02/04/09

Contraction et convergence : la solution pour une croissance durable

Les Chefs de délégations du G20 à l'ouverture du sommet Crédit image: Flickr/London Summit

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L’actuelle crise financière internationale n’est pas sans rappeler, de manière parfois frappante, les crises sociale et économique que les changements climatiques risquent de provoquer.

L’avidité a été pour beaucoup dans l’expansion rapide des marchés financiers au cours des deux dernières décennies ; la consommation determinée de quantités sans cesse croissantes de carburants fossiles émetteurs de dioxyde de carbone lui fait écho.

Dans les deux cas, la réglementation s’est avérée tristement inadaptée. La régulation des marchés financiers dans le monde n’a pas su prévenir  l’effondrement des marchés – de la même manière, les autorités de régulation de l’environnement n’ont parvenu à réduire les émissions de carbone.

Dans les deux cas, la responsabilité de la crise incombe principalement aux pays du monde riche et industrialisé. Cependant, ce sont les citoyens des pays pauvres qui vont en endureront les conséquences, qu’il s’agisse des pertes d’emplois ou la détérioration des conditions de vie.

Réformer, mais à quels fins ?

Réunis cette semaine à Londres, les dirigeants des pays du G20 regroupant pays industrialisés et économies émergentes, ont promis de s’attaquer à l’aspect financier de cette double crise.

Un plan de réforme pour réguler le système financier international serait une mesure essentielle et encourageante pour limiter les dégâts économiques causés par l’avidité débridée de l’homme. Mais résoudre la crise financière en stimulant la demande pour les biens et services présente un risque majeur : cette stratégie ne représente en rien une solution à la crise environnementale causée par cette même demande.

Elle ne changera rien, par ailleurs, au fossé qui sépare les pays riches des pays pauvres, fantôme qui continue de hanter le processus de mondialisation. Pour le combler, il faudra mettre en œuvre des mesures supplémentaires, et notamment affecter aux pays en développement une part équitable des ressources déployées pour la relance de l’économie mondiale.

Il faudra également s’assurer que la relance ne viendra pas réduire les budgets alloués aux programmes d’aide – le monde en développement subissant les effets d’une récession économique dont il n’est pas responsable, ces fonds s’avèrent plus cruciaux que jamais.

Pour une croissance durable

Au cours des prochains mois, le vrai défi pour les dirigeants du G20 sera de parvenir à mettre en place un nouveau système économique mondial, qui non seulement garantisse la stabilité financière, objectif affiché du sommet de Londres, mais aussi mette le monde sur le chemin d’une véritable croissance économique durable.

S’inspirant du New Deal des années 30 grâce auquel les Etats-Unis se sont tirés de la dépression, un collectif d’associations environnementales, caritatives, patronales et syndicales ont adressé la semaine dernière une lettre ouverte aux dirigeants du G20, dans laquelle ils estiment que  ‘le monde a besoin d’un New Deal qui soit ‘mondial’ et ‘vert’.’

Aujourd’hui, le défi qui nous fait face est plus grand encore que dans les années 30. La résolution de la crise dépend en effet d’un message difficile à faire accepter par beaucoup de personnes dans le monde développé : les pays riches doivent consommer moins, précisément au moment où le monde en développement doit être autorisé à consommer plus.

Ce dilemme sera également au centre des prochaines négociations de Copenhague sur les changements climatiques, afin d’établir un accord pour succéder au Protocole de Kyoto. D’importantes réductions des émissions de carbone ne seront possibles que si le monde développé change de mode de vie ; mais on ne peut espérer que le monde en développement suive qu’à condition de lui autoriser le développement économique nécessaire pour se sortir de la pauvreté.

Le droit au développement

Des militants climatiques proposent pour solution un programme axé sur ‘la contraction et la convergence’. Ils prônent une réduction dans la demande mondiale pour les technologies à forte intensité de carbone, tout en accordant aux pays en développement le droit de profiter des avantages de la croissance économique.

Pour les pays riches, cela signifie assurer qu’une bonne partie des mesures de relance soit affectée au soutien et au développement des industries durables – le Président Obama a déjà promis d’œuvrer dans ce sens.

Pour les pays pauvres, cela suppose ce même type de mesures, mais plus encore. Aucune tentative de réforme de l’économie mondiale fondée sur l’équité sociale et la stabilité politique ne saurait ignorer les nombreux besoins sociaux, énumérés en partie dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Reste à espérer que l’accord conclu par les dirigeants du G20 cette semaine à Londres reflète l’existence d’un engagement de la communauté internationale à mettre en place une plateforme financière solide, capable d’instaurer une nouvelle ère de croissance économique qui mette à contribution l’innovation des hommes, tout en limitant leurs excès.

Mais cette nouvelle ère ne doit ni répéter ni perpétuer les erreurs du passé. Résoudre la crise financière est une nécessité, mais ce n’est pas suffisant.  Il faut aussi relever les redoutables défis politiques inhérents à la réalisation d’un développement équitable et durable.

David Dickson,
Directeur du Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net).