15/05/13

Le coût des parasites du riz commence à peser sur le Bénin

Rice grain
Crédit image: Flickr/Gates Foundation

Lecture rapide

  • Aujourd’hui, le Bénin stocke 150.000 tonnes de riz sur les exploitations
  • Mais les insectes ravageurs causent des pertes financières aux entrepôts, détruisant jusqu’à cinq pour cent du produit
  • Les disparités régionales dans la gravité des dégâts pourraient mieux renseigner sur les meilleures stratégies pour lutter contre ces parasites

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[COTONOU, BENIN] Dans la première étude réalisée sur la culture du riz au Bénin, des chercheurs révèlent que les insectes ravageurs qui attaquent le produit entreposé causent des pertes financières aux paysans, mais ils relèvent également d’énormes disparités régionales dans les dégâts.

Selon leur étude publiée au début de cette année (21 février) dans Journal of Applied Sciences, avant, la production de riz au Bénin n’était pas assez élevée pour justifier le stockage à long terme sur les exploitations, et les dégâts causés par les insectes étaient moins importants.

Mais, depuis 2009, la production a augmenté dans plusieurs pays africains et le stockage est devenu une pratique répandue.

En 2012, le Bénin a stocké 150.000 tonnes de riz non décortiqué.

Les chercheurs ont constitué un échantillon de 65 entrepôts de riz à travers le pays et réalisé un sondage auprès des agriculteurs afin de recueillir leurs opinions sur les conséquences économiques des dégâts causés par les insectes.

Pour une durée de stockage située entre quatre et six mois, ils ont constaté que les pertes financières pouvaient atteindre jusqu’à 21 315 F CFA (environ 42 dollars EU) par tonne de riz stocké dans le Sud du pays, et jusqu’à 16 dollars dans le Nord.

En fonction du poids, ils signalent des pertes d’environ 5,5 pour cent après six mois de stockage dans le Sud, 4 pour cent dans la région du centre et 1,6 pour cent dans le Nord.

Les dégâts causés par les insectes parasites sont, notamment, une réduction de la valeur nutritive, la décoloration des grains, une germination réduite, la mauvaise odeur et l’altération du goût, ainsi que la formation de mycotoxines susceptibles de causer de graves maladies aux consommateurs, explique Abou Togola, auteur principal de l’étude et entomologiste au Centre Africa Rice (AfricaRice) au Bénin.

« Avec les niveaux actuels de perte, pour le pays, le manque à gagner dû aux dégâts causés par ces insectes pourrait atteindre des centaines de millions de francs », explique-t-il encore à Scidev.net.

AfricaRice a développé des techniques actuellement enseignées aux agriculteurs pour les aider à réduire la présence des parasites dans les stocks de riz.

Selon Togola, des technologies d’imprégnation des sacs de jute avec des insecticides sont en train d’être testées et la propagation des parasites pourrait être limitée grâce « l’adoption de certaines pratiques clés comme le séchage approprié avant le stockage, ce qui réduirait les niveaux d’humidité, ou le décorticage avant le stockage – étant donné que certains des principaux parasites sont incapables de se nourrir du riz décortiqué – ainsi que l’étuvage ».

Mais d’après Béla Teeken, chercheur au Groupe Technologie et Développement agraire de l’Université de Wageningen, aux Pays-Bas, cette étude aurait dû examiner l’impact des différences qui pourraient exister entre les techniques culturales des pays de la région.

« Les disparités constatées entre les dégâts causés par les parasites pourraient ne pas être liées uniquement à l’humidité mais aussi aux techniques culturales utilisées par les agriculteurs. Une étude de ces méthodes pourrait améliorer la compréhension de ces différences. En outre, elles peuvent aussi être dues aux espèces de riz cultivées », ajoute Teeken.
 


Article produit par la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.
 

Références


Journal of Applied Sciencesdoi:10.3923/jas.2013.278.285(2013)