14/02/12

Le risque posé par les moustiques GM serait mal évalué

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Crédit image: Wellcome Library, London

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[KUALA LUMPUR] Les décisions de libérer des insectes génétiquement modifiés (GM) dans la nature devraient être prises de manière plus transparente et être fondées sur de meilleurs arguments scientifiques, selon un rapport.

Les auteurs de ce document affirment que, jusqu'à présent, les évaluations de l’impact environnemental de ces libérations ont été " insuffisantes sur le plan scientifique", et que, sans des évaluations de risques appropriées et tenues à disposition du public, ce dernier pourra devenir hostile à l’idée des moustiques GM avant qu"’il ne soit possible d’en déterminer la valeur".

Publié par des scientifiques de l'Institut Max Planck de biologie évolutive, en Allemagne, le rapport suit de près un débat animé sur le risque entraîné par le fait de relâcher des moustiques GM dans la nature.

Des opérations de libération de moustiques ont été effectuées par Oxitec, une société basée au Royaume-Uni, dans les îles Caïmans et en Malaisie. Elles ont été fortement critiquées par certains groupes environnementaux.

Des propositions de libération de moustiques et d'autres insectes GM sont en cours d'évaluation dans plusieurs autres pays, dont le Guatemala, l’Inde, le Mexique, le Panama, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam.

Le rapport souligne qu’à défaut d ‘un accès à des informations scientifiques précises avant la libération, il est "naïf de s'attendre à ce que le développement des technologies d'insectes GM progresse beaucoup" parce que l'hostilité du public risque d’enfler.

Les autorisations réglementaires délivrées pour les premières libérations dans les îles Caïmans, en Malaisie et aux Etats-Unis se sont appuyées sur des rapports qui n'étaient pas disponibles au public, et sur des "affirmations scientifiques clés discutables", selon les auteurs.

Le rapport suggère d’investir davantage d’efforts pour encourager une recherche indépendante, indispensable à l’évaluation des risques environnementaux, et il fournit une liste pour aider ceux qui le veulent à déterminer si une autorisation de libération s’appuie sur de bonnes bases scientifiques.

La première libération de moustiques GM dans les îles Caïmans en 2009, rendue publique un an plus tard, a pris de court les scientifiques du monde entier. Elle a été suivie de peu par une libération en Malaisie, puis au Brésil.

Les moustiques Aedes aegypti sont des vecteurs naturels de la dengue. Les moustiques GM ont été conçus pour transporter le gène OX513A, qui raccourcit leur durée de vie, dans l’espoir que cela pourrait éradiquer cette fièvre.

Helen Wallace, directrice exécutive de GeneWatch Royaume-Uni, un groupe à but non lucratif qui suit l'évolution des technologies génétiques, a cependant déclaré que beaucoup d'incertitudes entourent ces moustiques GM et leurs effets à long terme sur l'environnement.

"Davantage d’expériences à huis clos et dans des périmètres contrôlés auraient dû être effectuées pour évaluer les risques", soutient-elle. "Les informations dont nous disposons concernant les résultats des essais proviennent exclusivement du site Web d’Oxitec et aucun rapport détaillé n’a été publié".

L’article de synthèse avance aussi que les autorités réglementaires en Malaisie ont omis de citer les études publiées, examinées par les pairs.

Les représentants d’Oxitec rétorquent que les revues examinées par les pairs ne s’intéressent pas toujours à la publication des études qui ne comportent aucun fait surprenant.

Hadyn Parry, PDG d’Oxitec, a balayé les inquiétudes et attribué l’insuffisance d'information au "processus d'examen par les pairs, qui peut souvent prendre beaucoup de temps", surtout si le manuscrit est rejeté et doit être soumis à une autre revue.

"Cela s'est passé à plusieurs reprises avec notre recherche car les publications estimaient qu'elle ne présentait pas suffisamment d’intérêt", a dit Parry.

L’article de synthèse s’intégrait dans une rubrique spéciale sur les insectes GM, publiée par PLoS Maladies tropicales négligées le 31 janvier dernier.

Le sujet a retenu l'attention des chercheurs à la suite des libérations dans la nature. Un numéro spécial de la Revue Asie-Pacifique de biologie moléculaire et de biotechnologie a également été consacré aux moustiques GM en juillet 2011.

 

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