25/10/11

Les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest ‘s’adaptent déjà aux changements climatiques’

Les agriculteurs conçoivent leurs propres stratégies d'adaptation aux changements climatiques Crédit image: Flickr/IRRI Images

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[COTONOU, BENIN] Pour s’adapter aux changements climatiques, les agriculteurs africains ont imaginé de nouvelles techniques culturales et adopté des variétés de plantes à cycle court en faisant appel à leurs propres expériences et observations – ce sont les conclusions d’un atelier organisé au Bénin.

D’après Abdoulaye Gouro, président du comité scientifique du réseau de chercheurs RIPIECSA (Recherche interdisciplinaire et participative entre les écosystèmes, le climat et les sociétés d’Afrique de l’Ouest), "l’adaptation sociale aux changements climatiques est également observée chez les animaux". Il s’exprimait lors de l’atelier la organisé semaine dernière (18-21 octobre) par l’Institut français de recherche pour le développement (IRD) pour faire le point sur les projets actuels du RIPIECSA.

"Les agriculteurs ne restent pas bras croisés face aux changements climatiques. Ils plantent des secondes cultures et cultivent le manioc, l’igname, etc., dans les basses terres. C’est ainsi qu’ils ont pu augmenter les superficies cultivées dans certaines régions à cause des changements des saisons", a révélé lors de cet atelier Euloge Agbossou, chef du laboratoire d’hydrologie à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin.

"Les populations n’attendent pas les ingénieurs, les scientifiques et les chercheurs pour prendre des mesures d’adaptation. Elles sont conscientes du phénomène, elles le voient tout autour d’elles et s’y sont adaptées", a-t-il ajouté.

"Il nous revient à présent d’améliorer leurs méthodes et de voir si leurs stratégies d’adaptation corroborent les indications de la science".

Parmi les conclusions présentées pendant l’atelier figure une étude de ‘Ouémé 2025’, projet phare du RIPIECSA sur les effets des changements climatiques sur l’hydrologie de la rivière Ouémé qui forme une partie de la frontière entre le Bénin et le Nigéria. Elle a conclu que les ressources en eaux sont suffisantes mais continueront à nécessiter une gestion en saison sèche.

Jean-Baptiste Vodonou, coordonnateur adjoint du projet ‘Ouémé 2025’ et enseignant au département de géographie de l’Université de Parakou au Bénin, dit réfléchir à la création d’un observatoire de l’utilisation des ressources en eaux et de collecte de données supplémentaires "pour comprendre les aspects socioéconomiques de l’utilisation de l’eau" dans ce bassin hydrographique.

La prochaine étape consistera à partager les résultats avec les populations des régions où l’étude a été réalisée, assurer la durabilité du réseau et rechercher d’autres financements pour l’extension de l’étude.

Le projet a également contribué au renforcement des capacités scientifiques de plusieurs jeunes chercheurs et des membres du Réseau de recherche sur la mousson africaine (en anglais, African Monsoon Network ou AMMANET).

Pour Gouro, le RIPIECSA s’est fixé pour objectif de "soutenir les politiques scientifiques de réponse aux changements climatiques". "Nous pouvons faire progresser la recherche en Afrique si plusieurs acteurs travaillent ensemble sur un même problème".

Le réseau est soutenu par le gouvernement français et géré par l’IRD depuis sa création en 2007. Il a financé quelque 25 projets dans une dizaine de pays africains en collaboration avec le réseau AMMANET. Les pays membres du RIPIECSA sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal et le Togo.