – sont dans le viseur de la commission, qui souligne que les diplômes qui y sont délivrés ne seront pas reconnus. 
 
"Nous avons demandé une visite d’agrément, mais elle été catégoriquement refusée par l'Université Nord-américaine Houdégbé", précise Gidado Kumo.
 
Selon les autorités nigérianes, Houdégbé délivre 600 diplômes aux étudiants de sa faculté de droit, alors que le plus grand nombre d’étudiants en droit diplômés d’une seule université nigériane est de 200.
 
La NUC a par conséquent fait savoir que les diplômes délivrés par la faculté de droit de l’université Houdégbé ne seront pas reconnus au Nigeria.
 
Toutefois, précise-t-elle, les diplômes obtenus dans les enceintes de l’université, au Bénin, pourraient être acceptés, s’ils remplissent les conditions appropriées fixées par elle.
 
Selon Malachy Udejinta, de l'Université Ajayi Crowder, à Oyo, dans son appréciation de la qualité et de la validité des enseignements dispensés par une université, "la commission prend en compte l'etat des infrastructures, le nombre d'enseignants ayant obtenu un doctorat et le nombre d'années nécessaires pour obtenir les diplômes tels que la licence, le master et le doctorat, ainsi que le rapport de la visite des inspecteurs de la commission."
 
Gidado Kumo précise que les conditions minimales pour qu’un programme de formation de l’université Houdégbé soit reconnu au Nigeria comprennent une formation à temps plein et entièrement résidentielle, "assortie d’une provision du certificat de résidence au moment de l'obtention du diplôme."
 
Il est à noter que l'Université Nord-Américaine Houdégbé ne figure pas sur la liste des trente universités privées du Bénin accréditées par la NUC et dont SciDev.Net a obtenu copie.
 
L’instabilité politique au Nigeria, liée notamment aux activités du groupe islamiste Boko Haram dans certaines régions du pays, ainsi que la crise de l’enseignement supérieur, ont poussé de nombreux étudiants nigérians à aller suivre des formations dans les pays voisins, notamment le Niger et le Bénin.