16/04/10

Réactions contrastées à une nouvelle nomination à l’UNESCO

Gretchen Kalonji : peu connue, mais décidée à faire avancer la science en Afrique Crédit image: CALIT2

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L'UNESCO a nommé une américaine spécialiste en science des matériaux au poste de directrice générale adjointe de son prestigieux secteur des sciences exactes et naturelles, qui avec celui de l'éducation, dispose de l'essentiel du budget de l'organisation.

Gretchen Kalonji vient du Bureau du Président auprès de l'Université de Californie. Elle a développé des liens solides avec des départements de recherche dans les pays asiatiques et selon des diplomates à en poste Paris, s'est engagée à promouvoir la science en Afrique.

La directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, qui a pris ses fonctions en novembre dernier (voir Une bulgare l'emporte sur le favori de l'élection à la tête de l'UNESCO), a rendu public sa nouvelle équipe comprenant huit adjoints cette semaine (14 avril).

Des diplomates en poste à Paris ont déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que Kalonji bénéficiait d'un soutien solide du Département d'Etat américain, qui visait un poste de haut niveau à l'UNESCO pour un américain, après l'attribution du poste de directeur général adjoint à un éthiopien — Getachew Engida – l'actuel administrateur des finances de l'UNESCO.

Certains diplomates et de nombreux fonctionnaires de l'UNESCO ont pourtant exprimé leur surprise devant ce qui apparait à leurs yeux comme une nomination sans tambour ni trompette. Ils affirment qu'un certain nombre de candidats américains plus solides et plus charismatiques avaient pourtant été proposés pour ce poste.

Kalonji a rejoint l'Université de Californie en 2005, dont elle dirige la stratégie de développement international.

Avant la Californie, Kalonji était professeure de science des matériaux à l'Université de Washington, à Seattle, qu'elle a rejointe après avoir quitté son poste de professeure adjointe au Massachusetts Institute for Technology (MIT) où elle a intenté avec succès un procès pour discrimination fondée sur le sexe lorsqu'elle n'a pas été titularisée.

Dans les couloirs parisiens du siège de l'UNESCO, les commentaires portent non pas sur l'aptitude de Kalonji pour le poste, mais plutôt sur son passé haut en couleur.   

Le partenaire de Kalonji, Denice Denton, une ancienne chancelière de l'Université de Californie, Santa Cruz, et aujourd'hui décédée, avait déjà été critiquée par un syndicat des employés pour avoir aidé Kalonji à obtenir son poste actuel, rémunéré à US$ 192 000. Ce poste lui a été attribué à une époque où l'université augmentait les frais de scolarité des étudiants et réduisait les budgets.

La nomination de Kalonji est également considérée comme controversée en raison de sa formation d'ingénieur, parce qu'elle intervient à un moment où la division scientifique de l'UNESCO met l'accent sur l'hydrologie, la géologie, l'océanographie, la biodiversité et, plus récemment le climat.

Mais d'autres diplomates à Paris ont souligné que le véritable rôle de ce poste est de renforcer la diplomatie scientifique et d'accentuer le renforcement des capacités, en particulier en Afrique – Kalonji dispose dans ces domaines d'atouts évidents tels que la maîtrise de la langue Kiswahili répandue en Afrique de l'Est et l'expérience dans l'établissement de liens fructueux avec des universités en Tanzanie.

Pendant son séjour à l'Université de Californie, elle a également œuvré pour une forte expansion des relations universitaires avec la Chine, l'Inde et le Pacifique. En reconnaissance de ces efforts, en 2006, elle a été nommée professeure honoraire émérite à l'Université du Sichuan, à Chengdu, et professeure associée à l'Université de Qinghua, à Pékin.

Pour John Daly, vice-président de Americans for l'UNESCO, "Gretchen Kalonji semble être précisement la personne dont l'UNESCO a besoin – une scientifique compétente et une administratrice scientifique talentueuse, jouissant d'une grande expérience internationale. Elle a été pendant des années à la tête de la création d'une stratégie internationale pour les Universités de Californie – une expérience qui devrait être payante pour le programme des sciences naturelles de l'UNESCO".