07/12/11

Des outils permettant aux agriculteurs d’anticiper le climat du futur

Voyager dans le temps : comment aider les agriculteurs à mieux se préparer aux changements climatiques Crédit image: Flickr/CIMMYT

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[DURBAN] Les agriculteurs marginalisés dans le monde en développement pourraient bientôt ‘prédire’ l’avenir grâce à un outil qui les aidera à s’adapter aux changements climatiques par la simulation des effets que subiront leurs cultures dans 20 ans.

Cet outil, en libre accès et baptisé ‘analogues climatiques’, a été présenté en marge de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 17) à Durban en Afrique du Sud, samedi 3 décembre.

Le terme ‘analogues’ désigne des sites ayant le même climat ou qui présentent d’autres facteurs communs, comme les cultures, les caractéristiques des sols ou les caractéristiques socioéconomiques. Cet outil permet de localiser les sites où le climat actuel est le même qui existera sur un autre site à l’avenir, permettant ainsi aux agriculteurs et aux décideurs politiques d’élaborer la stratégie d’adaptation future à ce type de climat.

Cela concerne par exemple les agriculteurs du Mexique qui pourraient s’inspirer des pratiques agricoles en Argentine, en Chine et en Afrique du Sud, où les conditions climatiques sont assez proches de celles prévues au Mexique dans 20 ans.

‘Quand on parle du monde en 2050 sans réellement pouvoir le visualiser, c’est très abstrait’, estime Andy Jarvis, chercheur et chargé de programme au Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) dans un entretien avec SciDev.Net. ‘Par conséquent, l’idée derrière ce type d’outil consiste à utiliser toute la variabilité et la diversité du climat dont nous disposons aujourd’hui pour prédire l’avenir des peuples.

‘Nous emmènerons les agriculteurs sur un site similaire à celui que sera le leur à l’avenir et [nous les aiderons] à comprendre ce qu’ils doivent faire pour garantir le maintien des niveaux de production’.

Jarvis précise que cet outil serait principalement utilisé par les organismes de développement pour identifier ces sites, et les aider dans l’orientation de leurs actions futures ; mais il permettra également aux agriculteurs d’avoir une expérience pratique de différents types de climats.

‘Nous souhaiterions qu’il soit utilisé en Amérique latine, en Asie et en Afrique – dans les pays en développement ; s’il est utilisé ailleurs ce n’est pas un problème, mais ce sont les pays en développement qui constituent notre cible principale’, explique Jarvis.

‘Les agriculteurs sont très efficaces dans l’échange des connaissances avec leurs voisins et au sein de leurs communautés. Ces échanges sont à l’origine de grands acquis de développement – l’agriculture est fondée sur les connaissances des paysans. Or, cet échange se limite à l’échelle communautaire. Ces outils servent à combler ce déficit de connaissances [entre chercheurs et agriculteurs].’

Pour Tekalign Mamo, ministre éthiopien de l’agriculture, cet outil pourrait aider son département ministériel à adapter ses services de vulgarisation agricoles aux besoins des agriculteurs.

‘Nous faisons déjà face aux défis des changements climatiques avec des pluies qui ne tombent pas au moment attendu, ce qui affecte certaines des technologies que nous appliquons’, ajoute Mamo.

Cet outil a été développé par le Programme sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR).Conçu par une équipe de cinq chercheurs ayant bénéficié chacun un financement de US$ 10.000 du gouvernement colombien, il sera testé sur le terrain avec des agriculteurs au Ghana, au Népal et en Tanzanie, en 2012.

Le rapport intitulé ‘Analogues climatiques : Comprendre aujourd’hui l’agriculture de demain’, sera publié aujourd’hui.

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