28/04/11

La rouille du blé dévastatrice se répandrait rapidement

La rouille du blé peut s'étendre de l'Ouganda à l'Asie de l'Ouest en seulement 24 heures Crédit image: Flickr/CIMMYT

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[ALEP, SYRIE] De nouvelles souches de bactéries attaquant le blé ont dévasté jusqu’à 40 pour cent des récoltes en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du nord.

Lors de l’International Wheat Stripe Rust Symposium qui s’est tenu ce mois-ci (18-21 avril), les scientifiques et les législateurs ont indiqué que les bandes du blé et la rouille de la tige se diffusent rapidement et esquivent les défenses des agriculteurs en évoluant rapidement. Les experts ont signalé que le monde pourrait être en train d’assister à la diffusion la plus rapide d’une maladie des cultures.

Les agriculteurs installés dans les pays en développement qui sont affectés, notamment l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, le Kenya, le Maroc, la Syrie et le Yémen, font actuellement face à une situation économique difficile étant donné que le blé apporte 40 pour cent des calories quotidiennes absorbées dans plusieurs zones.

"L’infection de la rouille du blé peut s’étendre de l’Ouganda à l’Asie de l’Ouest en seulement 24 heures", a indiqué Michael Baum, Directeur du Programme de gestion de la biodiversité et des gènes intégrés au Centre international pour la recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), qui a organisé le colloque auquel ont assisté des scientifiques et des législateurs de 31 pays.

Selon lui, il existe une nette différence entre les conséquences quʹelle entraîne dans les pays riches et les pays pauvres. L’année dernière, la Syrie a perdu la moitié de son blé à cause de cette infection, alors que la Turquie, pays voisin et plus riche, n’a rien perdu.

En Syrie, la surveillance est faible, les trois-quarts des récoltes sont de la même variété et les quantités de fongicides qui sont disponibles ne sont pas suffisantes, a-t-il précisé. La Turquie, au contraire, dispose dʹun bon suivi, dʹune large variété de plantations, parmi lesquelles certaines sont résistantes à la rouille actuelle, et elle dispose d’un approvisionnement important en fongicides.

Wafa El Khoury, coordinatrice du Programme mondial contre la rouille du blé de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, a indiqué à SciDev.Net : "Cette année, la Syrie, l’Iraq, le Maroc, l’Éthiopie, et le Liban sont les pays les plus menacés par la rouille jaune".

Elle a déclaré que les nouvelles variétés résistantes devaient être fournies en continu aux agriculteurs.

Selon Kumarse Nazari, spécialiste des maladies des cultures à l’ICARDA, chaque pays a besoin d’un système de surveillance. Les agriculteurs doivent être formés pour parvenir à identifier et à gérer la maladie ; par ailleurs, aucune variété unique ne devrait composer plus d’un quart des cultures.

"Le processus de développement d’une nouvelle variété résistante n’est pas simple, il peut prendre jusqu’à dix ans", a déclaré Osman Abdalla El Nour, sélectionneur de blé à l’ICARDA. "Durée à laquelle il faut ajouter, dans les pays en développement, le temps que les organisations officielles peuvent prendre pour approuver la variété et la cultiver".

Selon Ruth Wanyera, chercheuse au Kenya Agricultural Research Institute : "Autrefois, il fallait moins de six ans pour que la résistance [à la rouille] devienne inefficace, mais les nouvelles variétés résistantes ayant été introduites perdent leur résistance en moins de temps ; même les variétés les plus récentes ont succombé à la rouille jaune".

Plusieurs pays ont fait le point sur leur manière de lutter contre les maladies.

Selon Fawaz Azmeh, chercheur à la Syrian National Commission for Biotechnology, la Syrie a obtenu huit systèmes de prévision, qui devraient fonctionner d’ici 2012 et qui permettront de mettre en garde contre les risques de rouille jaune.

En utilisant plusieurs variétés résistantes, l’Égypte a évité d’être durement affectée cette année, a indiqué Omima Abd Ellatif, chercheuse à l’Agricultural Research Center de l’Égypte.

Pour ce qui est du Maroc, les agriculteurs ont accès à plusieurs variétés résistantes, selon Abad Andalusi, Directeur de la protection des cultures au National Institute for Agricultural Research. Ils n’ont toutefois pas les moyens d’acheter des fongicides ; aussi, en cas d’infection, "les pertes seraient importantes".