16/01/12

Planter des arbres près de la maison accroît les revenus et séquestre le carbone

Outre le manguier et l'anacardier, les scientifiques conseillent également de planter le jujubier Crédit image: Flickr/tonrulkens

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Selon une étude, une forme d’agroforesterie à petite échelle consistant à planter des arbres autour des maisons, mettant à profit les terres disponibles pour les cultures de base, pourrait s’avérer être le juste milieu entre les efforts de séquestration du carbone et de réalisation d’un gain financier en cultivant d’autres produits.

Une multitude de projets a été lancée afin d’encourager les petits exploitants à planter les arbres dans le cadre des efforts de séquestration du carbone dans l’atmosphère, dans le but de participer à l’atténuation de l’impact des changements climatiques.

Or il existe un conflit d’intérêts stratégiques : les arbres occupent des terres utilisées pour les cultures de base, réduisant ainsi les revenus des agriculteurs. Dans de nombreux cas, ils ne perçoivent aucune rémunération pour avoir planté des arbres et quand bien même ils seraient rémunérés, l’argent perçu ne compenserait pas les avantages tirés des cultures.

Des chercheurs de la London School of Economics (LSE) au Royaume-Uni et de l’Institut fédéral suisse de technologie (ETH) de Zurich ont évalué sept systèmes de plantation d’arbres dans le cadre du Projet de séquestration du carbone de la communauté de N’hambita, dans le Mozambique rural, afin de mesurer la valeur des cultures et le volume de carbone séquestré.

Les arbres étaient plantés soit dans des vergers ; dans des parcelles boisées ; sur ou autour des terrains agricoles ; ou enfin autour de la maison sur une parcelle qui n’était précédemment pas utilisée à des fins agricoles.

Ils ont conclu que l’équilibre optimal entre la séquestration du carbone et l’augmentation des revenus des agriculteurs réside dans la plantation d’arbres autour du domicile, système qu’ils appellent ‘homestead planting’.

La densité des arbres est alors inférieure à celle d’une parcelle boisée, mais reste supérieure à celle d’autres systèmes de plantation, et parmi les espèces d’arbres adaptées on compte notamment le manguier ou l’anacardier, susceptibles de procurer des revenus à travers la vente des fruits ou du bois.

Pour Charles Palmer, auteur principal de l’étude et enseignant à la LSE, les agriculteurs qui exploitent à la fois les arbres et leurs cultures de base disposent de deux sources de revenus : les paiements au titre des crédits de carbone et les recettes des cultures de rente.

‘Les sommes perçues pour les VER [Réductions d’émissions vérifiées, ou titres compensatoires de carbone], constituant les paiements pour carbone, sont inférieures aux gains réalisés sur les cultures de rente, et apportent ainsi une moindre contribution au revenu’, dit-il.

Eike Luedeling, spécialiste des changements climatiques au Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF) à Nairobi au Kenya explique que si l’intégration de diverses options d’agroforesterie dans les activités de séquestration du carbone peut effectivement diminuer la capacité en stockage du carbone,  elle permet d’accroître l’intérêt des agriculteurs pour la séquestration.

‘Le potentiel net de stockage du carbone – qui dépend du potentiel de séquestration et du nombre d’agriculteurs engagés dans une activité donnée – pourrait ainsi être bien plus élevé, parce que les chances qu’elles soient adoptées sont plus élevées’.

Les chercheurs estiment qu’il s’agit de la première étude approfondie d’un projet d’utilisation des terres en Afrique intégrant les cultures de base dans la stratégie de séquestration. Ils affirment que seuls quelques projets de séquestration du carbone sont mis en œuvre sur le continent africain, alors que leurs effets bénéfiques pourraient avoir un impact plus significatif sur le continent que dans d’autres régions plus riches du monde en développement.

L’étude a été publiée dans la revue Land Use Policy de ce mois.

Lien vers l’article dans Land Use Policy (accès limité)

Références

Land Use Policy doi: 10.1016/j.landusepol.2011.05.007 (2012)