25/03/09

L’interdiction de pesticides par l’UE ‘va nuire à la lutte contre le palu

Pour combien de temps encore ces pesticides seront-ils disponibles dans le cadre de la lutte contre le paludisme ? Crédit image: Flickr/Ted Ernst

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Les espoirs de faire annuler une loi de l'Union européenne (EU) interdisant le recours aux pesticides –démarche qui, de l'avis de certains scientifiques, pourrait avoir des conséquences néfastes sur les programmes de lutte contre le paludisme dans les pays en développement – ont été anéantis.

Le Royaume-Uni a déclaré la semaine dernière avoir échoué dans une tentative d'obtenir le soutien d'autres pays européens en faveur d'une évaluation des conséquences de l'interdiction d'une gamme de pesticides.

Plus de 160 éminents chercheurs en santé publique ont signé une pétition contre l'interdiction, avant que le Parlement européen ne vote en janvier dernier pour restreindre l'utilisation des pesticides, par 557 voix contre 61. Si les 27 gouvernements des pays de l'UE venaient à ratifier cette loi lors d'une réunion des ministres de l'agriculture prévue pour mai ou juin, l'interdiction prendrait effet à partir de 2014. 

La loi frappera ainsi d'interdiction l'utilisation dans les pays de l'UE de pesticides agricoles considérés comme étant à l'origine de cancers, de problèmes de reproduction ou de mutation chez les humains ou comme menaçants pour la faune et la flore.

Mais l'absence de concertation et le manque de fondement scientifique ont été très largement critiqués. La loi suscite par ailleurs des préoccupations quant à son impact potentiel sur des initiatives de santé publique telle que la lutte contre le paludisme.

Pour les signataires de la pétition, "la réglementation proposée constitue un dangereux précédent pour la réglementation sur les pesticides dans le monde et révèle une alarmante absence de préoccupation quant aux risques réels pour la santé et le développement auxquels la majorité des habitants des pays en développement est exposée".

Les opposants s'inquiètent ainsi des conséquences de la loi sur les fournitures de pesticides pour les programmes de santé publique dans les pays en développement, après la disparition d'une partie non négligeable du marché pour ces produits.

Pour Jasson Urbach, Directeur de Africa Fighting Malaria en Afrique du Sud, "les insecticides utilisés dans la santé publique représentent à peine un pour cent du marché total des pesticides, il est donc très peu probable que la fabrication d'un de ces produits soit maintenue si son utilisation dans l'agriculture était frappée d'interdiction".

Caroline Boin de la Campagne pour Combattre les Maladies (Campaign for Fighting Diseases ou CFD) du Royaume-Uni soutient que depuis l'introduction du DDT (Dichloro-Diphenyl-Trichloroethane) pendant la deuxième guerre mondiale, aucun nouvel insecticide n'a été développé dans l'objectif précis de lutter contre les maladies.

Les partisans des nouveaux règlements soutiennent que les échéances proposées donnent suffisamment de temps pour développer de nouveaux pesticides plus sûrs. Urbach se montre pessimiste – le coût de fabrication d'un nouvel insecticide serait estimé à US$ 400 millions.

Pour sa part, le Royaume-Uni a tenté de convaincre la Commission européenne de procéder à une évaluation des conséquences de la réglementation, craignant une baisse considérable dans les rendements agricoles du pays.

Dans une lettre adressée à l'Association pour la Protection des Cultures au Royaume-Uni, Hilary Benn, Secrétaire d'Etat britannique à l'Environnement, à l'Alimentation et aux Affaires rurales a déclaré : "J'espère que certaines entreprises développeront des substances alternatives qui satisfassent aux critères de risque ; mais je reconnais l'ampleur du défi…"