24/08/12

Un outil de diagnostic simple capable de réduire le taux de mortalité du bétail

Livestock (Bétail)
Certains éleveurs espèrent que le nouvel outil 'marquera le début d'une nouvelle ère où la mortalité du bétail sera en recul'. Crédit image: Flickr/livestockcrsp

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[KAMPALA] Un nouvel outil de diagnostic pourrait contribuer au contrôle et à la prévention des maladies du bétail en Afrique subsaharienne, selons les conclusions d'une étude récente.

Constitué d'une carte de pointage pour enregistrer les symptômes des maladies animales, l'outil vise à simplifier le diagnostic tout en augmentant le nombre de diagnostics exacts ; les erreurs de diagnostic et une prise en charge inadéquate étant à l'origine de la résistance aux médicaments chez les animaux.

Selon une étude publiée dans PLoS ONE le mois dernier (12 juillet), cette carte d'intervention peu onéreuse a été testée par quinze vétérinaires dans cinq districts de l'Est de l'Ouganda.

Les chercheurs ont constaté que les vétérinaires qui utilisent la carte ont enregistré un nombre plus élevé de symptômes cliniques de certaines maladies, par rapport à la période où ils ne l'utilisaient pas, réduisant ainsi le risque d'erreur de diagnostic.

Pour Joseph Webeleta Magona, responsable de la recherche à l'Institut zonal de recherche et de développement de Bulindi en Ouganda, et l'un des principaux auteurs de l'étude, ce système de carte de pointage est 'conçu pour aider les communautés pastorales et les agents vétérinaires à diagnostiquer et traiter les pathologies animales'.

Les symptômes sont enregistrés sur la carte et les résultats obtenus donnent à l'utilisateur une idée de la maladie frappant l'animal. Cet outil permet d'éliminer certaines pathologies et de se concentrer sur celles qui sont le plus apparentés aux symptômes enregistrés.

Dans un entretien accordé à SciDev.Net, Magona cite la trypanosomiase, la théilériose, l'anaplasmose, la cowdriose, la fasciolose et la gastroentérite parasitaire comme étant les maladies animales les plus répandues en zones tropicales, responsables d'environ 50 pour cent des morts d'animaux dues aux maladies.

Il estime que l'outil pourrait se révéler utile dans les zones où l'accès aux services de laboratoire, pour confirmer les tests de diagnostique des maladies suspectées, est limité.

'En Afrique, les services vétérinaires ne sont généralement [pas fonctionnels] et dans de nombreuses régions, il n'existe même pas de laboratoires, et les échantillons prélevés sur les animaux ne peuvent par conséquent pas être confirmés', explique-t-il.

Jusqu'à 80 pour cent de la population ougandaise vit de l'agriculture de subsistance et de la production animale, et les éleveurs fournissent l'essentiel du lait et de la viande de bœuf consommé dans le pays, soit une fraction importante de son produit intérieur brut.

'Dans l'Est de l'Ouganda, on pratique l'agriculture mixte, mais plus de 90 pour cent des ménages élèvent des animaux, et suite à la privatisation des services vétérinaires, les ménages ont difficilement les moyens de s'offrir les services vétérinaires pour prendre soin de leurs animaux', poursuit-il.

Patrick Eyodu, un ougandais responsable vétérinaire de district, estime que cette innovation pourrait être 'capitale dans les zones qui connaissent des maladies de type mixte, grâce à son système de pointage, [qui] peut être utilisé même par des gens ayant un faible niveau de formation'.

Et Paul Rwakinengere, éleveur bovin ougandais, se félicité de l'invention de cet outil, qu'il juge 'à première vue formidable, et qui pourrait marquer le début d'une ère nouvelle où nous verrons la mortalité des animaux due aux maladies reculer'.

Pourtant, malgré les avantages apparents de l'outil et son accessibilité, il faudra probablement attendre longtemps avant que les services vétérinaires nationaux en Afrique ne l'adoptent. Les gouvernements n'accordent pas la priorité aux épidémies et mettent beaucoup de temps à réagir lorsqu'elles se produisent', regrette Magona.

Promouvoir son utilisation par les communautés pastorales sera également un défi, relève-t-il.

'Nous manquons de financement ou même d'organisation pour nous aider à lancer une grande campagne de sensibilisation sur cet outil', affirme-t-il. Aujourd'hui, seuls les participants à l'étude y ont recours pour le diagnostic des pathologies animales.

Références

PLoS ONE doi:10.1371/journal.pone.0040687 (2012)