08/02/11

Le lien entre la croissance rapide des plantes et la faible résistance aux parasites

Les aphides se reproduisent mieux sur les plantes qui poussent plus vite Crédit image: UZH

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Lʹidée que la sélection des plantes pour une croissance rapide et de hauts rendements conduirait à une génération de cultures vulnérables aux parasites et aux maladies, a été soutenue par une nouvelle étude.

En utilisant les mutations ʹknockoutʹ, des chercheurs ont désactivé un gène à la fois et constaté que les gènes responsables des hauts rendements et de la croissance rapide, étaient étroitement liés aux moyens de défense contre les parasites. Les plantes sont capables de consacrer plus de ressources à leur croissance si elles n’utilisent pas certains gènes de défense.

Les agriculteurs sélectionnent depuis des décennies leurs plantes mais Tobias Züst, premier auteur de lʹétude et chercheur à lʹUniversité de Zurich, en Suisse, a indiqué que de nouvelles recherches montraient que "vous ne pouvez pas simplement sélectionner vos plantes pour quʹelles poussent rapidement et que leur rendement soit élevé, si vous ne voulez pas qu’elles soient totalement démunies de moyens de défense".

Lʹéquipe de T. Züst a fait pousser la plante modèle dʹArabidopsis thaliana en désactivant les gènes des trichomes (poils couvrant les feuilles pour décourager les herbivores) et du glucosinolate (un produit chimique qui est toxique pour certains parasites). Ils ont introduit des aphides pour démontrer lʹimpact quʹavait le retrait des moyens de défense de la plante, puis mesuré la croissance de la plante ainsi que le taux de reproduction des aphides.

La plupart des mutants présentaient un taux de croissance considérablement plus élevé que les plantes normales au début de leur vie, mais les aphides se reproduisaient plus rapidement sur ces plantes que sur les plantes qui poussaient moins vite, mais dont les moyens de défense étaient intactes.

Selon T. Züst, la sélection réalisée pour obtenir des rendements plus élevés a conduit à une vulnérabilité accrue aux parasites et aux agents vecteurs de maladies, ce qui a conduit à utiliser plus de pesticides dans le monde.

Zeyaur Khan, entomologiste à lʹInternational Centre of Insect Physiology and Ecology de Nairobi, a déclaré que depuis la Révolution écologique, les "sélectionneurs ont cherché des plantes pouvant avoir des rendements plus élevés, en accordant peu dʹattention à la résistance aux insectes et aux maladies".

Selon lui, les agriculteurs ont utilisé des insecticides pour lutter contre les parasites et les maladies qui attaquaient leurs cultures car la baisse du prix du pétrole les a rendus plus abordables, mais ils nʹétaient pas conscients de lʹimpact quʹils avaient sur lʹenvironnement. Il a ajouté que le problème est plus compliqué dans les pays en développement où lʹutilisation à grande échelle de pesticides est trop onéreuse.

 

Toutefois, Eric Danquah, Directeur du West Africa Centre for Crop Improvement au Ghana, a déclaré que les chercheurs du centre "avaient réussi, dans le passé, à sélectionner des variétés arrivant rapidement à maturation tout en étant résistantes aux maladies et en ayant [également] un rendement élevé".

Il a signalé :"Il faut être prudent en généralisant le fait quʹune croissance rapide compromette toujours les moyens de défense de la plante".

Selon Mark Laing, Directeur de lʹAfrican Centre for Crop Improvement en Afrique du sud, les agriculteurs ne devraient pas renoncer totalement aux variétés à hauts-rendements.

"Les agriculteurs combinent les risques sʹils plantent un mélange de variétés ayant un ʹrendement potentielʹ élevé et de variétés ayant un ʹrendement stableʹ élevé", a-t-il déclaré.

Il a expliqué que lors dʹune bonne année, grâce à un nombre moins élevé de pathogènes et de parasites, les plantes ayant un rendement potentiel élevé donnent une récolte exceptionnelle, et celles dont le rendement est stable mais élevé, fournissent une récolte stable et modérée. Toutefois, lors dʹune mauvaise année, alors que les plantes ayant un rendement potentiel élevé produisent peu, les agriculteurs peuvent compter sur les plantes plus résistantes qui fournissent une récolte stable et modérée.

Lien vers un résumé de lʹarticle publié dans les Proceedings of the Royal Society B (en anglais)